Pour analyser le phénomène « Barça ou Barsakh », une étude a été menée par le Centre africain d’appui au leadership aux droits humains et à l’innovation sociale (CALDHIS) dans les régions de Dakar, Ziguinchor et Kédougou.

Le Centre africain d’appui au leadership, aux droits humains et à l’innovation sociale (CALDHIS) a réalisé une étude sur la migration sénégalaise. Elle a été menée du 21 août au 1er septembre 2023, dans les régions de Dakar, Ziguinchor et Kédougou.

Selon les initiateurs, dans ce travail de recherche, il s’agissait d’aborder et traiter la problématique aux niveaux national, régional, territorial, mais aussi communautaire et individuel, afin de disposer d’un cadre d’analyse pertinent des migrations dans les régions cibles, sur la base de données collectées et d’une revue de la littérature.

Selon le document parcouru par ‘’EnQuête’’, les communes de Thiaroye-sur-Mer, Rufisque et Ouakam à Dakar, la commune et le département de Ziguinchor, Saraya et Salimata à Kédougou ont été concernés par l’étude.

Concernant Kédougou, le centre de recherches Timbuktu Institute, en partenariat avec la fondation Konrad Adenauer (FKA), avait conduit une recherche sur la situation sécuritaire dans le Kédougou. Une région qui est une zone frontalière au Mali et à la Guinée. Elle a fait état d’un ‘’cocktail de facteurs de risque’’ dans la région.

Selon les chercheurs, les frustrations socioéconomiques apparaissent comme les principales causes de radicalisation. Les résultats de l’étude indiquent qu’en 2019 et en 2020, le nombre d’arrestations d’individus, pour l’essentiel d’origine étrangère, avec des explosifs, a connu une hausse inquiétante dans la zone.

Le paradoxe, précise la même source, c’est qu’une grande majorité des personnes interrogées, 85 %, disent se sentir en sécurité et 65 % affirment ne pas être concernés par la crise malienne.

Il faut noter que dans le département de Saraya où se trouve l’un des plus grands gisements d’or de la région, plus de 14 nationalités ont été identifiées, d’où l’insécurité galopante, avec d’énormes risques auxquels elles font face.

S’agissant de Ziguinchor, l’étude montre que depuis 1982, la situation en Casamance reste critique, malgré les nombreuses démarches entreprises pour la paix dans cette région. La Sénégambie est une zone de circulation d’armes légères, ce qui favorise l’insécurité.

Ensuite, l’étude s’est intéressée aux catégories de migrants, leurs profils et leur expérience. Trois catégories, dit-on, ont été enquêtées, à savoir : des migrants de retour, les personnes déplacées et les immigrants. Il faut noter que pour la dernière catégorie, elle se compose de migrants étrangers et de réfugiés.

Les migrants de retour sont au nombre de 18 : huit à Dakar, cinq à Ziguinchor et cinq à Kédougou. Pour ce qui concerne les personnes déplacées, 12 individus ont été enquêtés, dont sept à Ziguinchor et cinq à Kédougou.

Pour la dernière catégorie qui concerne les immigrants, 16 individus ont été enquêtés, dont 12 migrants étrangers, quatre réfugiés.

La répartition par zone montre que Dakar compte sept immigrants, dont quatre réfugiés, Ziguinchor enregistre trois immigrants alors que pour Kédougou, six ont été enquêtés.

Pour les migrants de retour, les enquêtes ont été menées auprès de 18 migrants de retour qui se sont installés dans les régions de Dakar, Kédougou et Ziguinchor, dans le cadre du projet Migration de la FKA.

Les migrants de retour répondants à l’enquête sont tous de nationalité sénégalaise, majoritairement masculins (82 %), avec un âge moyen de 40 ans. Ils résident dans les régions de Dakar (44 %), de Kédougou (27 %) et de Ziguinchor (27 %).

Ils sont revenus de divers pays, principalement d’Europe (France, Italie, Espagne, Belgique) et d’Afrique du Nord (Maroc, Libye, Algérie), après avoir passé entre moins d’un an et plus de trois ans à l’étranger. Pour les migrants de retour enquêtés, 83 % sont de sexe masculin.

Le rapport souligne que les répondants ont évoqué la recherche d’un emploi décent et stable, l’accès à un soutien financier pour l’entrepreneuriat, la pression familiale et sociale, la désillusion et les frustrations liées aux promesses non tenues, ainsi que l’adaptation à l’environnement et à l’économie comme les causes qui les poussés à partir.

  • Les recommandations de l’étude

Toutefois, l’étude révèle que la plupart des migrants ont l’intention de rester dans leur région à long terme, après leur retour. Ils perçoivent le rôle des migrants de retour dans le développement économique et social de leur région comme positif ou très positif.

Ils retiennent des aspects positifs de leur expérience à l’étranger et de leur retour, tels que le développement personnel, le partage d’expériences, la découverte d’autres modes de vie, le rapprochement familial ou la contribution au développement local par leurs compétences.

Par ailleurs, les immigrants ont formulé des suggestions pour améliorer leur situation dans les régions.

Ces suggestions incluent le renforcement de l’aide et de l’assistance aux réfugiés ou demandeurs d’asile, la facilitation de l’accès à l’emploi et à la formation, la reconnaissance des qualifications étrangères, la décentralisation des structures d’accompagnement, le traitement égalitaire des étrangers et des Sénégalais, l’amélioration de la sécurité et le dialogue avec les autorités.

Les recommandations communes aux trois régions cibles sont : le renforcement de l’aide et de l’assistance aux réfugiés ou demandeurs d’asile, en facilitant l’accès à l’emploi et à la formation, la reconnaissance des qualifications étrangères et la décentralisation des structures d’accompagnement, l’accompagnement financier et technique des migrants de retour adapté à leurs besoins et à leurs projets, en renforçant la formation professionnelle.

Il y a aussi le soutien à la reconnaissance des compétences acquises à l’étranger, l’amélioration des programmes d’assistance à la réintégration des migrants de retour en mettant l’accent sur l’appui psychosocial de rapatriés ou de migrants ayant vécus des drames dans le parcours migratoire, la mobilisation de ressources financières et techniques pour mettre en œuvre des programmes d’accompagnement des cibles et l’intégration socioéconomique des migrants, la mise en place d’un système de gestion des données centralisées pour une meilleure collecte et analyse des informations sur la migration au niveau national et territorial, le renforcement des infrastructures et les services de base dans les régions d’accueil des personnes déplacées internes, entre autres.

Pour les recommandations concernant l’État du Sénégal, l’étude souhaite le renforcement de la coordination entre les acteurs impliqués dans la gestion de la migration, favoriser un meilleur accès et communication sur les fonds des différents programmes et dispositifs étatiques ainsi que des organisations internationales, aider les cibles pour un accès à l’état civil dans la région de Ziguinchor avec une opération spéciale compte tenu de l’urgence, du nombre de personnes concernées avec l’engagement des autorités locales et administratives, etc.

Aux autorités administratives, locales et autres acteurs, il est demandé de mener des campagnes de sensibilisation sur les dangers liés à la migration irrégulière, faciliter et participer activement au fonctionnement des cadres de concertation sur la migration au niveau communal et régional, faciliter le dialogue avec les catégories de migrants pour mieux lutter contre l’insécurité, les réseaux de malfaiteurs, la dégradation de l’environnement, la traite des personnes et les questions transfrontalières…

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