Une technique permettant de soustraire du CO2 de l’atmosphère tout en produisant un composé susceptible de remplacer les engrais chimiques : c’est l’incroyable promesse du « biochar ». Après deux décennies de recherche, la filière se dit mûre. Une révolution annoncée dans l’énergie et l’agriculture ?

Sorte de charbon végétal obtenu par pyrolyse, le biochar cumule les avantages : en plus de constituer un excellent fertilisant pour les sols, il permet de générer de l’énergie propre. Enfin, c’est un important puits de carbone.

Un monstre des abîmes à la surface des flots, fugitivement filmé alors qu’il voulait manger la pêche de ces marins. Leur faudrait-il un plus gros bateau ?
Dans quelques semaines, deux étranges conteneurs vont être posés sur le site du fournisseur de gaz strasbourgeois R-GDS. Ces modules vont produire de l’hydrogène pour alimenter les bus de la ville de Strasbourg. Presque banal à l’ère du développement de ce nouveau carburant. Pourtant, le procédé pour obtenir cette énergie est l’une des plus prometteuses innovations de ces dernières années. Il consiste à pyrolyser de la biomasse.

Un « déchet » très précieux
Cette réaction produit du gaz ou de l’hydrogène, qui peuvent remplacer le gaz naturel ou le pétrole utilisés auparavant. Mais ce n’est pas tout. Elle donne également un « déchet » très précieux, composé à 85 % de carbone : le « biochar ». De consistance poreuse, il s’agit d’un excellent fertilisant pour les sols avec lesquels il est mélangé. Au point qu’il pourrait remplacer en grande partie les engrais chimiques fabriqués à partir de… gaz naturel. Il fait actuellement l’objet d’une étude de marché pour un usage agricole au plus près de Strasbourg. Dans le contexte de l’arrêt des achats de gaz à la Russie en raison de la guerre en Ukraine et du doublement du prix de cette énergie, le biochar ressemble à un nouvel « or noir ».

À Strasbourg, la biomasse provient en majorité des pins des forêts des Vosges qui meurent en grande quantité du fait des ravages de coléoptères xylophages, les scolytes. L’enjeu pour développer le biochar est en effet de trouver, partout où il est fabriqué, des déchets verts proches et bon marché. « À chaque région sa biomasse, résume Philippe Haffner, directeur général de Haffner Energy, société spécialisée dans la combustion de biomasse située à Vitry-le-François (Marne), pionnière dans le biochar et seul fabricant français à l’heure actuelle. En Normandie, ce pourra être les anas de lin (résidus de la fabrication du lin, ndlr), dans les régions forestières, les déchets de l’industrie du bois, dans les zones d’élevage, du fumier, dans le Sud méditerranéen les grignons d’olive (restes du pressage à froid, ndlr). « 

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