Certains changements affectant les seins peuvent laisser penser qu’ils annoncent un cancer du sein. Ce n’est pas toujours vrai mais, dans certains cas, mieux vaut consulter. À l’occasion d’Octobre rose, un mois pour sensibiliser au dépistage du cancer du sein, on fait le point.

« Les douleurs aux seins sont fréquentes et rarement associées à un cancer du sein, rassure le Dr Marc Espié, oncologue spécialiste du cancer du sein à l’hôpital Saint-Louis (AP-HP, Paris). Une femme sur deux en fera l’expérience au cours de sa vie. »

Celles survenant habituellement avant les règles, par exemple, ne doivent pas inquiéter. Des douleurs aiguës à un sein peuvent être dues à un kyste qui, après une échographie ou une mammographie, se révèlera le plus souvent bénin. Autre cause possible : une mastite, à savoir une inflammation du sein. Celui-ci devient rouge et douloureux.

Enfin, certaines douleurs chroniques peuvent se projeter au niveau des seins « en raison de douleurs musculosquelettiques au sternum, aux côtes ou à la colonne vertébrale », précise le Dr Espié. Cependant, si une douleur aux seins est permanente et persiste 15 jours durant, mieux vaut consulter pour savoir s’il s’agit d’un cancer du sein ou non.

Des seins denses
Certains seins sont ainsi faits : ils sont denses, c’est-à-dire qu’ils sont composés de plus de tissu glandulaire et fibreux que de tissu graisseux. « Les médecins s’en inquiètent parce que cela gêne l’examen clinique et que la mammographie est moins lisible », explique le Dr Espié. Une radiographie permet dans ce cas d’établir le niveau de la densité mammaire.

Celle-ci étant associée à un risque accru de cancer du sein, un suivi plus fréquent peut alors être décidé. « Si la femme a moins de 40 ans, c’est principalement par échographie afin d’éviter d’inutiles irradiations, indique le spécialiste. Chez les femmes plus âgées, on associe mammographie et échographie. »

Une boule ou un ganglion au niveau du sein ou de l’aisselle
Avant ses règles, une femme peut parfois avoir une impression de boule dans le sein car la glande gonfle à cette période, explique le Dr Espié. Si elle disparaît après, il est inutile de s’affoler.

Hors ce cas, l’apparition d’une boule persistante dans un sein ou d’un ganglion sous l’aisselle doit immédiatement pousser à consulter. Dans l’immense majorité des cas, en particulier avant 50 ans, cette boule n’est pas cancéreuse. Il peut s’agir d’un kyste, d’un adénofibrome (tumeur bénigne), d’une zone de mastose (plus richement glandulaire) ou d’une zone indurée (le tissu est épaissi).

Une ulcération ou une plaie
« Si une femme a sur un mamelon une lésion avec un aspect d’eczéma, surtout d’un seul côté, il faut consulter rapidement, insiste le Dr Espié. Cela peut être l’expression de la maladie de Paget du mamelon, une forme rare de cancer du sein. » Une mammographie ou une échographie permettra de contrôler.

Une rétraction ou une déviation du mamelon
La rétraction du mamelon peut être annonciatrice d’un cancer du sein, mais elle peut également se produire parce qu’après la ménopause, en prenant de l’âge, les canaux galactophores (par lesquels coule le lait) se modifient.

« La déviation du mamelon est plus inquiétante, souligne le spécialiste. C’est le signe que quelque chose se trame en dessous. » Même si l’on découvre à cette occasion une tumeur, elle peut être bénigne.

Des écoulements mammaires
Pas d’inquiétude si l’écoulement est bilatéral et a l’apparence du lait : cela peut arriver lorsque l’on consomme certains médicaments (des neuroleptiques par exemple) ou en raison d’une tumeur rare et bénigne de l’hypophyse, une glande située dans le cerveau. Dans certains cas, l’écoulement est bilatéral, et a une couleur brunâtre, verdâtre, voire bleuâtre.

Il coule par plusieurs pores du mamelon. Cela arrive chez certaines femmes dont les seins sont mastosiques, à savoir granuleux, parfois douloureux, et n’a rien à voir avec un cancer du sein.

« Ce qui doit inquiéter, ce sont les écoulements spontanés par un seul sein et un seul pore du mamelon, prévient le Dr Espié. On s’en rend parfois compte avec une tache sur son soutien-gorge. » Les couleurs de l’écoulement sont variables : couleur de l’eau, jaune ou rouge. Il existe alors un risque de 10 à 15 % que cela révèle un cancer. Une cytologie de l’écoulement (examen des cellules au microscope), en sus d’une mammographie ou d’une échographie, est réalisée.

Un changement de volume
« Un sein qui, brutalement, devient dissymétrique ou change de volume doit toujours alerter, en particulier après 50 ans », avertit le Dr Espié. Le cancer du sein lobulaire peut même provoquer une rétraction de l’ensemble du sein. Il naît dans les cellules des lobules lactifères de la glande mammaire. Il reste toutefois plus rare que le cancer canalaire, qui se développe à partir des cellules des canaux galactophores.

Peau d’orange, rougeur… Une apparition d’anomalies de la peau
Fossettes, rides… Un changement d’aspect de la peau, surtout sur un seul sein, doit amener à consulter. « Cela traduit des fixations de tumeurs à la peau ou au niveau des muscles », précise le Dr Espié. Lorsqu’un sein ou une de ses parties devient rouge et prend un aspect de peau d’orange, « cela accompagne souvent des cancers du sein agressifs dit inflammatoires », avertit l’oncologue.

santemagazine

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