Aujourd’hui marque la journée mondiale de l’orgasme ! L’occasion de revenir sur le syndrome post-orgasmique : une maladie rare ne touchant que les hommes et provoquant une série de symptômes après un orgasme…

 L’orgasme chez certains hommes n’est pas toujours bien vécu. Décrit pour la première fois en 2002, le post-orgasmic illness syndrome (POIS) est exceptionnellement rare. « Il toucherait une centaine d’hommes dans le monde, même s’il est fort probable qu’il soit sous-déclaré car trop peu connu », souligne le Dr Charlotte Methorst, urologue (CH Saint-Cloud).

Ce malaise ou syndrome post-orgasmique (il n’y a pas de terme français pour le décrire) se définit par un homme qui éprouve, systématiquement après une éjaculation, une gamme de symptômes physiques et/ou psychologiques, en l’absence de toute maladie organique.

Celui-ci ressent à chaque fois les mêmes symptômes, sur une même durée. Ceux-ci varient entre chaque individu, mais restent constants pour chaque personne (au minimum 9 fois sur 10). Ce malaise post-orgasmique survient uniquement au cours d’un rapport sexuel, d’une masturbation ou d’une éjaculation nocturne.

Ces symptômes particuliers sont systématiquement observés dans les heures qui suivent l’éjaculation, et pendant 2 jusqu’à 7 jours, suivi d’une régression spontanée.

On compte sept groupes de symptômes différents qui ne touchent pas les patients de la même façon, ce qui peut compliquer le diagnostic. © Nutlegal, Adobe Stock

De nombreux symptômes et un diagnostic long à établir

Pour poser le diagnostic, différents groupes de symptômes sont nécessaires. « Il doit y avoir au moins un symptôme parmi un malaise généralisé avec sensation d’état grippal, la fatigue extrême, la faiblesse musculaire, un état fébrile/frisson, des troubles de l’humeur, une irritabilité, des troubles de la mémoire et de la concentration, des démangeaisons nasales et/ou oculaires », énumère le Dr Methorst.

Patient bizarre : il devient allergique à ses propres orgasmes

Au total, il existe sept groupes de symptômes : les symptômes généraux (phobie de la lumière et du son, discours incohérent, épuisement, palpitations…), pseudo-grippaux (avec sueurs et transpiration sous la couette…), neurologiques (brouillard cérébral, sensation de lourdeur), oculaires (fatigabilité oculaire, vision floue, démangeaisons au niveau des yeux, larmes, brûlures), nasaux (écoulement nasal important au niveau de la gorge, rappelant éventuellement des phénomènes allergiques), musculaires (jambes lourdes, raideur musculaire…), et au niveau de la gorge (bouche sèche, voix rauque…).

Un syndrome encore mal connu, même si une hypothèse est privilégiée
Beaucoup d’hypothèses et peu de certitudes. On a d’abord pensé à un phénomène immunologique, suggérant une réaction allergique des voies urogénitales au liquide séminal.

L’hypothèse d’un sevrage brutal aux endorphines est évoquée : la libération brutale d’endorphines lors de l’orgasme entraînerait un sevrage brutal, à l’instar de ce que l’on observe lors d’un sevrage aux opioïdes. Ce pourrait être aussi un problème de régulation transitoire du système autonome lors de l’orgasme avec, dans le cerveau, une diminution de la vascularisation au niveau temporal et du cortex préfrontal.

Cette dynamique s’apparenterait à une forme d’AVC. Cela engendrerait un dysfonctionnement du système nerveux autonome, qui contrôle les fonctions involontaires du corps telles que la fréquence cardiaque, la pression artérielle et la digestion. « Mais la plus plausible, estime l’urologue, est une anomalie des rapports entre les neuromédiateurs et les récepteurs au niveau cérébral (‘l’orage cytokinique’, les cytokines étant les messagers de l’inflammation, ndlr).

En effet, l’administration de diclofénac (anti-inflammatoire non stéroïdien) a pu montrer une amélioration des symptômes. »

La plupart des approches semblent avoir des résultats équivalents. Toutefois, la majorité des patients prennent du diclofénac (2 heures en amont du rapport sexuel et 24 à 48 heures après), avec une efficacité de 80 %. Certains ont tenté des médicaments comme la phénytoïne (un anticonvulsivant utilisé pour prévenir les crises d’épilepsie), le tramadol (antalgique), ou des alphabloquants, etc.

D’autres approches incluent l’utilisation de l’hormone chorionique gonadotrope humaine (hCG) dans les cas où il y aurait un déficit en testostérone, ou encore des phytothérapies (fenugrec, palmier nain…).

Les thérapies cognitives et comportementales, notamment les techniques de relaxation et de respiration profonde, peuvent être utiles sans pour autant agir sur le syndrome lui-même.

Même si les solutions paraissent peu satisfaisantes aujourd’hui, consulter un urologue, permet de rechercher des causes potentielles et gérer les malaises. Et faire avancer la recherche !

futura

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