L’Afrique aura besoin d’un système pour découvrir et nourrir les talents entrepreneuriaux afin de faire croître son économie et de créer des emplois pour sa jeune population. Cette recommandation a été formulée par Jim Clifton, président de Gallup, société de sondage et d’analyse, lors de la 7e conférence annuelle Babacar Ndiaye, qui s’est tenue le 14 octobre 2023 à Marrakech, au Maroc.
Selon un communiqué de presse, elle avait pour thème «Le nouvel ordre mondial et l’avenir de l’entrepreneuriat en Afrique ». Une initiative de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) en l’honneur de son fondateur, Babacar Ndiaye, c’était la première fois que cette série de conférences se tenait en Afrique, après un retour sur le sol africain des assemblées annuelles du Fmi et de la Banque mondiale.
Dans son allocution de bienvenue, le professeur Benedict Oramah, président de la Banque et président de son conseil d’administration, a rappelé à l’auditoire la nature changeante du commerce mondial, en particulier le ralentissement de la mondialisation à un moment où l’Afrique était sur le point de bénéficier de l’augmentation des salaires en Chine.
La croissance du commerce mondial, suite à l’effondrement de l’Union soviétique, à l’émergence de l’Organisation mondiale du commerce et à l’ouverture de la Chine, a vu le commerce mondial s’accélérer de manière spectaculaire, passant de 2 000 milliards de dollars en 1980 à 7 000 milliards de dollars en l’an 2000 et à 24 000 milliards de dollars estimés pour 2022.
Selon Professeur Oramah, les avantages inégaux de la mondialisation ont entraîné un retour de bâton, les populations occidentales et certains dirigeants politiques se montrant hostiles à sa poursuite. «Le mécontentement de l’armée des «cols-bleus » déplacés [dans l’Ouest] a eu des conséquences politiques sans précédent, conduisant à l’émergence de sentiments et de mouvements anti-mondialisation parmi les partis politiques et les candidats dans la plupart des économies de l’Ouest », a-t-il observé.
Ces courants contraires ont entraîné la fin de ce que Professeur Oramah a appelé «l’âge d’or de l’esprit d’entreprise », caractérisé par une inversion des flux d’investissements vers les pays en développement, des restrictions sur les transferts de technologie, la réapparition de barrières commerciales, y compris une guerre commerciale entre les deux plus grandes économies du monde, et un environnement dans lequel la création d’entreprises dans le monde en développement est devenue plus risquée et plus difficile.
Ces évolutions constituent un défi pour l’Afrique et exigent que le continent se prépare à cette nouvelle ère. «Le monde tel que nous le connaissons a radicalement changé, et ce pour le pire, à un moment où l’Afrique s’attendait à bénéficier de la mondialisation qui a sorti près d’un milliard de personnes de la pauvreté en Chine. Toutefois, lorsque les entreprises explorent de nouvelles destinations d’investissement, elles ont le choix entre leur pays d’origine et l’étranger. Qu’en est-il de l’Afrique ? Que devons-nous faire pour attirer ces investissements en Afrique ? », s’est interrogé Benedict Oramah, en présentant Jim Clifton comme une personne capable de répondre à ces questions.
Dans son discours, Jim Clifton a déclaré que l’un des principaux défis auxquels le monde est confronté aujourd’hui est que les économies ne se développent plus autant qu’avant. La recherche de la croissance et le désir de la stimuler ont conduit de nombreux pays à se concentrer sur l’innovation et à investir dans des systèmes destinés à faciliter l’innovation.
Jim Clifton estime qu’il s’agit là d’une mauvaise approche, soulignant que c’est la création d’entreprises qui donne vie à l’innovation et engendre l’activité économique. «Il y a beaucoup d’innovations, mais elles n’ont aucune valeur si un client n’est pas prêt à les payer », a-t-il souligné.
jecos