Tout passe généralement par la cuisine… même la diplomatie. Au Sénégal, la Türkiye gère aussi sa diplomatie à coups de plats.

Il y avait du délice sur les langues. Et dans les oreilles, des notes. Il y avait de la kora pour servir l’ouïe et les plats pour ravir les palais. Les narines aussi étaient sollicitées : festin olfactif, câlins auditifs !

On mangeait alors turc en écoutant de la kora de Ablaye Cissoko, sur cette mamelle dakaroise qui abrite l’ambassade de la Turquie au Sénégal. Le climat et la géographie étaient d’accord pour apporter une touche de merveille à cette nuit de dégustation qui entre dans le cadre de la 3e édition de la Semaine de la cuisine turque au Sénégal.

Tenu du 21 au 27 mai, «l’évènement, placé sous le sceau de la célébration de mille ans de cultures et traditions, d’héritage social et d’histoire, a pour thème cette année : «Cuisine turque durable, saine, traditionnelle, sans déchets.» Yunus Emre Akkor, venu tout droit de chez les Ottomans, avait la charge de faire découvrir au public, les saveurs de son empire. «La cuisine n’a pas de Nation, mais plutôt une géographie.

Et c’est dans cette géographie que la cuisine s’enrichit avec toute la culture et ce qui se trouve dans cette géographie», a dit le chef.

Ses plats de la soirée se firent alors eau : aux langues de plonger dans la diversité des senteurs de la mer égéenne, cette partie de la Türkiye étant mise à l’honneur cette année. Beaucoup de monde a salivé devant cette cuisine. Des bouches profanes ont goûté pour la première fois à cette cuisine d’ailleurs. D’autres, habituées aux cuisines du monde, étaient aussi du buffet.

Et le Sénégal était bien représenté par le chef Aziz Agbo-Panzo.

«Je vois beaucoup de similarités dans certaines sauces», a signalé l’œil expert, lorsqu’il lui a été demandé de parler des cuisines turque et sénégalaise. Bou­lettes de viande, beaucoup de légumes, beaucoup de choses cuites ou à la vapeur… sont entre autres similarités pistées par chef Aziz. La Türkiye utilise cependant beaucoup le fromage, à la différence du Sénégal.

Le Sénégal met plus l’accent sur les épices et le piment, à la différence de la Türkiye. «Donc, il y a des différences, mais c’est là peut-être qu’on peut tester des choses.»

Et l’occasion se présentera, de tester des choses ! «J’ai pensé que ce serait toujours bien d’avoir une petite fusion entre cette cuisine turque et la cuisine sénégalaise», annonce l’ambassadrice Hatice Nur Sağman. Le défi est lancé, rendez-vous est pris et le 29 octobre, les chefs sénégalais vont cuisiner turc et les chefs turcs, sénégalais.

Le Sénégal, son Senghor et son chef Aziz d’une part, la Turquie, son Yunus Emre et son Yunus Emre Akkor d’autre part, vont se challenger à travers la poésie des goûts et des saveurs.

La Mer d’Egée va ainsi se déverser sur les plages de la presqu’île du Cap-Vert. Et parce que les cuisines n’ont pas de nations mais seulement des géographies, le pont des eaux est privilégié pour que les deux cuisines se subliment l’une l’autre.

La route des eaux ne va pas que permettre un échange culinaire.

Il sera aussi économique. S’adressant à l’ambassadrice et évoquant la coopération entre les deux pays, le ministre du Tourisme annonce que ladite coopération déjà solide «sera magnifiée de belle manière». Cette diplomatie sénégalaise-turque semble bien tenir à l’un de ses ponts qui est celui de l’art culinaire.

Et, «tout passe en général par la cuisine», selon Aziz Agbo-Panzo.

Lequotidien

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