Des scènes de violences dirigées contre les médias. C’est le triste spectacle auquel on a assisté hier après-midi, durant les manifestations contre le report de l’élection présidentielle du 25 février dans plusieurs endroits de Dakar. Cette violence des Forces de défense et de sécurité contre la presse a été vivement dénoncée. Le Synpics réclame «une enquête prévôtale afin de mettre ces éléments à la disposition de la Justice».

Dakar a renoué avec les violences. Et en cet après-midi du vendredi 9 février, un nouveau palier a été franchi. Dans leur entreprise de neutralisation des manifestants, les Forces de défense et de sécurité (Fds) se sont signalées par leur violence à l’endroit de la presse. Plusieurs journalistes ont fait les frais de ces exactions. Des vidéos sur les réseaux sociaux montrent notamment l’arrestation violente de Absa Hane, journaliste de Seneweb.

Elle a été relâchée, mais non sans avoir été brutalisée et malmenée par les Fds.

«Absa Hane a été détenue pendant plus de trente minutes dans un véhicule de police, où elle dit avoir reçu des coups de pied avant de perdre connaissance», dénonce Seneweb. D’autres images montrent des journalistes gazés, leurs matériels détériorés. C’est le cas des journalistes de Leral. La chaîne, qui dénonce ces actes dans un communiqué de presse, souligne que ses journalistes ont été empêchés de travailler.

«Nos reporters, déployés sur le terrain pour la couverture des manifestations qui ont éclaté dans plusieurs quartiers de Dakar, ont été empêchés de faire leur travail par la Police nationale», dénonce ce média privé.

Face à toutes ces violences, le Bureau exécutif national (Ben) du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics) a adressé directement au ministre de la Communication, une injonction.

«Monsieur le ministre, ce vendredi, plusieurs journalistes ont fait l’objet de violence gratuite de la part d’agents identifiés des Forces de l’ordre dépêchés sur le terrain. Vos services ainsi que vous-même en êtes informés (…) L’impératif qui est le leur, de veiller sur l’ordre public, ne permet aucune violation flagrante des droits des hommes et femmes des médias qui ne font que leur travail», commence le Synpics, avant de réclamer une «une enquête prévôtale afin de mettre ces éléments à la disposition de la Justice».

Plus virulente, Oumy Régina Sambou, chargée de communication de l’Association des femmes des médias du Sénégal (Afms), estime qu’il est temps de hausser le ton.

«J’appelle les organisations de presse à arrêter les communiqués policés.» L’ancienne journaliste de Sud Fm estime que tous les citoyens ont le droit de manifester. «Mais aujourd’hui, ce qu’on a vu, ce sont des Forces de l’ordre qui n’ont pas joué leur rôle. Au niveau de l’Afms, on a fait un travail important dans tout ce qui est couverture d’une élection présidentielle.

Et on ne s’attendait pas à cela.

Qu’on laisse la presse faire son travail et que les Forces de l’ordre en fassent de même. Ils doivent savoir qu’ils parlent à des gens doués de raison. Sur le terrain, on doit pouvoir être capable de travailler en parfaite intelligence. Les journalistes sont voués aux gémonies de tous côtés, mais on les empêche de faire leur travail sur le terrain», dénonce-t-elle avec virulence.

Dans la matinée déjà, les organisations de presse réunies au sein de la Coordination des associations de presse (Cap) s’étaient donné rendez-vous à la Maison de la presse pour dénoncer le retrait définitif de la licence de Walf Tv. Un évènement au cours duquel des décisions importantes ont été annoncées.

Il s’agit notamment du boycott des activités officielles du gouvernement, et en dernier ressort, de l’organisation d’une journée sans presse.

lequotidien

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