Dans une déclaration percutante, Thierno Bocoum, président du mouvement AGIR, dénonce une situation économique alarmante au Sénégal, qualifiant l’économie nationale de « stressée » et accusant le régime actuel d’en être le principal responsable.

Pour l’ancien député, la gouvernance en place depuis avril 2024 a échoué à répondre aux véritables urgences du pays, préférant, selon lui, « la petite querelle » à « la grande ». Il déplore une stratégie politique centrée sur la diversion, occultant les débats de fond alors que la crise économique s’aggrave silencieusement.

« Ce régime sacralise des priorités dans les discours, mais les piétine dans les actes », affirme Thierno Bocoum, pointant du doigt une série de décisions gouvernementales qu’il juge incohérentes et contre-productives.

Un pouvoir en contradiction avec ses promesses

En février 2025, le gouvernement avait lancé en grande pompe une « deuxième phase de mesures contre la vie chère ». Pourtant, pour Bocoum, les résultats se font toujours attendre : inflation persistante, chômage des jeunes à plus de 20 %, et un taux alarmant de 34,4 % de jeunes sans emploi, sans formation ni perspective.

Le président de AGIR s’interroge également sur la crédibilité du plan « Sénégal 2050″, présenté en octobre dernier par le chef de l’État.

Selon lui, ce projet a été élaboré sans audit préalable des finances publiques, sur la base de chiffres non authentifiés. La Cour des comptes révélera d’ailleurs plus tard un déficit budgétaire de 12,3 % du PIB et une dette publique réévaluée à 99,67 %, bien au-dessus des 83,7 % annoncés initialement.

Opacité budgétaire et perte de confiance

Thierno Bocoum accuse le régime d’opacité dans la gestion budgétaire, dénonçant l’adoption des lois de finances sans véritable débat parlementaire, l’absence de rapports d’exécution budgétaire trimestriels, et un silence inquiétant sur les fonds politiques et les recrutements clientélistes.

Le constat est d’autant plus préoccupant que l’agence Moody’s a abaissé la note souveraine du Sénégal à B3 en février 2025, signal clair d’une défiance croissante des investisseurs envers la gouvernance économique actuelle.

Un secteur privé étouffé, des jeunes désespérés

Le secteur des BTP, longtemps moteur de l’emploi urbain, est à l’arrêt. Selon l’ANSD, son chiffre d’affaires a reculé de 2,6 % en 2024. La pression fiscale, estimée à 19,3 % du PIB – la plus élevée de l’UEMOA – étrangle le secteur privé et asphyxie la demande intérieure.

À cela s’ajoutent le drame migratoire, symbole du désespoir de la jeunesse, et la détresse du monde rural. En 2024, près de 16 000 hectares de cultures ont été noyés, menaçant directement 250 000 personnes d’insécurité alimentaire.

« L’économie est stressée. Elle ne l’est pas à cause de la fatalité, mais à cause d’un pouvoir qui a transformé une opportunité en impasse, une promesse en déception, un discours en recul », martèle Bocoum.

Un appel à la rigueur et à la sincérité

Face à cette situation, le président de AGIR appelle à un sursaut national fondé sur le courage, la rigueur et une sincérité budgétaire encore absente, selon lui, de l’action gouvernementale.

En dressant ce tableau critique, Thierno Bocoum tente de ramener le débat public sur les véritables priorités : celles de l’économie réelle, du pouvoir d’achat, de la transparence, et de l’emploi pour une jeunesse en quête de perspectives. Un appel à l’action qui, à quelques mois des législatives, pourrait bien résonner au-delà des clivages partisans.

Sene1

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