Selon le professeur Mamadou Diouf de l’université de Columbia, les élections législatives du 31 juillet prochain sont une élection présidentielle anticipée. Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 17 juillet, l’ancien Maître assistant d’histoire moderne et contemporaine à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar est également revenu sur les offres programmatiques des huit listes durant cette première semaine de campagne électorale.

Spécialiste des grands enjeux historiques, sociaux, politiques et culturels africains, le professeur Mamadou Diouf de l’université de Columbia dresse le bilan d’étape de la première semaine de campagne électorale pour les législatives du 31 juillet prochain. Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 17 juillet, il souligne que « ces élections législatives ne le sont que de noms ». « C’est une élection présidentielle anticipée. Du moins c’est comme si c’était un entraînement mais un entraînement pour la Coupe plus importante que celle qui est en jeu », a-t-il laissé entendre. Poursuivant son analyse, le professeur Mamadou Diouf a évoqué plusieurs facteurs pour justifier cette impossibilité de découpler les législatives avec les présidentielles à venir de 2024. Le premier, selon lui, est lié à la recomposition du paysage politique sénégalais avec l’apparition de Sonko et de son parti Pastef mais aussi de coalitions qui semblent être plus fortes qu’avant.

A cela, s’ajoute selon toujours l’historien sénégalais qui vit actuellement aux États-Unis le fait qu’il n’y a pas au sein du parti au pouvoir, l’Apr, et à l’intérieur de la coalition Benno l’émergence d’un leader qui est capable de prendre le relais du Président Sall Macky Sall en 2024. « Quand je dis, prendre le relais ce n’est pas une histoire de succession. Je récuse l’idée qu’un chef d’Etat choisit son successeur. Mais l’idée qu’il fallait avoir au moment de la réaction du président Macky Sall, c’est penser à organiser la compétition à l’intérieur de son parti, à l’intérieur de sa coalition. Mais, on a fait que tous les prétendants au pouvoir, toutes les personnes à qui on a collé en fait l’étiquette de prétendant ont été éliminés du gouvernement et des organes de décision du parti au pouvoir et de Benno. Ce qui veut dire qu’autour du président Macky Sall, il y a le vide. Et ce vide est un appel d’air, une troisième candidature », a fait remarquer le professeur Mamadou Diouf.

Aar Sénégal pour un rééquilibrage des rapports entre l’Exécutif et le Législatif

Par ailleurs, interpellé par notre confrère Baye Oumar Gueye sur les enseignements à tirer sur l’offre programmatique des huit listes durant cette première semaine de campagne électorale, l’ancien Maître assistant d’histoire moderne et contemporaine à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar a indiqué que les coalitions ont plutôt adopté une « démarche d’affrontement politique plus que d’affrontements idéologiques ou d’affrontement programmatique ». « Il est clair qu’à la différence si vous voulez de Benno du moins de manière beaucoup plus claire, la plupart les 7 autres coalitions insistent sur la nécessité de redéfinir l’exercice du pouvoir parlementaire. Elles mettent l’accent sur le fait que le Parlement vote les lois et une meilleure institutionnalisation du contrôle gouvernemental et des actions du gouvernement. Elles veulent, si vous voulez, un rééquilibrage des rapports entre l’exécutif et le législatif », a laissé entendre l’historien sénégalais.

« Donc ce qu’elles veulent, c’est un vrai Parlement. Un Parlement qui n’est pas une chambre d’enregistrement comme on dit. Mais un Parlement qui est effectivement capable d’avoir des commissions d’enquête parlementaire, de véritablement participer à un débat et un engagement avec l’exécutif », insiste encore le professeur Mamadou Diouf qui désigne la coalition Aar Sénégal dirigée par Thierno Alassane Sall comme étant la coalition qui porte le plus cette idée d’une réforme du Parlement avec son contrat de législature.

Yewwi askan wi dans une logique parlementaire et une logique présidentielle

Poursuivant son propos, l’enseignant professeur Mamadou Diouf de l’université de Columbia souligne au sujet de la coalition de Yewwi askan wi que cette dernière mène actuellement deux campagnes électorales. « Quand on regarde les coalitions, on voit les coalitions qui sont dans une élection qui annonce une autre, c’est le cas de Yewwi askan wi. Je vous dis, ils sont à la fois dans une logique parlementaire et une logique présidentielle. Et donc c’est ça, la différence ».

Bokk Gis Gis Liggey et autres, des roues de secours pour Benno

Loin de s’en tenir là, le professeur Mamadou Diouf, toujours dans le cadre de son analyse de cette première semaine de campagne électorale des huit listes de coalition pour les législatives du 31 juillet prochain, souligne qu’à côté de la posture de Aar Sénégal et de Yewwi, il y a des coalitions qui sont prêtes à offrir un coup de main à Benno quand les choses vont se compliquer à l’issue de ces élections. « Quand on écoute quelquefois par exemple Bokk Gis gis ligueye etc., on sent très nettement qu’ils se battent sur deux fronts : le front contre Yewwi mais aussi contre Benno. Mais, on voit très bien quelque part que ce jeu de prestidigitation est un jeu qui pourrait annoncer disons une possibilité de coalition si en fait Benno n’arrive pas à avoir une majorité », a soutenu le professeur d’histoire à l’université de Columbia.

sudquotidien

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