En se faisant passer durant plusieurs années pour le chef de village de Darou Sow, localité située dans le département de Diourbel, Modou Ly a vendu plus de cinq cents terrains en usant de fausses manœuvres. Ce qui risque de lui coûter deux ans de prison ferme et plusieurs dizaines de millions à titre de remboursement à des tiers.

Né le 15 mai 1970 à Satté, Modou Ly a comparu, hier, devant la barre du tribunal des flagrants délits de Diourbel, pour répondre des chefs de faux et usage de faux en écriture de commerce, d’escroquerie et d’usurpation de fonction. En effet, courant 2022, cet homme, durant des décennies, s’était autoproclamé chef de village de Darou Sow, pour vendre des parcelles à tort et à travers. Son modus operandi consistait à s’attacher les services d’intermédiaires et de rabatteurs qui lui attiraient des clients monnayant 5%. Mais une fois la vente effectuée, il confectionnait son cachet de chef de village et délivrait des actes à ses acheteurs. Mais son manège a été découvert lorsqu’après avoir vendu plus de vingt terrains à Abdourahmane Diokhané, Moussa Diokhané, Modou Diop et à d’autres parmi ses «administrés», ceux-ci, flairant l’arnaque, sont allés se renseigner sur l’authenticité des documents.

C’est alors qu’ils ont appris que les actes que Modou Ly leur avait délivrés étaient des faux et que les parcelles en question n’étaient pas sa propriété. Des raisons qui ont poussé ces derniers à porter l’affaire en justice. La gendarmerie, par le biais du procureur près le tribunal de grande instance de Diourbel, est saisie du dossier. Dans la foulée, Modou Ly est interpellé puis placé en garde à vue. Mais devant les pandores et même face au juge instructeur, il persiste et signe, déclarant que les terres sont bel et bien sa propriété, en se basant sur une délibération municipale qu’il n’a jamais pu fournir ni justifier. Devant la barre du tribunal des flagrants délits de Diourbel, ce jeudi, il a maintenu ses déclarations, indiquant qu’il a vendu plus de cinq cents parcelles au fil des années. Néanmoins, il a reconnu s’être lui-même confectionné de faux documents et cachets pour la délivrance des actes.

Quand le juge lui demande de prouver qu’il est réellement le chef du village de Darou Sow, Modou Ly lui rétorque : «Personne ne m’a nommé, mais parce que j’ai été le premier à venir m’installer sur les lieux qui étaient des broussailles, je me suis autoproclamé chef de village». Entendu, Abdourahmane Diokhané explique que c’est par l’intermédiaire de Malick Pène qu’ils ont connu l’accusé qui se faisait passer pour le chef de village. Sur ces entrefaites, lui et ses amis ont acheté huit parcelles à Modou Ly. Ce dernier a reconnu avoir vendu un lot à l’émigré Modou Diop pour treize millions de francs Cfa. Mais il déclare que le terrain en question appartenait à Tamsir Sarr à l’origine.

«Le délit d’usurpation de fonction ne pose aucun problème, tout comme le faux. Parce que l’accusé a posé plusieurs actes attestant la commission de ce délit. Pour l’escroquerie aussi, il ressort des débats d’audience que les terrains vendus par l’accusé ne lui appartiennent pas. Tout ceci démontre que l’accusé est coupable de tous ces chefs qui lui ont valu sa comparution », a déclaré le procureur qui a requis deux ans de prison ferme contre Modou Ly. Pour sa part, Me Serigne Diongue, commis pour assurer la défense de Modou Ly, a indiqué qu’aucun des éléments discutés à la barre ne permet d’asseoir la culpabilité de son client.

C’est pourquoi il a plaidé pour la relaxe à titre principal. Et à titre infiniment subsidiaire, Me Serigne Diongue a invité la Cour à relaxer Modou Ly au bénéfice du doute. L’affaire a été renvoyée au jeudi 23 juin prochain pour la lecture du verdict.
L’As

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