Un atelier crucial a débuté ce lundi 4 décembre, à Kédougou (sud-est) avec comme thème de la « Lutte contre l’exploitation sexuelle dans les zones aurifères de Kédougou et Saraya ». Cet événement a été l’occasion pour l’ONG « Health Trafficking Research and Outreach » de présenter un rapport percutant sur cette problématique dans la région de Kédougou.
Sexe, drogue et alcool rythment la vie dans les mines. Selon les conclusions de ce rapport, une personne sur cinq impliquée dans des relations sexuelles commerciales dans les zones minières d’or du Sénégal est une victime potentielle de trafic sexuel. Un fléau qualifié de « traite des personnes /esclavage moderne ».
Les conditions exacerbées par l’afflux d’exploitations minières ont créé un environnement propice à cette réalité alarmante.
Les entretiens clés menés dans le cadre de l’étude ont révélé des communautés minières marquées par une forte masculinité, accompagnée de normes sociales tolérant l’exploitation des femmes. « Certains mineurs, influencés par des croyances locales, pensent que la présence de personnes impliquées dans le commerce sexuel accroît leurs chances de trouver de l’or », lit-on sur le rapport.
Celui-ci a dénoncé comment les hommes manipulent les femmes dans des situations de trafic sexuel, souvent en utilisant la force, la fraude ou la coercition.
Par ailleurs, bien que le commerce sexuel soit légal au Sénégal, le trafic sexuel est une infraction transnationale, touchant des victimes provenant principalement du Nigeria (68 %), du Sénégal (13 %), du Mali (12 %) et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest (8 %).
Les survivantes ont rapporté avoir été attirés par de fausses promesses d’emplois bien rémunérés, pour se retrouver au Sénégal, contraints de se livrer à des relations sexuelles commerciales pour rembourser leurs dettes de voyage et de subsistance. Ils ont été soumis « à des manipulations émotionnelles, psychologiques et sociales pour maintenir leur situation ».
Cette recherche vise à ouvrir le dialogue sur ce sujet qui est délicat dans la culture locale et à envisager des solutions pour les victimes et les survivantes.
En plus de cela, elle souligne également « la nécessité d’approches régionales dans les politiques et programmes pour lutter contre ce fléau, impliquant une collaboration entre différents pays ».
Outre la recherche, l’Ong travaille avec des partenaires locaux et internationaux pour mettre en place des programmes de lutte contre la traite moderne des personnes, offrant des services aux survivants et plaidant en faveur de lois plus strictes pour combattre ce phénomène.
Ces initiatives ont déjà permis le retrait de 35 survivants de situations de trafic en 2022-2023, marquant ainsi un début prometteur dans la lutte contre l’exploitation sexuelle dans les zones minières.
Il est toutefois noté qu’il reste encore beaucoup à faire pour garantir un impact durable et positif sur la vie des survivantes et de leurs communautés, nécessitant une coopération continue avec les partenaires locaux.
pressafrik