Les commerces vont fermer, les services, déplacés. Ça prendra le temps que ça prendra, mais Le Dantec fermera pour rouvrir après sa mise à niveau.

«C’est avec cette boutique que je gère ma famille. Mensuellement, je paie avec ce que je gagne une location de 50 000f pour ma petite famille, à savoir ma mère, ma femme et mon enfant. Et sans oublier les petites dépenses.» Car, Le Dantec, ce n’est pas que de la médecine. Il existe autour de cet hôpital, un écosystème économique. Ecosystème dans lequel baigne Amadou Alpha Ba depuis 2015.

Le jeune homme y gère la boutique qu’il a héritée de son père. Et aujourd’hui, c’est la désolation ! Il va devoir faire sans cette boutique qui tenait la maison. Si «en réalité, l’hôpital Le Dantec ne ferme pas» et qu’ «on en déplace les services pour le reconstruire», il reste quand même vrai que le «service» officieux du petit commerce au sein de l’hôpital ne saurait compter sur aucun accompagnement.

Seulement, M. Ba ne souffre pas dans sa chair. Ainsi son regard est-il moins ténébreux que celui des malades. Ousmane Ndiaye a un mal saillant. Sa jambe droite est plâtrée et il est assis à même le sol. La confusion se lit dans son regard rougi par le mal. Elle traverse aussi son discours. «On entend souvent les gens se plaindre de l’accueil au niveau des structures de santé. Si on décide de leur ajouter les patients qui viennent d’ici, cela risque de poser des problèmes.

Surtout un problème d’espace au sein des bâtiments qui doivent accueillir», trouve-t-il. Son autre préoccupation est relative à celles et ceux dont le mal est plus urgent que le sien : leur déplacement, l’accueil qui leur sera réservé, leur prise en charge…Qu’y a-t-il d’ailleurs à refaire à l’Hôpital Aristide le Dantec ? M. Ndiaye a osé cette question. Et il semble le seul à penser de la sorte.

L’hôpital dit des pauvres est aujourd’hui pauvre en visite. Normal, les besoins de la reconstruction imposent cette réalité. Pourtant, les services d’entretien fonctionnent. Les ramasseurs d’ordures sont aidés par le vent qui souffle au sein de l’hôpital, créé en 1912, tandis que des bâtiments, on voit sortir des blouses grises qui assurent le ménage. Mais, cet entretien ne saurait redonner son âme à l’hôpital Le Dantec. Modou Fall en est convaincu, et son témoignage vient démonter le caractère infondé de celui de Ousmane Ndiaye qui ne semblait pas voir l’intérêt de la fermeture. Monsieur Fall porte un uniforme de couleur noire.
Sur son dos, «sécurité» se lit. Et parce qu’il fait souvent la ronde, il est au courant de détails dont peut-être Ousmane Ndiaye ignore l’existence. M. Fall indique du doigt des bâtiments, parmi lesquels le bloc opératoire central. Ceux-là, selon lui, prennent l’eau lorsqu’il pleut. «Il est plus aisé de parler tout en étant dehors, et en parfaite ignorance des réalités de l’hôpital», soutient le gardien. A l’en croire, l’hôpital des pauvres est lui aussi pauvre de ses bâtiments vieillissants. Il propose le tour et fait découvrir l’étanchéité des bâtiments en face de lui. Ça ne tient plus. Raison de plus, pour lui, de fermer et redonner une autre âme à cet endroit qui a pour vocation d’en sauver.

Et le processus est en train d’être finalisé puisque l’Hôpital Aristide Le Dantec, en ce 13 août, n’a que des chants d’oiseaux et le vent pour l’animer…. Depuis hier, il est entré en mort cérébrale.

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