Le traitement des femmes dans les médias, la lutte contre le harcèlement et la protection des journalistes femmes sont au cœur des préoccupations d’Africain women in media. Plusieurs acteurs se battent pour améliorer la situation et garantir un environnement plus respectueux pour les femmes dans le secteur médiatique.
Mamadou Thior, président du CORED (Conseil pour l’Observation des Règles d’Ethique et de Déontologie), dénonce le traitement négatif réservé aux femmes dans les médias. Selon lui, « la couverture médiatique tend à attribuer la responsabilité des actes de femmes à des hommes, négligeant la complexité des situations ».
Il plaide pour une présentation des femmes avec dignité et pour un traitement équitable, soulignant que les hommes sont souvent traités plus positivement. Dans ce sens, le CORED travaille à sensibiliser les professionnels des médias afin « de corriger cette tendance et de mettre en lumière la responsabilité des hommes dans les comportements négatifs. »
Dr. Yemisi Akimobola, directrice de l’organisation African Women in Media, aborde le problème sous un autre angle.
Lors de la conférence d’Awim24 à Dakar, tenu les 5 et 6 décembre, elle a souligné « la nécessité de créer un environnement sûr pour les journalistes, notamment les femmes, qui sont souvent victimes de harcèlement. » Elle pointe également le rôle crucial des gouvernements africains dans la création de conditions propices à la liberté de la presse et la sécurité des journalistes.
Elle déplore que « les femmes journalistes, souvent exposées à des risques accrus, soient non seulement confrontées à des violences physiques, mais aussi à des violences psychologiques. »
Pour Dr. Akimobola, « la solution ne réside pas seulement dans des formations ou des actions ponctuelles. Elle plaide pour une approche globale de l’activisme, incluant la sensibilisation des régulateurs, des policiers, et des organisations internationales comme l’Union africaine. » Elle affirme qu’une gouvernance plus inclusive et respectueuse des droits des femmes dans le secteur médiatique est essentielle pour un véritable changement.
Solutions et actions
Alfred Bulakali, directeur régional d’Article 19, fait écho à ces préoccupations. L’organisation qu’il dirige œuvre en faveur de la protection de la liberté d’expression et de l’accès à l’information. Il met l’accent sur « l’importance de recueillir des données précises sur les violences sexistes et sexuelles auxquelles sont confrontées les femmes journalistes. »
Selon lui, « les médias doivent adopter des protocoles de sécurité internes, élaborer des codes de conduite et veiller à la mise en œuvre des directives de l’UNESCO sur la sécurité des journalistes. » M. Bulakali insiste sur la nécessité d’une collaboration entre les médias, les autorités et les acteurs de la société civile pour lutter efficacement contre ce fléau.
Dans un contexte où les violences basées sur le genre sont exacerbées par les nouvelles technologies, il rappelle que « les journalistes femmes sont particulièrement vulnérables à ce phénomène. » Il souligne que « des recherches sur l’impact de ces violences dans des pays comme le Sénégal sont urgentes pour mettre en place des réponses adaptées et efficaces. »
Les actions de ces différents acteurs montrent qu’un travail de sensibilisation et de réforme en profondeur est nécessaire pour garantir un environnement plus juste et respectueux pour les femmes journalistes.
pressafrik