Ngaaka Blindé et Akhloubrick ! Ce n’est pas l’affiche d’un concert ou d’un album. Mais c’est bien le clash du moment. A coup d’egotrip, ces rappeurs s’insultent copieusement sur de la bonne musique. Un différend qui ne se limite qu’aux mots et qui est bien apprécié par les fans.

 Un verre de soda pour se désaltérer, de l’espace pour se défouler et un terminal pour écouter et surtout être majeur ! C’est tout ce dont l’amateur de rap Galsen a besoin ces temps-ci pour «s’enjailler», tant le talent et l’ingéniosité artistique sont poussés à un niveau surhumain ! Le talent des rappeurs Galsen n’est plus un secret, mais c’est dans l’adversité qu’ils sont le plus créatifs. A coup de punchline et autres figures de style, ces artisans de la parole font danser les mots comme personne. Malheureu­sement, le langage de la rue et les insanités distillées annihilent toute ambition de faire de cet art une industrie culturelle. Les Usa ne sont malheureusement pas une régence à cause de la barrière culturelle. Aux pays de l’oncle Sam, l’injure nourrit son homme. Au Sénégal, c’est tout le contraire.

Le clash entre Booba et La Fouine n’est qu’une bouteille dans la mer, comparé à ce qui se passe au Sénégal. Ngaaka Blindé, qui surfe, depuis sa sortie de prison, dans une vague insolente de réussite, se voit dans l’obligation de répandre cette insolence. Heureusement ou malheureusement, c’est selon, Akhloubrick ne fait pas la fine bouche. Connus pour la profondeur de leurs textes, les Mbourois ont apporté une réponse sévèrement salée. Et comme dans ces cas de figure, Ngaaka ne s’est pas contenté d’envoyer un pick. Il a renchéri. Si ce spectacle qui fait partie intégrante du rap, ne rencontre pas l’adhésion du grand public, il a le mérite d’offrir une exposition médiatique aux protagonistes. En effet, le fait de s’en prendre verbalement à un autre artiste suscite une curiosité du public. Et généralement, quand les ac­teurs sortent un opus dans la foulée du clash, la production devient un «Best-seller». Mais avec la nouvelle donne, ce sont quelques mil­liers de francs Cfa qui vont être versés dans leur compte par YouTube. Qui comptabilise le nombre de lecture des clips pour s’inscrire dans une logique d’Adsens.

Pour ce cas précis, les mots échangés, qui ne sont pas dignes d’être rapportés dans un journal, ne vont pas être d’un bénéfice énorme aux protagonistes. En effet, le modèle d’affaires du rap sénégalais est plus dans une logique de prescription. La vente des albums souffre de la concurrence des plateformes de streaming et de la piraterie. C’est ce qui pousse les rappeurs à charmer les annonceurs. Dans cette optique, elles ne sont pas nombreuses ces entreprises qui souhaitent associer leurs images à des prescripteurs re­connus pour leur langage injurieux. C’est généralement ce qui fait que les clashs ne durent que très rarement. En d’autres termes, les clashs ne sont appréciés que par les fans !
lequotidien

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3 commentaires

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