Les récepteurs de la douleur sont activés différemment en fonction du sexe. Une découverte qui pourrait permettre la mise au point de traitements plus ciblés, notamment contre la migraine qui touche principalement les femmes.

Après le plaisir, voici qu’on découvre que les hommes et les femmes diffèrent aussi pour la douleur.

Pour le premier, il s’agirait d’une différence dans la concentration de terminaisons nerveuses qui rendent le clitoris beaucoup plus sensible que le pénis. Pour le deuxième, il s’agirait plutôt d’une différence au niveau des mécanismes qui nous rendent sensibles à la douleur.

Les récepteurs de la douleur sont activés par des voies différentes
Une étude de l’Université de l’Arizona (États-Unis) vient de montrer que les récepteurs de la douleur (nocicepteurs) des hommes et des femmes sont activés par des voies de signalisation différentes, ce qui pourrait expliquer pourquoi certaines douleurs affectent davantage les femmes que les hommes.

Leur découverte, présentée le 3 juin 2024 dans la revue Brain, pourrait aussi permettre de traiter plus efficacement des maux tels que la migraine, qui affecte majoritairement de femmes.

Les nocicepteurs (du latin nocere, qui veut dire « nuire » ou « être nuisible ») répondent à des stimuli nuisibles, tels une chaleur brûlante ou un coup trop fort, afin d’alerter l’organisme et déclencher une réponse protectrice. Ces récepteurs de la douleur peuvent devenir plus ou moins sensibles, c’est-à-dire que le seuil auquel ils vont s’activer peut varier.

Ainsi, un nocicepteur sensibilisé peut ressentir de la douleur avec un stimulus qui normalement ne serait pas suffisamment fort pour l’activer en temps normal. Déclenchant des phénomènes physiologiques comme l’allodynie (lorsque la douleur est déclenchée par un stimulus normalement indolore) et l’hyperalgésie (lorsqu’un stimulus douloureux cause plus de douleur que d’habitude).

Les nocicepteurs des femmes sont sensibilisés par la prolactine
C’est dans ce processus de sensibilisation des nocicepteurs qu’il y aurait une différence entre les hommes et les femmes. Les auteurs de l’étude ont mis en évidence que la prolactine (hormone qui participe notamment dans la lactation) sensibilise les nocicepteurs des femmes, mais pas ceux des hommes. Pourtant, cette hormone est présente chez les deux sexes, même si son taux est normalement plus élevé chez la femme (avant la ménopause).

Toutefois, les chercheurs ont observé in vitro que les nocicepteurs de souris femelles sont activés par la prolactine, alors que cette hormone n’a aucun effet chez les nocicepteurs des souris mâles. Cette sensibilisation entrainait une hyperexcitabilité de ces neurones sensoriels uniquement chez les femelles. Cette différence entre les sexes serait due à une expression plus élevée du récepteur à la prolactine chez les femelles que chez les mâles.

Traiter la douleur de manière plus ciblée
Les chercheurs ont pu vérifier leurs observations en utilisant des neurones sensibles à la douleur provenant de quatre hommes et trois femmes. Comme chez les souris, la prolactine sensibilisait les nocicepteurs des humains, mais seulement ceux des femmes. Les femmes avaient aussi une expression beaucoup plus élevée du récepteur à la prolactine dans les neurones impliqués dans la sensation de douleur, ce qui pourrait expliquer leur plus grande sensibilité à cette hormone.

Alors que les nocicepteurs masculins pouvaient être sensibilisés par d’autres molécules, les orexines (des neurotransmetteurs qui stimulent l’appétit, entre autres) qui n’ont aucun effet sur les nocicepteurs féminins.

« Les résultats de cette étude sont solides et soutiennent cette conclusion remarquable que les nocicepteurs, les « briques » fondamentales de la douleur, sont différents chez les hommes et les femmes, résume dans un communiqué Frank Porreca, directeur du Centre pour la douleur et l’addiction de l’Université de l’Arizona (Etats-Unis) et auteur de l’étude. Cela nous donne une opportunité de traiter la douleur de manière spécifique. »

Suite à cette découverte, les chercheurs pourront tester des traitements contre la douleur plus ciblés et donc peut-être plus performants.

Par exemple, la dopamine est connue pour inhiber la production de prolactine, ce qui pourrait constituer une alternative pour traiter spécifiquement certaines douleurs chez les femmes en évitant l’hypersensibilisation de leurs nocicepteurs.

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