Le député Matar Diop de la Coalition Benno bokk yaakaar a affirmé, lors du vote du budget du ministère du Pétrole et des énergies, qu’Ousmane Sonko, aurait reçu des fonds de bailleurs, intéressés par une remise en cause d’accords et de contrats …

Le député Matar Diop de la Coalition Benno bokk yaakaar (Bby) a tenu, lors du vote du budget du ministère du Pétrole et des énergies, le 25 novembre 2023, à s’adresser du haut du pupitre de l’Hémicycle, sur une question d’une grave sensibilité. Le député a évoqué devant les parlementaires le cas de turpitudes de Ousmane Sonko, chef de l’ex-parti Pastef, en détention pour différents chefs d’inculpation, notamment des appels à l’insurrection et des tentatives de troubles graves à l’ordre public.

Il révélait à l’opinion et aux parlementaires que le leader de l’exPastef, parti dissous, aurait reçu des fonds de bailleurs, qui étaient principalement intéressés par une remise en cause d’accords et de contrats sur l’exploitation du pétrole et du gaz découverts au large du Sénégal.

L’honorable député dira que c’est contre une promesse de renégociation de contrats pétro-gaziers que des sommes conséquentes auraient été versées à l’opposant sénégalais.

Le député, sûr des informations en sa possession, ira jusqu’à balancer à qui voudrait l’entendre l’existence d’une correspondance, signée de la propre main de Ousmane Sonko, adressée au Président Macky Sall, et demandant assistance et protection pour sa famille qui subirait des menaces et risquerait des représailles.

On n’a pas besoin d’aller fouiller loin pour savoir qu’une des motivations des deux exfiltrations de Ousmane Sonko par les services de sécurité, lors de son procès contre Mame Mbaye Niang sur la corniche Ouest de Dakar, et pendant son «Nemekou Tour» à Koungheul, était le souci de le protéger suite à des alertes sur d’éventuels règlements de comptes par des bailleurs mécontents avec qui il aurait des bisbilles.

Ces bailleurs élèvent la voix et frappent à toutes les portes du leader de l’ex-parti Pastef qui, en plus de ses démêlés judiciaires, se trouve dos au mur face à des «créanciers» peu commodes.

Un ballet d’audiences et de prises de contact avec le président de la République, Macky Sall, lors de son actuel séjour à Dubaï dans le cadre de la Cop28, a consisté pour des opérateurs de certains milieux d’affaires qui sont venus se confesser à lui sur des ressources qu’ils avaient distribuées au Sénégal pour la poursuite de différents agendas.

Un voile a donc pu être levé sur l’étendue des sommes, les modes d’opération, les canaux de transmission et les facilitateurs de telles opérations qui visaient à terme, à nuire gravement à la paix civile. En reliant tous les points, les autorités sénégalaises commencent à voir plus clair sur une grande conspiration qui n’allait épargner personne, si elle avait pu par malheur, arriver au bout.

Le péché de Ousmane Sonko, de prendre de l’argent qu’il ne faudrait pas prendre, lui colle à la peau.

C’est ainsi qu’il avait osé signer un accord financier pour percevoir plus de 12 milliards de francs Cfa en cas de l’issue heureuse d’un dossier de règlement du sulfureux dossier du Tf 1441/R opposant l’Etat du Sénégal à un groupe d’héritiers. Il a eu le culot ou l’outrecuidance de se prévaloir de son mandat de député et d’utiliser le cadre de son parti politique pour porter un combat dont il escomptait de substantiels intérêts pécuniaires personnels.

Et il continuait de plus belle à réclamer des sommes à tort et à travers à ses militants et sympathisants.

La déclaration du député Matar Diop vaut son pesant d’or, car elle soulève des lièvres qu’il faudrait pourchasser. Au lieu de lui sauter dessus à bras raccourcis, on tente de lui opposer l’indifférence. Pourtant, tout s’offre à l’ouverture d’une enquête pour révéler, au grand jour, toutes les connexions troubles et desseins sombres qui ont pu s’élaborer pour spolier le Sénégal de ses hydrocarbures et les servir à des opérateurs tapis dans l’ombre.

Le ministre Antoine Diome s’était fait conspuer pour avoir indexé, lors des événements de mars 2021, l’action de forces occultes. Le temps et les faits donnent raison à Antoine Diome sur l’ampleur de l’agenda insurrectionnel qui visait à déstabiliser le Sénégal et la dangerosité des acteurs qui sont impliqués dans toute cette histoire.

Les chantres de la transparence ont de quoi s’indigner

La déclaration de l’honorable député Matar Diop a été accueillie par une certaine indifférence et un désintérêt, tant par la Société civile que l’opposition politique, qui ont fait du débat sur la transparence dans la gestion des hydrocarbures leur cheval de bataille. Si l’on se rappelle bien, toutes les questions concernant les ressources des sols et sous-sols sénégalais ont toujours déchaîné les passions pour en faire des motifs de démission obligée de responsables, et être le motif suprême pour les jeter à la vindicte populaire.

Aliou Sall a été accusé de tous les péchés suite à un reportage de la Bbc sur les hydrocarbures au Sénégal. La clameur publique le poussera à une démission de la Direction générale de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) et une atteinte grave sera portée à son honneur.

Il répondra à toutes les convocations dans le cadre des enquêtes qui le concernaient et finira par être blanchi de toute accusation de collusion, de prise illégale d’intérêts ou de corruption dans l’attribution de permis en hydrocarbures à Frank Timis. Les voix les plus audibles qui réclamaient à l’unisson «Sunu 400 mille», ne veulent rien entendre quand une accusation aussi grave est portée à l’encontre de Ousmane Sonko.

Le poisson est-il tellement gros qu’on chercherait à le noyer coute que coûte ? Au-delà de l’assurance dont le député Matar Diop a fait montre et comme s’il semblait défier le parterre de députés de l’ex-parti Pastef, le silence de ces derniers laisse encore pantois.

L’arrogance, la virulence et le sens polémiste de ces députés sont connus, mais le fait que personne parmi eux n’ose répliquer à Matar Diop, nous laisse encore sans voix.

Plus grave, aucune structure ou sensibilité ou même les habituels hérauts de ce parti dissous ne brisent encore cet assourdissant silence. On dirait que la consigne de faire le dos rond leur a été donnée. Ils doivent être dans leurs petits souliers ceux qui traitaient dans des marches et des interventions sur les plateaux de radio et de télévision, Aliou Sall, le frère du Président Macky Sall, de «voleur» !

Des personnalités de la Société civile comme Birahim Seck (Forum civil), Seydi Gassama (Amnesty international), Alioune Tine (Afrika Jom Center) ainsi que les dirigeants de «Y’en a marre» de «Nio Lank» ou du F24, entre autres activistes et fondateurs de «Sam Sunu Momel», sont bien en droit, avec toutes leurs exigences pour une gestion transparente et responsable des ressources naturelles, d’exiger une enquête claire et exhaustive pour situer les responsabilités et mettre la lumière sur une situation d’une extrême gravité.

Un parti politique et son premier responsable ont eu à bénéficier de financements extérieurs de la part de lobbies afin de créer du chaos, avec l’unique objectif de renégocier des contrats sur nos ressources naturelles.

N’est-ce pas qu’ils étaient toujours prompts à exiger par exemple l’auto-saisine du procureur de la République pour ouvrir des enquêtes tous azimuts sur la moindre des accusations portées contre toute personnalité du pouvoir ? Daignaientils le prendre au sérieux quand le ministre de l’Intérieur Antoine Diome mettait en garde contre les financements occultes et les appels et autres initiatives de levées de fonds par les dirigeants politiques de l’ex-parti Pastef ?

Nombre de politiciens se sont aussi faits des défenseurs inlassables d’une probité dans la gestion des hydrocarbures et des ressources naturelles.

Ce ne serait pas trop leur demander que leurs voix se fassent entendre sur les collusions et les financements suspectés. Si leur souhait est de nous diriger dans la transparence, une reddition des comptes et une préservation des ressources publiques, il n’y a pas une meilleure occasion qui se prête à eux.

Néanmoins, nous ne serons pas trop surpris par leur mutisme, vu qu’ils nous y ont habitués chaque fois que des révélations mettent en cause leur «champion». Ce ne serait pas la première fois.

On se rappelle que l’hebdomadaire français Le Canard Enchaîné, dans sa publication du 7 juin dernier, avait assuré que Ousmane Sonko bénéficiait des faveurs des Frères musulmans. L’article en question, citant un diplomate marocain en poste à Dakar, affirmait que «l’argent du Qatar inonde le Sénégal pour convaincre les mourides de soutenir Ousmane Sonko».

L’information, relayée par le journal Le Quotidien quelques jours après, avait fait pschiit. Aucun de nos directeurs de conscience de la Société civile, aucun parti politique, ni même aucun autre média, n’avait osé la relayer ni demander à tous les organes de contrôle d’investiguer dessus, ou à tout le moins, exigé des explications de la part du leader de l’ex parti-Pastef.

Mais au vu de l’évolution des choses, garder le silence ne fera pas disparaître le scandale. Déjà, la première leçon de l’histoire est qu’aujourd’hui, Ousmane Sonko semble être plus en sécurité en prison qu’à son domicile.

seneplus

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