Enda Énergie a organisé une session de préparation des acteurs non-étatiques et des Organisations de la société civile (OSC) lundi 20 novembre 2023 à Dakar en vue de la 28ème Conférence des Nations Unies (COP28) sur les changements climatiques qui aura lieu du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï aux Émirats Arabes Unis.

L’objectif de cette session est de recueillir les attentes et les priorités de ces acteurs, partager avec eux, les enjeux de la prochaine COP. Les échanges ont porté principalement sur la question des pertes et dommages qui sera un des sujets phares de la COP28 de Dubaï.

En termes clairs, Enda Énergie a organisé une Pré-CoP 28 et un forum sur les transitions justes visant à approfondir la compréhension des enjeux clés de la COP 28. En effet, le Bilan mondial souligne l’urgence d’augmenter les ambitions pour pallier aux effets néfastes des changements climatiques.

La Pré-CoP 28 tenue par Enda Énergie a permis de décrypter ces enjeux et de formuler des recommandations inspirantes pour les négociateurs.

« En amont de la Pré-CoP 28, les acteurs non étatiques avaient posé les jalons lors de la Semaine climat et énergie à Saly, mettant en avant des recommandations phares pour l’opérationnalisation du Fonds sur les pertes et dommages, l’effectivité de la finance climatique et l’intégration des priorités des communautés dans les transitions justes », a rappelé Enda Énergie dans un communiqué transmis à la presse.

S’exprimant sur cette problématique, Aïssatou Diouf, responsable des politiques internationales et du plaidoyer à Enda Énergie a expliqué que, « quand on parle des pertes et dommages, on parle de pertes irréversibles dus aux impacts des changements climatiques et ce sont des pertes que nous expérimentons déjà au niveau du Sénégal mais également dans la plupart des pays africains.

Nous pouvons noter des évènements à évolution lente qui débouchent par exemple sur les sécheresses mais aussi des évènements extrêmes comme des inondations qui peuvent tout balayer sur leur passage, entraînant mêmes des pertes en vies humaines, de l’avancée de la mer avec ses conséquences…

Hormis ces pertes matérielles, on peut aussi noter des pertes immatérielles liées à la culture, à l’histoire, aux us et coutumes ».

Rappelons que cette question occupe une place centrale dans les négociations depuis plusieurs décennies et ce n’est qu’en 2022, dans le cadre de la COP27 que « nous avons obtenu la reconnaissance qu’il faut aller vers un mécanisme financier pour permettre aux pays vulnérables de pouvoir répondre à ces questions liées aux pertes et dommages ».

A l’en croire, l’enjeu pour cette COP28 c’est de voir comment financer ce mécanisme, qui va le financer, quels seront les pays contributeurs, les pays qui pourraient en bénéficier ? « Pour nous de la société civile, tous les pays qui sont vulnérables et qui vivent ces impacts liés aux pertes et dommages doivent pouvoir bénéficier de ce mécanisme financier », a-t-elle clarifié.

Pour la responsable des politiques internationales et du plaidoyer à Enda Énergie « il est important que ce mécanisme soit très accessible aussi bien pour les États que pour les communautés affectées.

C’est pourquoi, il était important pour nous de recueillir les avis et les contributions des organisations de la société civile pour qu’une fois à Dubaï, nous pouvons influencer les négociateurs aussi bien Sénégalais mais aussi des Pays les moyens avancés (PMA), du groupe africain des négociateurs mais également du G77 et de la Chine pour que, durant les deux semaines de négociation de la COP28, les priorités et les attentes des communautés des pays affectés puissent être prises en charge ».

Évoquant la position des Pays les moyens avancés, Mme Diouf a confié que « les PMA sont claires.

Aujourd’hui, il est reconnu que ce sont les pays les plus vulnérables mais également les plus pauvres. Donc, il est important que l’ensemble des PMA puissent bénéficier du mécanisme financier sur les pertes et dommages.

Il est aussi important que l’accès soit facilité parce qu’aujourd’hui, si on voit les critères du mécanisme financier, l’accès peut durer très longtemps avant de voir le décaissement des fonds. Il urge alors d’avoir des critères harmonisés, faciles et très accessibles à l’ensemble des PMA et que le processus pour que ces financements puissent arriver aux États concernés très rapidement ».

Un accent particulier a été mis sur la compréhension et l’appropriation de la problématique des transitions justes, visant à co-construire des trajectoires appropriées au développement socioéconomique.

Sur ce point lié à la transition énergétique juste, Aïssatou Diouf a laissé entendre que « nous sommes à un tournant où il faut changer de modèle, aller vers un développement sobre en carbone et résilient au changement climatique.

Cela implique de nouveaux modes de fonctionnement. Aller vers une transition juste, c’est important dans la mesure où, si on dit qu’il faut tourner le dos progressivement aux énergies fossiles vers celles renouvelables, il y aura des travailleurs qui seraient impactés. La question sera de savoir comment on pourrait faire en sorte que, dans cette transition vers les énergies propres, on puisse prendre en compte ces gens-là qui vivent de travail connecté aux énergies fossiles, qu’on ne les oublie pas, qu’on ne les laisse pas en rade.

Cela signifie que c’est un processus. Une transition se construit, elle ne se fait pas du jour au lendemain. Il faudrait que l’ensemble des acteurs puissent dialoguer, échanger, qu’on puisse prendre en compte les positions des uns et des autres, voir comment on l’intègre dans un processus de long terme pour que les attentes des États, des communautés mais également construire un monde plus juste, plus durable puisse être une réalité. C’est aussi valable pour une transition agro écologique, écologique et énergétique.

En somme, la transition est un processus qui prend du temps. Il faut donc un dialogue inclusif avec l’ensemble des acteurs pour bien construire cette transition vers les énergies renouvelables ». 

A la question de savoir si le Sénégal doit exploiter son pétrole et son gaz pour financer cette transition énergétique, Aïssatou Diouf reconnaît que le Sénégal a fait beaucoup d’efforts dans le mix énergétique, avec entre 29 et 30% d’énergies renouvelables dans le mx. Un exemple pour l’Afrique. Selon elle, il y a même certains pays développés qui n’ont pas atteint ce niveau de parts d’énergies renouvelables dans le mix énergétique.

Mais le Sénégal peut faire plus puisque notre pays a les capacités de faire plus et il doit faire plus. 

« Ce n’est pas parce qu’on a découvert le pétrole et le gaz qu’on doit arrêter de faire des efforts dans le développement des énergies renouvelables. Rappeler que les énergies fossiles, ce sont des énergies finissantes et qu’on a aujourd’hui l’opportunité, même si le Sénégal exploite le pétrole et le gaz, de pouvoir prendre une partie des bénéfices ou des ressources financières issues de l’exploitation de ce pétrole et de ce gaz pour renforcer la part du renouvelable dans le mix énergétique.

Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que le Sénégal ne va pas juste se concentrer sur le développement du gaz et du pétrole en oubliant le renouvelable », a-t-elle ajouté. Poursuivant son speech, elle a renchéri qu’il est très difficile aujourd’hui de « demander à un pays en développement qui a découvert du gaz et du pétrole, même dans un contexte de changement climatique, de ne pas l’exploiter parce que ce sont des enjeux de développement, des enjeux économiques auxquels le pays doit répondre.

Mais n’oublions pas qu’on est dans un contexte d’urgence climatique. Ce qui impose qu’il faut prendre des décisions sur le long terme et donc continuer à investir sur le renouvelable ».

 VivAfrik

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