Se taire, c’est laisser croire qu’on ne juge et ne désire rien. Je ne suis pas un homme politique qui rase les murs pour s’être vautré lamentablement dans la récente présidentielle, ni un aigri qui fait des procès d’intention contre une élite politique dont la responsabilité est de soulager les souffrances d’une frange de la population qui passe sous les fourches caudines.

La réalité est que nous traversons une ère où chaque fleur qui pousse est un évènement politique.

Ad fostem, l’on ne peut s’empêcher d’esquisser, le cas échéant, des observations de fond relatives à la question politique en la changeant, mutatis mutandis.

De nos jours, le vrai défi qui est devant nous est celui de la refondation de l’État. Un État en lambeaux, la cour du roi pétaud. L’État néo libéral, capitaliste ou socialiste. Les politiques se servent de l’État qui devient un juteux pactole. Certains le privatisent en vendant son patrimoine à la découpe.

D’autres mettent les moyens de l’État au service d’intérêts privés.

L’État devient la vache à lait des puissances occidentales ou lobbies qui, au gré de leurs desiderata, s’arrogent les prérogatives de le repenser et de le régenter selon leurs propres formules et axiomes.

Plus d’un demi-siècle s’est écoulé, l’État, sous le modèle occidental, s’enlise et peine difficilement à se défaire d’un eurocentrisme qui a engendré ce qu’on pourrait appeler un prêt à porter institutionnel et juridique. L’État français, L’État sénégalais, bonnet blanc, blanc bonnet.

Le modèle étatique proposé portait congénitalement les germes de sa propre destruction car ne reflétant pas la physionomie et le socle des valeurs du peuple sénégalais dont les racines de bonne gouvernance et d’État de droit sont antérieures à la révolution américaine de 1776, à celle française de 1789 et à la déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948.

La révolution torodo de Thierno Souleymane Baal en est l’illustration la plus parfaite.

Cet homme de Dieu, bâtisseur d’un État (Almamiya), est une référence en matière de bonne gouvernance, de justice dans une réelle démocratie.

Dans l’article 6 de sa Constitution de 1776, il a été stipulé que : « l’impôt et le produit des amendes et tous les revenus de l’État doivent être utilisés pour les actions d’intérêt général ». En définitive, l’État sénégalais a grandement besoin d’un examen électro encéphalogramme plat ou d’un « ndeupp » collectif selon les termes du saint homme Cheikh Ahmed Tidiane Sy.

La refondation de l’État passe inéluctablement par l’intégration de la dynamique culturelle et sociologique du peuple sénégalais, adossée au référentiel religieux qui en constitue la substantifique moelle. Pour cela, il ne s’agit pas de réinventer la roue.

Il est question de prendre son courage à deux mains et de prendre les bonnes décisions.

Exercer le pouvoir, c’est être maître de la machine à faire du droit, c’est être l’élément le plus efficace pour agir sur la société.

Khadim Bamba Tall membre de la République des Valeurs

thies24

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