Quelque 2,3 milliards de personnes dans le monde cuisinent encore en brûlant du bois, du charbon, du fumier séché ou d’autres déchets, principalement en Afrique. Ces combustibles provoquent pourtant chaque année 3,7 millions de morts, dont les premières victimes sont les femmes et les enfants. Pour s’attaquer à ces modes de cuissons délétères et promouvoir la « cuisson propre », l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a organisé un sommet à Paris, la capitale française mardi 14 mai 2024, où les représentants de 50 pays sont attendus.

Une odeur alléchante d’épices et d’oignons caramélisés se dégage d’une sorte de marmite directement branchée à l’électricité. « Je fais du riz frit. Là, j’ai fait revenir des oignons avec du curcuma et de la coriandre. J’utilise un autocuiseur haute pression, ce qui permet de cuire les aliments plus vite. L’idée, c’est que ça consomme moins d’énergie et donc que ça coûte moins cher aux personnes qui se font à manger », a confia à RFI, Elizabeth Chibuka qui préparait une recette ougandaise

Fours solaires, à hydrogène vert ou au bioéthanol…

Si les modèles innovants ne manquent pas, le passage à une utilisation à grande échelle reste difficile. Pour cause, le manque d’infrastructures, comme pour cette marmite qui nécessite un accès à l’électricité, ou l’absence de certaines filières, comme pour le réchaud à granulés écologique de Aart de Heer.

L’entreprise qui s’est exprimait dans des propos relayés par RFI a affirmé que, « si on pouvait réussir à concurrencer le charbon, alors on aurait un impact, parce que notre réchaud n’est pas polluant. Il fonctionne avec des granules qu’on cherche à faire fabriquer localement à base de biodéchets : sciures de bois, restes de canne à sucre, cosses de grain de café ou de riz…

Il y a plein de possibilités de biomasse inutilisée qu’on pourrait transformer en combustible ».

Selon l’Agence internationale de l’énergie, il manque 4 milliards de dollars chaque année pour développer des modes de cuisson moins nocifs pour la santé en Afrique d’ici à 2030. L’un des enjeux de ce sommet, à l’invitation de la Banque africaine de développement (BAD), de l’Agence internationale de l’énergie et des dirigeants tanzanien et norvégien, sera justement de réunir des fonds et de lancer des projets pour développer des modes de cuisson sain et non polluants.

La cuisson au charbon ou au bois a de graves implications pour la santé et l’environnement, a expliqué Daniel Wetzel, analyste à l’Agence internationale de l’énergie.

« Près d’un tiers de la population mondiale dépend encore de moyens de cuisson rudimentaires. C’est particulièrement le cas en Afrique subsaharienne, où quatre ménages sur cinq utilisent encore ces modes de cuisson traditionnels, ce qui pèse lourd sur la santé humaine. L’inhalation de la fumée serait la deuxième cause de décès pour les femmes et les enfants en Afrique aujourd’hui, si elle était comptabilisée séparément des autres vecteurs de décès », a avancé l’expert.

Selon RFI qui cite Daniel Wetzel, donner accès à des modes de cuissons propres au plus grand nombre permettrait ainsi de réduire d’environ 2,5 millions le nombre de décès prématurés en plus de mettre à mal l’un des principaux facteurs de déforestation en Afrique.

« Ce serait une économie de près de deux tiers du nombre d’heures passées à ramasser du bois de chauffage, ce qui aurait d’énormes répercussions sur le temps passé à l’école ou à poursuivre d’autres activités économiques, à cultiver la terre, à passer plus de temps avec la famille et la communauté.

Enfin, cela joue sur les émissions de gaz à effet de serre », a-t-il ajouté. Passer à des modes de cuisson propre permettrait, au total, d’éviter 1,5 milliard de tonnes de CO2 en Afrique d’ici à 2030. Soit autant que les émissions liées à l’aviation ou au transport maritime dans le monde.

 VivAfrik

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