Le Premier ministre, qui s’était montré intransigeant jusqu’alors, semble désormais prêt à négocier l’apurement de la dette intérieure. Cette nouvelle orientation vise à rassurer le secteur privé tout en préparant un « Pacte national de stabilité sociale »

Le chef du gouvernement ne cache pas la nécessité d’aboutir à ce qu’il appelle un Pacte national de stabilité sociale avec les partenaires sociaux, en tête desquels les syndicats des travailleurs. Pacte qui permettra d’éviter les grèves et arrêts de travail.

Pour le Patronat, l’apurement d’une bonne partie de la dette intérieure devrait l’amener à des bons sentiments.

Après ses sorties martiales envers le Patronat et les syndicats, le Premier ministre, sous l’instigation de son Président ?, a entrepris de mettre du bissap dans son eau. Le communiqué du Conseil des ministres d’hier, nous apprend que «le Premier ministre a pris bonne note des directives du chef de l’Etat, en exhortant le ministre des Finances et du budget à lui soumettre, dans les plus brefs délais, la stratégie d’apurement des engagements financiers de l’Etat vis-à-vis des entreprises».

Après avoir longtemps invoqué le besoin pour les différents partenaires de l’Etat d’être résilients au regard de la situation des finances du pays, le chef du gouvernement semble se faire à l’idée qu’il ne pourrait rien obtenir d’une machine à court de carburant.

Sans doute aussi s’est-il rappelé le discours du président du Conseil national du Patronat (Cnp), Baïdy Agne, lors de la rencontre tripartie au Grand Théâtre. M. Agne, dans son langage des plus policés, n’avait pas fait montre d’un grand optimiste, quand il a fait appel aux partenaires techniques et financiers «à maintenir leurs engagements pour permettre le plus tôt possible l’apurement progressif de la dette intérieure».

Pour indiquer à quel point la situation dans certaines entreprises était dramatique, le patron des patrons du Sénégal avait souligné la nécessité pour des entreprises d’avoir une idée des échéances de remboursement de leurs créances par l’Etat : «Si l’Entreprise a plus de visibilité sur les échéances de paiement, elle peut se réorganiser en conséquence pour maintenir les emplois et poursuivre ses activités et ses investissements.»

Sans doute qu’avant le prochain Conseil des ministres, des entreprises commenceront à recevoir des notifications de paiement de certaines créances. Les statistiques de l’Etat indiquent que la dette intérieure, à la fin 2024, était de plus de 3000 milliards de F Cfa. Celle due aux banques locales dépassait à l’époque, les 2500 milliards de francs Cfa, menaçant le fragile équilibre de l’économie nationale.

Cela explique d’autant le besoin de l’Etat, comme exprimé dans le compte-rendu du gouvernement, d’associer des entreprises du secteur des Bâtiments et travaux publics (Btp) à la relance de certains travaux d’infrastructures comme les écoles, universités et hôpitaux ainsi qu’au «démarrage des nouveaux chantiers». Ainsi, certainement, on verra des entreprises motivées et encouragées à postuler pour remporter les nouveaux marchés que l’Etat s’apprête sans doute à ouvrir.

Et pour faire bonne mesure, le gouvernement du Sénégal, avec l’approche du 1er mai, veut indiquer qu’il prend compte des revendications du monde du Travail, aux côtés des préoccupations du capital.

S’il veut se pencher avec diligence sur des points de revendications soulevés lors de la Rencontre tripartite et de ceux notés au cours de mouvements d’humeur de certains travailleurs, comme ceux de la Santé et de l’Enseignement supérieur, le gouvernement tient tout de même fort à son Pacte de stabilité. Une sorte de cessez-le feu avec les travailleurs, par rapport à certaines revendications.

Le communiqué note : «Le Premier ministre a rappelé l’urgence attachée à un dialogue social inclusif et sincère en vue de la conclusion d’un Pacte national de stabilité sociale, au plus tard le 1er mai 2025, avec l’objectif de parvenir à des décisions équilibrées pour répondre aux revendications tout en prenant en compte la situation économique et financière du pays.»

Situation du pays dont ils ne le diront jamais assez, est difficile, et a été «héritée du régime précédent», ainsi que l’a souligné le dernier rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances sous les mandats de Macky Sall.

lequotidien

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