Brûlures d’estomac, maladie de Crohn, colite ulcéreuse… Les seniors souffrant de ces pathologies présentent des taux plus élevés de solitude et de dépression.
Aux États-Unis, les adultes vivent de plus en plus longtemps, ce qui est bon pour l’espérance de vie, mais moins bon pour la santé digestive. Et pour cause, près de 40 % des personnes âgées déclarent vivre avec une maladie digestive.
« Beaucoup de gens ne réalisent pas que ces pathologies sont très courantes dans les soins ambulatoires. (…) Non seulement ces maladies sont débilitantes pour les millions de personnes qui en sont atteintes, mais leur traitement est également très coûteux », a déclaré la gastro-entérologue Shirley Ann Cohen-Mekelburg, spécialisée dans les maladies digestives, dans un communiqué.
« La solitude fait référence au sentiment subjectif de détresse d’être seul ou de manquer de compagnie »
Ces dernières années, les professionnels de santé se sont davantage intéressés aux raisons pour lesquelles tant d’Américains développent ces pathologies. Cependant, les approches actuelles de leur prise en charge ne tiennent pas compte des facteurs psychosociaux.
Dans une récente étude, Shirley Ann Cohen-Mekelburg et son équipe de chercheurs de l’université du Michigan (États-Unis) ont ainsi voulu comparer la fréquence de la solitude, de la dépression et de l’isolement social chez les personnes âgées atteintes ou non d’une maladie digestive et à quantifier leur association avec un mauvais état de santé.
Pour les besoins des travaux, parus dans la revue Clinical Gastroenterology and Hepatology, les scientifiques ont analysé les données d’une cohorte sur la santé et la retraite réalisée de 2008 à 2016.
Elle portait sur un échantillon représentatif d’environ 20.000 personnes âgées de 50 ans et plus ainsi que sur leurs conjoints. « Il est important de noter que la solitude fait référence au sentiment subjectif de détresse d’être seul ou de manquer de compagnie.
La corrélation entre la solitude et la dépression est bien établie », a expliqué Shirley Ann Cohen-Mekelburg. Cependant, la spécialiste ajoute que l’isolement social fait référence à la « séparation physique objective avec d’autres personnes, qui est indépendante du bien-être psychologique ».
« Par conséquent, certaines personnes vivent dans l’isolement mais sont bien intégrées, ne se sentent pas seules et font état d’un bien-être psychologique élevé. Mais d’un autre côté, il y a aussi des personnes qui sont socialement actives, mais qui souffrent d’un faible bien-être psychologique et de solitude. Et ce, bien qu’elles disposent d’un réseau social solide », a poursuivi la spécialiste.
Maladies digestives : 60,4 % des malades ont déclaré se sentir seuls
D’après les résultats, sur un ensemble de 7.110 participants, l’équipe a identifié 56 % de personnes atteintes d’une maladie digestive et 44 % sans maladie digestive. Les auteurs ont constaté que 60,4 % et 55,6 % des volontaires interrogés, atteints ou non d’une maladie digestive, ont déclaré se sentir seuls, tandis que 12,7 % et 7,5 % ont déclaré une dépression grave, et 8,9 % et 8,7 % ont déclaré un isolement social.
Autre observation : les seniors souffrant d’une maladie digestive étaient plus susceptibles de se déclarer en mauvaise ou en assez bonne santé que celles qui n’étaient pas touchées par des troubles digestifs. Parmi les malades, la solitude et la dépression modérée et sévère étaient associées à une plus grande probabilité de se déclarer en mauvaise santé.
Shirley Ann Cohen-Mekelburg espère que ces données permettront aux gastro-entérologues de « dépister la dépression et la solitude chez les patients », en plus de leurs symptômes physiques.
« En faisant cela, les praticiens peuvent mieux établir des parcours de soins pour le traitement de la santé mentale de leurs patients, ce qui est extrêmement important », a-t-elle conclu.
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