À Ziguinchor, en Casamance, la récurrence des feux de brousse et la coupe illégale de bois représentent des menaces considérables pour la pérennité du produit labellisé « maad de Casamance ». Ce fruit sauvage, provenant du Saba senegalensis (nom local « maad » en wolof), est au cœur d’une filière économique florissante et a récemment obtenu l’Indication Géographique Protégée (IGP) par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI).
Cependant, ces menaces environnementales risquent de compromettre l’avenir du « maad » ainsi que celui de cette filière de production et de transformation qui fait la fierté du Sénégal.
Pape Tahirou Kanouté, directeur exécutif de l’ONG ETDS (Économie territoires et développement services), a soulevé ces préoccupations lors d’une exposition de produits locaux à Ziguinchor.
Selon lui, bien que le « maad de Casamance » soit devenu un produit emblématique du Sénégal, il fait face à de nombreux défis environnementaux. « Aujourd’hui, les incendies de brousse et la coupe illégale de bois sont des fléaux qui affectent directement la croissance du « maad », un arbre fruitier dont les lianes s’enroulent autour des troncs d’arbres », a-t-il expliqué.
Les feux de brousse, qui dévastent souvent la végétation de la région, ont un impact dévastateur sur cette espèce végétale, particulièrement en période de sécheresse.
En plus des incendies, la coupe abusive des arbres pour le bois de chauffe et la vente illégale continue d’affecter la disponibilité des lianes et donc la production du fruit « maad », qui fait partie de la famille des Apocynacées.
Pour faire face à cette situation, les acteurs de la filière, y compris les cueilleurs, les transformateurs et les distributeurs, ont créé l’Association pour la protection et la promotion de l’indication géographique du « maad de Casamance » (APPIGMAC). Cette association œuvre pour la protection de l’espèce, la promotion du label et la commercialisation du produit tout en garantissant la qualité et l’authenticité de cette ressource.
M. Kanouté a rappelé que l’idée de labelliser le « maad de Casamance » a émergé d’un séminaire organisé à Cap Skirring en 2017, à la demande des femmes transformatrices de la région. Lors de cet événement, des participants venus de 30 pays africains et européens ont échangé sur l’importance de l’indication géographique pour la protection des produits locaux. Après sept années de démarches, le fruit « maad de Casamance » a enfin obtenu son label avec l’IGP le 25 juin 2024.
L’indication géographique, selon M. Kanouté, est une forme de propriété intellectuelle qui vise à protéger le nom d’un produit dont la qualité ou la réputation est liée à son origine géographique. Grâce à cette certification, le « maad de Casamance » ne peut désormais plus être transformé et commercialisé sous ce nom par d’autres producteurs non originaires de la région.
Henri Fall Carvalho, directeur des Petites et Moyennes Entreprises du Sénégal, a souligné que ce label représente une grande opportunité pour le pays.
Il a estimé que ce produit, désormais protégé par l’IGP, peut être vendu à un prix largement supérieur sur les marchés internationaux, renforçant ainsi l’économie locale et la compétitivité des entreprises sénégalaises.
Il a également souligné que cette indication géographique est synonyme de qualité et d’authenticité, des critères essentiels pour réussir sur le marché global.
Enfin, le « maad de Casamance », également connu sous d’autres noms comme « zaban » en bambara et dioula, ou « malombo » au Congo, continue d’être une fierté pour le Sénégal et un symbole de la richesse écologique et culturelle de la région de Casamance.
VivAfrik