C’est une véritable descente aux enfers pour Macky Sall. Depuis qu’il a quitté précipitamment le pouvoir, il est dans le viseur du nouveau régime. Au sein du Parti des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF), on cherche les voies et moyens pour le juger.

L’ancien locataire du Palais a perdu à son propre jeu. Avec la loi d’amnistie, il pensait avoir pioché la bonne carte.

Le 6 mars 2024, l’Assemblée nationale a voté une loi d’amnistie.

Celle-ci couvre « tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques, y compris celles faites par tous supports de communication, que leurs auteurs aient été jugés ou non ».

L’ancien président Macky Sall avait ainsi réussi à assurer ses arrières et celles de ses partisans. Grâce à cette loi, de nombreux patriotes ont aussi pu recouvrer la liberté.

Mais cette loi continue de faire polémique sous le régime de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, tous les deux bénéficiaires de cette loi. Le débat sur l’amnistie est ravivé par deux membres de la nouvelle mouvance présidentielle. Intervenant sur la question, le nouveau président de l’Assemblée nationale avait demandé une abrogation partielle.

« Je ne suis, certes, pas juriste, mais une abrogation partielle serait mieux, car je pense que les crimes de sang ne doivent pas être amnistiés. De même, des gens qui n’ont absolument rien fait n’ont pas à être amnistiés. Je ne peux citer tous les cas, mais ils sont nombreux.

À ces gens-là, justice doit être rendue », avait déclaré El Malick Ndiaye.

Mais pour Aminata Touré, l’abrogation de l’amnistie est impérative. «La première [priorité] devrait être l’abrogation de la loi sur l’amnistie des crimes survenus au Sénégal entre 2021 et 2023, des événements durant lesquels près de quatre-vingts manifestants ont trouvé la mort, selon les organisations de la société civile», a dit l’ancienne première ministre.

Elle insiste sur la nécessité d’identifier et de juger les responsables de ces violences, estimant qu’il ne peut y avoir de réconciliation sans justice.

Une position qui rejoint celle du premier ministre.

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Mimi (G) et Sonko (D) pour l’abrogation de la loi d’amnistie

« Ces victimes ne peuvent pas être oubliées.

C’est pourquoi, le 17 novembre, après avoir conquis une majorité écrasante à l’Assemblée nationale, l’abrogation de la loi d’amnistie fera partie des premières décisions », disait Ousmane Sonko.

Maintenant que le parti des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) à la majorité, tout porte à croire que ce projet et celle relative à la mise en place de la haute Cour de justice sont en marche.

Et la première cible des «pastéfiens» c’est Macky Sall. Il est vu comme le principal responsable de ces morts.

Mais ce chantier est loin d’être une mince affaire. Ousmane Sonko et ses hommes risquent de se heurter aux réalités juridiques d’une loi qui a sauvé beaucoup de patriotes.

« Ils n’ont qu’à essayer d’abroger la loi d’amnistie.

C’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire et c’est une spécialiste qui vous parle, sous le contrôle de mes confrères. En droit pénal, il y a ce qu’on appelle l’intangibilité des droits acquis et la non-rétroactivité des lois.

Certaines personnes bénéficient de la loi d’amnistie, particulièrement l’actuel président de la République et son Premier ministre, qui sont sortis de prison grâce à cette loi.

Et la non-rétroactivité ne permet pas à une loi qui abroge cette loi d’amnistie de rétroagir et d’aller chercher des actes couverts par celle-ci », a expliqué Me Aïssata Tall Sall.

Me Aïssata Tall Sall

La bataille juridique entre Pastef et les membres de l’APR est lancée.

Chacun des deux bords tente de persévérer ses acquis. Le parti Sonko veut traîner Macky Sall devant les tribunaux pour ses crimes présumés. Les hommes de Macky Sall font tout pour éviter le mauvais procès que certains leur font.

Entre les deux camps, le plus grand perdant n’est autre que Macky Sall, prédécesseur du président Bassirou Diomaye Faye à la présidence de la République.

Macky Sall paie les conséquences de ses propres turpitudes.

Pour sortir par la grande porte, il a pactisé avec le diable. En négociant avec l’ancien chef de l’opposition radicale, il pensait couvrir ses arrières. Malheureusement, c’est sans compter sur Ousmane Sonko qui veut prendre sa revanche.

Le patron de l’APR peut tout faire mais il n’échappera pas au destin que lui réservent les patriotes. C’est une question d’honneur pour eux. Pour les partisans de Sonko, si Macky n’est pas traduit en justice, ce sera un échec !

Voilà ce qui arrive quand on négocie avec son ennemi.

Macky Sall l’aura appris à son dépens. Ses erreurs rattrapent ses partisans. Certains sont obligés de se terrer comme des voleurs. D’autres ont migré vers le parti au pouvoir pour éviter de tomber avec lui. Une situation qui pouvait être évitée s’il avait soutenu son candidat.

xibaaru

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