Le pétrole et le gaz feront de l’eau notre source précieuse de richesse pour l’agriculture, l’élevage et l’aquaculture…Par Mary Teuw Niane

Cultiver douze mois sur douze est un défi impossible jusqu’à présent sur la majeure partie du territoire national. Même là où cela est actuellement possible, la vallée du fleuve Sénégal, nous peinons à en assurer la pérennité: l’alternance des cultures de contre saison avec les cultures d’hivernage n’arrive pas à se faire correctement.

Les pasteurs sont chaque année confrontés à la question de l’accès à l’eau et aux grands déplacements des troupeaux à la recherche des pâturages.

Il n’y a pas jusqu’à présent une politique systématique d’accompagnement des pasteurs pour la culture des fourrages et leurs conservations.

Évidemment, les pasteurs font plus confiance à la traditionnelle transhumance en saison sèche. Ces déplacements hypothèquent l’éducation des enfants. Le Sénégal n’a pas de politique spécifique pour les enfants de nomades comme l’ont avec le soutien de l’UNICEF certains pays de la sous-région.

L’eau demeure une préoccupation des pasteurs et de leurs femmes. Dans le Jolof les femmes sont devenues expertes dans la conduite des charrettes à cause de cette question de l’eau. Il n’est pas rare de rencontrer une jeune belle femme, fouet à la main, debout sur sa charrette filant à grande vitesse!

Pourtant des opportunités de transfert d’eau existent. Là ré-alimentation des vallées fossiles du Ferlo, la construction du canal du Baol et d’autres possibilités à partir du Lac de Guiers.

Chaque année le Fleuve Sénégal rejette en pure perte des milliards de mètres cubes d’eau. L’OMVS devrait permettre au Sénégal et à la Mauritanie d’exploiter cette eau précieuse pour l’agriculture, l’élevage, l’aquaculture et pour les besoins domestiques ou industriels.

Le Sénégal dispose d’importantes nappes souterraines.

Mise à part les quelques bassins de rétention construits, nous n’avons pas une véritable politique de récupération de l’eau de pluie aussi bien au Nord, au Centre et au Sud du pays.

Il faut des moyens techniques pour l’exhaure de l’eau, des stations de pompage, des forages, des motopompes de toute sorte, des conduites pour le transport et la distribution de l’eau, des dispositifs d’irrigation goutte à goutte ou d’aspersion, des équipements pour des serres, etc.

La récupération de l’eau doit aller avec une politique systématique d’économie d’eau pour sauvegarder les nappes phréatiques comme les eaux de surface. Elle doit aussi aller avec une politique environnementale sérieuse pour éviter la pollution des nappes phréatiques et des eaux de surface par les engrais, les pesticides, etc., la salinisation des sols, la prolifération des plantes envahissantes, etc.

Cette démarche entraine une transformation qualitative de notre agriculture, de notre élevage et une réelle montée en puissance de l’aquaculture.

Elle doit s’accompagner d’une politique de formation massive des jeunes dans différents niveaux CAP, BEP, BT, BTS, DISEP, DUT, Licence, Master, Ingénieurs et Doctorat dans tous les domaines qu’impliquent cette transformation.

Elle devra donner naissance à la création d’un écosystème d’entreprises de fabrication d’équipements, de maintenance, de services, de transformation, de conservation, etc.

Le pétrole et le gaz offrent une opportunité extraordinaire au Sénégal de faire ce saut qualificatif en utilisant le pétrole et le gaz comme un levier de construction de secteurs économiques durables qui vivront à la fin de l’exploitation du gaz et du pétrole.

Le pétrole et le gaz vont fournir des ressources pour l’investissement dans le secteur de l’agriculture, de l’élevage et de l’aquaculture.

Le pétrole et le gaz vont entraîner la baisse du prix de l’électricité pour l’industrie et les ménages, la baisse du coût des bonbonnes de gaz pour les ménages entraînant dans un délai raisonnable l’arrêt des coupes de bois et le démarrage de la reconstitution de nos forêts au grand bénéfice des éleveurs et de l’environnement.

Le coût du mètre cube d’eau va aussi baisser favorisant l’accès universel à l’eau potable et la baisse des coûts de production pour les agriculteurs.

Le pétrole et le gaz doivent nous pousser en urgence à la construction d’usines de pétrochimie pour la production locale d’engrais comme l’urée, les conduites d’eau de toute sorte et les toiles pour les serres, etc. Ces matériaux doivent voir leurs prix baisser et favoriser l’équipement des paysans qui pourront ainsi travailler toute l’année. Ils n’auront plus besoin de venir dans les grandes villes chercher du travail durant la saison sèche.

Le Sénégal pourra comme le Maroc , les Îles Canaries et le Kenya non seulement satisfaire ses besoins en produits agricoles et pastoraux de qualité mais assurer une exportation à forte valeur ajoutée comme certains agrumes et certaines fleurs.

La disponibilité de l’eau, d’un plateau technique relevé, d’un capital humain de qualité et d’investissement doivent faire de notre agriculture, de notre élevage et de notre aquaculture des secteurs majeurs de notre économie et du bien-être des sénégalaises et des sénégalais.

C’est maintenant, avant que le pétrole et le gaz n’arrivent, que les stratégies doivent être élaborées.

NB: c’est un début de réflexion, je vous invite à apporter vos contributions.

Dakar, jeudi 25 août 2022

Mary Teuw Niane

xibaaru

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