L’ordination épiscopale de Monseigneur (Mgr) Jean Baptiste Valter Manga, évêque nommé de Ziguinchor, est prévue ce samedi 23 novembre au petit séminaire Saint-Louis de Ziguinchor.

A la suite de cette cérémonie, Mgr Manga prendra possession de son office en la cathédrale Saint-Antoine de Padoue au cours d’une messe le lendemain. En attendant le sacre, abbé Roger Gomis, du diocèse de Dakar, revient sur la trajectoire providentielle de Mgr Manga. Portrait !

Entre rizières et pâturages du Kassa, dans le département d’Oussouye, s’élève un homme.

Mgr Jean-Baptiste Valter Manga n’est pas seulement le nouveau visage de l’église diocésaine de Ziguinchor. Il est aussi l’incarnation vivante d’une promesse : celle d’une foi enracinée dans sa terre natale, nourrie par l’histoire de son peuple et portée par une grâce inébranlable.

Dans les terres ancestrales du Kassa, entre Carounate et Oukout, se dessine le portrait d’un homme dont le destin dépasse les horizons villageois.

Mgr Jean-Baptiste Valter Manga, cinquième évêque du diocèse de Ziguinchor, incarne une histoire où la grâce divine et l’engagement personnel se rencontrent.

Les racines de sa vocation plongent dans un terreau familial unique.

Son père, Etienne Manga, né dans la religion traditionnelle, s’est converti au catholicisme lors de son service militaire en France. Sa mère, Lucie Assine, est issue de l’une des premières familles catholiques d’Oukout. Un métissage culturel et spirituel qui marquera profondément sa jeunesse.

Son enfance à Oussouye se tisse entre tradition et foi.

Pendant que les autres enfants jouent, Jean-Baptiste partage son temps entre l’école et le pâturage. Passionné par la garde du troupeau familial, il développe très tôt un sens aigu de la responsabilité. Plus tard, les rizières viendront compléter ses occupations hivernales, façonnant sa résilience et son rapport à la terre.

En 1986, un premier pas décisif : admis en 6e au Séminaire Saint-Louis de Ziguinchor, il commence un parcours qui le conduira progressivement vers sa mission.

Son passage au séminaire ne sera pas qu’académique. Déjà, sa passion pour l’écriture et le journalisme se manifestent. Avec son compagnon Habib Ampa Dieng, il crée plusieurs journaux satiriques : « Ukaanaal Bu », « La Lorgnette », « Wagaan le téméraire », révélant un esprit critique et créatif.

Ordonné diacre le 2 janvier 2000, puis prêtre le 28 décembre de la même année, il devient formateur au séminaire Saint Louis.

(Un diacre occupe une fonction de service c’est-à-dire qu’il assiste l’évêque ou le prêtre à la célébration de la messe.) Ses talents d’enseignant le portent à transmettre les mathématiques et les sciences naturelles. Parallèlement, il anime des émissions religieuses à la radio et préside la commission des vocations de 2004 à 2006.

Conscient de ses capacités intellectuelles et de sa soif de connaissance, Mgr Maixent Coly, son évêque d’alors, le pousse vers de nouveaux horizons.

En France, il approfondit sa formation. Une licence canonique en théologie biblique au Collège des Bernardins, puis une thèse en ethnologie-anthropologie à l’EHESS sur la royauté à Oussouye, démontrent sa capacité à croiser savoirs académiques et traditions locales.

Successivement Curé de la paroisse Saint Benoît de Néma, Curé doyen de Ziguinchor, professeur d’anthropologie, Vicaire épiscopal, il accumule les responsabilités avec une constance remarquable. En octobre 2023, il devient Vice-Recteur du Grand Séminaire Saint Jean Marie Vianney de Brin, dernière étape avant son élévation épiscopale.

Le 20 juin 2024 marque un tournant décisif : Mgr Jean-Baptiste Valter Manga est officiellement nommé cinquième évêque du diocèse de Ziguinchor.

Cette nomination, qui survient alors qu’il est Vice-Recteur du Grand Séminaire Saint Jean-Marie Vianney de Brin et Vicaire dominical à la paroisse du Bon Pasteur d’Enampore, ne fait que confirmer ce que sa trajectoire laissait pressentir : un homme façonné par sa terre, son histoire et sa foi, désormais appelé à guider tout un diocèse.

Le choix du Pape François de le placer à tête du diocèse de Ziguinchor se révèle comme une évidence providentielle.

Comment mieux comprendre cette grâce divine sinon en contemplant les symboles qu’il a lui-même choisis pour ses armoiries ? En effet, chaque élément raconte déjà sa mission pastorale. Le rônier, arbre majestueux de sa terre natale, symbolise le soutien, la protection et la nourriture – trois piliers de sa mission pastorale.

Le berger avec son bâton rappelle son enfance mais évoque surtout sa nouvelle mission : guider, protéger et rassembler son troupeau avec bienveillance. Le riz et le kadiandou, outils traditionnels de la culture locale, représentent le travail et la persévérance nécessaires pour nourrir tant les corps que les âmes.

Cette symbolique puissante révèle un homme profondément ancré dans sa culture, conscient des défis de sa mission, mais confiant dans la grâce divine, comme le rappelle sa devise épiscopale “Dieu fait grâce” (Lc 1,13). Son parcours, du jeune berger de Carounate à l’évêque de Ziguinchor, témoigne de ce don qu’il reconnait avec humilité.

Alors qu’il s’apprête à devenir le cinquième évêque de Ziguinchor, Mgr Manga apporte avec lui la richesse de son héritage culturel, la profondeur de sa formation intellectuelle, et la force de sa foi. Son histoire nous rappelle que les grands arbres, comme le rônier de ses armoiries, puisent leur force dans leurs racines profondes pour mieux s’élever vers le ciel.

Le 23 novembre 2024 marquera certainement plus qu’une ordination : l’accomplissement d’un parcours où chaque expérience a préparé cet homme à sa mission.

Mgr Manga n’est pas seulement un évêque.

Il est également un récit vivant, un témoignage que les chemins se tracent par-delà nos imaginaires les plus étroits. Un berger est né, un évêque est là, et avec lui, toute une communauté s’apprête à écrire une nouvelle page de son histoire.

sudquotidien

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