L’agence de notation Moody’s a récemment abaissé la note souveraine du Sénégal de B2 à B3, tout en passant la perspective de « stable » à « négative ». Cette décision reflète les préoccupations croissantes concernant la capacité du pays à gérer ses défis économiques et financiers dans un contexte mondial incertain.

Cette dégradation soulève des questions sur la résilience de l’économie sénégalaise et ses perspectives à court et moyen terme.

La dette publique du Sénégal a augmenté de manière significative ces dernières années, dépassant 70 % du PIB. Cette hausse est principalement due à des investissements massifs dans des projets d’infrastructure et à l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les finances publiques. Bien que ces investissements soient nécessaires pour soutenir la croissance à long terme, ils ont alourdi le fardeau de la dette.

Les dépenses liées à la pandémie, combinées à une baisse des recettes fiscales, ont fragilisé les finances publiques.

Malgré une reprise économique post-pandémie, les marges budgétaires restent limitées, ce qui expose le pays à des risques de déficit.

Le Sénégal reste fortement dépendant des matières premières, notamment du pétrole et du gaz, dont les prix sont volatils sur les marchés internationaux. Cette dépendance expose l’économie à des risques externes, notamment en cas de baisse des cours mondiaux.

Une part importante de la dette sénégalaise est libellée en devises étrangères, ce qui expose le pays aux fluctuations des taux de change et à une hausse des coûts de refinancement dans un contexte de resserrement monétaire mondial.

Le passage à une perspective négative indique que Moody’s considère qu’il existe un risque significatif de nouvelle dégradation de la note souveraine dans les 12 à 18 mois à venir, si les défis économiques et financiers ne sont pas maîtrisés.

Les implications de la dégradation
La dégradation de la note souveraine à B3 avec une perspective négative a plusieurs implications pour le Sénégal :

_Une note plus basse signifie que le Sénégal devra payer des taux d’intérêt plus élevés pour emprunter sur les marchés internationaux. Cela augmentera le coût de la dette et réduira la marge de manœuvre budgétaire du gouvernement.

_La perspective négative pourrait décourager les investisseurs étrangers et affecter les flux de capitaux vers le pays.

_Cela pourrait également compliquer l’accès au financement pour les projets de développement.

_Avec une dette extérieure importante, le Sénégal pourrait faire face à des pressions sur ses réserves de change, surtout si les conditions mondiales continuent de se détériorer.

Si les défis économiques ne sont pas rapidement adressés, une nouvelle dégradation de la note souveraine pourrait survenir, ce qui aggraverait encore la situation financière du pays.

Pour éviter une nouvelle dégradation et stabiliser sa situation économique, le Sénégal devra relever plusieurs défis :

_Le gouvernement doit mettre en place des mesures pour stabiliser et réduire le ratio dette/PIB, notamment en rationalisant les dépenses publiques et en améliorant l’efficacité des investissements.

_Réduire la dépendance aux matières premières en développant d’autres secteurs, tels que l’agriculture, les services et l’industrie manufacturière, est essentiel pour renforcer la résilience économique.

_Renforcer la collecte des impôts et lutter contre l’évasion fiscale permettraient d’augmenter les recettes publiques et de réduire le déficit budgétaire.

_Le Sénégal doit se prémunir contre les chocs externes en renforçant ses réserves de change et en diversifiant ses sources de financement.

Malgré ces défis, le Sénégal dispose de plusieurs atouts pour surmonter cette période difficile :

_Les champs pétroliers et gaziers offshore, notamment celui de Grand Tortue Ahmeyim, devraient entrer en production dans les prochaines années, boostant les recettes publiques et les exportations.

_Le Sénégal a affiché une croissance économique solide ces dernières années, soutenue par des secteurs dynamiques comme les services et l’agriculture.

_Le pays bénéficie du soutien d’institutions financières internationales comme le FMI et la Banque mondiale, ainsi que de partenaires bilatéraux, ce qui pourrait l’aider à naviguer dans cette période difficile.

_La dégradation de la note souveraine du Sénégal à B3 avec une perspective négative par Moody’s est un signal d’alarme sérieux pour les autorités sénégalaises.

Malgré ces défis, le Sénégal dispose d’atouts importants, notamment des projets pétroliers et gaziers prometteurs et une croissance économique résiliente. La manière dont le pays gérera ces défis déterminera sa capacité à rétablir la confiance des investisseurs et à garantir une croissance durable à long terme.

Cette révision prend en compte la nouvelle note (B3) et la perspective négative, tout en soulignant les risques et les opportunités pour l’économie sénégalaise.

La Cour des Comptes a dressé il y a quelques jours une liste de « manquements, anomalies et irrégularités » ayant affecté la trésorerie de l’Etat, tout en invalidant les chiffres officiels publiés sous l’ancien pouvoir, notamment sur la dette et le déficit budgétaire et aux dérives financières de la présidence de Macky Sall (2012-2024).

dakar-echo

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