Le Sénégal consacre chaque année près de 100 milliards FCFA pour subventionner les intrants agricoles dont l’essentiel est consacré aux engrais (39 milliards) et les semences (28 milliards)

Cependant, cette subvention connait des distorsions pour atteindre les véritables cibles que sont les ménages ruraux. Ainsi, elle n’a pas permis d’augmenter la production en terme d’emblavement des terres ni la productivité en terme d’augmentation des rendements.

Pour une meilleure efficacité des fonds injectés dans l’agriculture, il faut changer de paradigme de soutien à l’agriculture en opérant une rupture sur les mécanismes de subvention et de financement.

Partant des chiffres de la DAPSA, le Sénégal compte 755.500 ménages ruraux (soit 1 ménage sur 2).

Même dans l’hypothèse que la subvention agricole actuelle touche tous les ménages ruraux, on arrive à la modique somme de 135.363 FCFA par ménage.

Les fonds publics consacrés à l’agriculture sont ainsi très faibles d’où la nécessité de trouver des mécanismes innovants pour augmenter les superficies emblavées et la productivité de notre agriculture sous l’effet de l’intensification.

QUELQUES PROPOSITIONS

Pour atteindre la souveraineté alimentaire, il faut forcément augmenter les superficies avant de penser augmenter la productivité.

Pour cela, les mesures suivantes sont proposées :

1. Augmenter les superficies irriguées en mettant l’accent sur les aménagements hydroagricoles collectifs sous forme de forage (pour les eaux souterraines), aménagements de casiers et station de pompage (pour les eaux de surface).

L’Etat prendra en charge les investissements collectifs (système d’exhaure et conduite principale) et accompagnera les producteurs ruraux dans la gestion collective de ces infrastructures, Ce sera tout le sens de la création du Secrétariat d’Etat aux coopératives qui aura en charge l’organisation des producteurs ;

2. Subventionner jusqu’à 80% les kits d’irrigation pour augmenter les superficies emblavées en cultures irriguées, afin de se départir progressivement de la dépendance de notre agriculture à la pluie.

Les subventions seront déboursées par l’Etat après réalisation des équipements en partenariat avec les banques locales qui sur la base d’un dossier d’approbation de la subvention peuvent accorder des crédits aux producteurs. Ces subventions joueront le rôle d’effet de levier pour le financement des intrants par les banques locales

3. Financer par le crédit bancaire les intrants agricoles à travers les banques locales domiciliataire des ressources de l’Etat sous couvert de la garantie souveraine ou des fonds de garantie mis en place par l’Etat (FONGIP)

4. Pour une meilleure implication des banques locales dans le financement de l’agriculture, organiser des séminaires de formation des banquiers sur les schémas de financement du secteur agricole ;

5. Mettre en place au niveau des banques des mécanismes innovants de financement comme le crédit bail pour le financement du matériel agricole et le nantissement des stocks. Ce dernier mode de financement permettra de réguler les marchés et assurer un prix rémunérateur aux producteurs et garantir le remboursement des crédits.

Toutes ces mesures seront accompagnées par une approche chaine de valeur pour assurer des débouchés aux produits agricoles à travers la promotion par l’Etat du Sénégal, de champions nationaux pour la transformation, la conservation et la commercialisation des produits agricoles.

Maderpost

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