Fréquente chez les enfants, l’otite touche aussi les adultes. En cause : les variations de la pression atmosphérique ou une infection venue du nez ou de la gorge. Les mesures de prévention sont efficaces en cas d’otites récidivantes.

Que signifie « otite moyenne » ?

L’oreille se divise en trois parties : moyenne, interne et externe.

L’oreille externe comprend le pavillon et le conduit auditif jusqu’au tympan.

L’oreille interne, c’est le nerf auditif et la cochlée.

L’oreille moyenne, entre les deux, est composée de petites cavités remplies d’air, situées juste derrière le tympan. La pression de l’air y est équilibrée par la trompe d’Eustache, un conduit qui relie cette zone à l’arrière-gorge. « Lorsque nous déglutissons, la trompe d’Eustache s’ouvre pour rétablir la pression de l’air », explique le Dr Jean-Marc Juvanon, oto-rhino-laryngologiste, membre du bureau de la Société française ORL et de chirurgie de la face et du cou.

Quand cette partie de l’oreille s’enflamme ou s’infecte – la fameuse otite moyenne aiguë – les cavités se remplissent de liquide ou de pus. L’air étant chassé, les pressions ne sont plus équilibrées et le tympan ne vibre plus correctement.

Comment attrape-t-on une otite ?

L’oreille moyenne est sensible aux variations de la pression atmosphérique, par exemple quand on prend l’avion ou lors d’une plongée sous-marine.

Elle est également sujette aux infections, car les virus et les bactéries qui colonisent le nez et la gorge peuvent la rejoindre facilement. De fait, l’otite moyenne aiguë survient souvent à la suite d’une infection respiratoire, un rhume ou une rhinopharyngite par exemple.

Quand cette zone est irritée, la muqueuse de l’oreille moyenne s’enflamme et, par réaction, sécrète un liquide. En fonction de son épaisseur, on parle d’otite moyenne séreuse ou séro-muqueuse.

Si ce liquide entre en contact avec des bactéries venues du nez ou de la gorge, il peut s’infecter et se transformer en pus. On parle d’otite purulente. L’accumulation de pus dans les cavités de l’oreille moyenne risque, à l’extrême, de perforer le tympan.

Otite virale ou bactérienne ?

Le plus souvent, l’otite moyenne aiguë est d’origine bactérienne. Deux germes sont principalement en cause : le pneumocoque et l’haemophilus, des bactéries par ailleurs responsables de méningites. « Depuis que les vaccins contre ces bactéries sont devenus obligatoires, on voit baisser le nombre d’otites », constate le Dr Juvanon.

Pourquoi l’otite moyenne est-elle si douloureuse ?

En réalité, la douleur n’est pas systématique. Elle dépend du stade de la maladie :

Au stade d’otite moyenne séreuse ou séro-muqueuse, lorsque le liquide qui s’est répandu n’est pas infecté « il n’y a pas encore de douleur », explique le Dr Juvanon.

La douleur dans l’oreille survient quand le liquide infecté, le pus, exerce une forte pression sur le tympan.

Quels sont les symptômes de l’otite ?

La douleur est le symptôme le plus connu. Chez les tout-petits, elle n’est pas difficile à reconnaître. « On pense forcément à une otite moyenne aiguë chez un enfant qui se tient l’oreille, pleure beaucoup, a de la fièvre, ne dort pas bien et ne mange plus, a fortiori si du pus s’écoule de l’oreille », constate le médecin ORL.

Une baisse d’audition peut également alerter. Le tympan ne pouvant plus vibrer correctement, les sons parviennent assourdis. Après la guérison, tout rentre dans l’ordre.

La fièvre n’est pas systématique. Elle concerne davantage l’otite moyenne de l’enfant que celle de l’adulte.

Pourquoi les enfants ont-ils plus d’otites que les adultes ?

Les otites sont très fréquentes chez les jeunes enfants car leur système immunitaire, encore immature, ne les défend pas suffisamment. Les bébés accueillis en crèche, exposés à de multiples microbes, attrapent facilement des otites.

Par ailleurs les végétations adénoïdes (des excroissances qui se situent en arrière du nez) gonflent chez certains enfants jusqu’à obstruer la trompe d’Eustache. La pression de l’air dans l’oreille moyenne n’est plus correctement régulée, ce qui favorise l’apparition d’une otite. L’ablation des végétations est d’ailleurs recommandée chez les enfants sujets aux otites à répétition.

Comment savoir si c’est une otite moyenne aiguë ?

Pour diagnostiquer l’otite moyenne aiguë, le médecin introduit un appareil appelé otoscope dans le conduit auditif, afin d’examiner le tympan. « En cas d’otite, le tympan apparaît opaque alors qu’il est normalement transparent. Dans certains cas, on voit le liquide au travers. À l’otoscopie, on voit aussi que le tympan a changé de forme. Sous la pression du liquide, il est bombé vers l’extérieur », explique le Dr Juvanon.

Cet examen, réalisable au cabinet du médecin généraliste, n’est pas facile à pratiquer sur un enfant qui souffre, surtout si un bouchon de cérumen obstrue le conduit auditif. Dans ce cas, le Dr Juvanon conseille de consulter un médecin ORL, mieux équipé qu’un généraliste. « À l’aide d’un micro-aspirateur, l’ORL aspire les sécrétions : le cérumen ou le pus », explique le Dr Juvanon.

Pourquoi faut-il soigner une otite moyenne aiguë ?

Une otite simple guérit spontanément, sans traitement antibiotique, en quelques jours. Mais les épisodes à répétition doivent être pris au sérieux car, à force d’abîmer le tympan, « ils peuvent entraîner à la longue une surdité définitive », constate le Dr Juvanon. Il rappelle également que : « avant l’avènement des antibiotiques, 10 % des otites se transformaient en mastoïdites, avec un risque d’abcès derrière l’oreille voire d’abcès cérébral. » Aujourd’hui, ces complications très graves ont pratiquement disparu.

Comment soigner une otite moyenne aiguë ?

En cas d’otite, le médecin prescrit un traitement antibiotique (amoxicilline ou céphalosporine). « Dans l’idéal, il faudrait attendre 48 heures après le diagnostic d’otite avant de prescrire un antibiotique car certaines otites guérissent spontanément. Mais, en pratique, ce délai n’est pas souvent respecté », observe le Dr Juvanon.

Si ce premier traitement ne suffit pas à guérir l’otite, il est parfois nécessaire de percer le tympan à l’aide d’une lancette pour laisser le pus s’écouler, ce qui va rapidement soulager la douleur. Au cours de cette paracentèse, un prélèvement de liquide est effectué. L’analyse va permettre d’identifier précisément le germe responsable de l’infection et d’ajuster le traitement.

Cette paracentèse, qui peut être douloureuse, a laissé de mauvais souvenirs chez certaines personnes. Mais le Dr Juvanon est rassurant : « Aujourd’hui, elle est de moins en moins pratiquée car les antibiotiques prescrits en première intention sont en général efficaces. »

Une otite, est-ce contagieux ?

« L’otite devient contagieuse à partir du moment où l’oreille se met à couler. Le pus contient des microbes qui peuvent contaminer l’entourage », répond le Dr Juvanon. En l’absence d’épanchement, ce n’est pas l’otite qui est contagieuse mais l’infection qui en est à l’origine (rhume, rhinopharyngite…).

Otite moyenne aiguë : quel risque de récidive ?

Chez les enfants, les récidives d’otites sont très fréquentes, en particulier chez les petits de moins de trois ans accueillis en collectivité. Le problème, c’est qu’à force de multiplier les traitements antibiotiques, on risque de sélectionner des germes résistants. Mieux vaut prendre quelques mesures préventives.

Contre les otites, quelle prévention possible ?

Premier conseil à destination des parents fumeurs : arrêter le tabac. L’exposition à la fumée de cigarettes irrite les voies respiratoires ce qui, indirectement, favorise les otites.

Certains enfants souffrent de reflux gastro-œsophagien (RGO). « Quand le liquide gastrique remonte dans la gorge, il entraîne une inflammation qui favorise l’inflammation de l’oreille », explique le Dr Juvanon. Un traitement efficace de ce RGO réduit le risque d’otites.

Il faut aussi apprendre aux enfants à se moucher. Cette hygiène du nez les préserve, dans une certaine mesure, des infections ORL.

Enfin, la pose d’un « yoyo », sous anesthésie, soulage l’enfant pendant plusieurs mois. Concrètement, cet aérateur transtympanique « permet une aération permanente de l’oreille moyenne. Il diminue le nombre d’otites chez les enfants à risque », précise le médecin ORL.

santemagazine

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