Ce jeudi, à la maison de la presse Babacar Touré, l’Union nationale des photojournalistes du Sénégal (Unpjs) a initié une rencontre d’échanges autour des enjeux de la couverture médiatique de la Présidentielle.
Des échanges animés par des éléments de la police et de la gendarmerie, et des professionnels de la prise de vue, qui sont souvent les premières victimes, en cas de heurts.
Assurer ou rétablir l’ordre public et filmer ou photographier pour les besoins de l’information, voilà deux impératifs professionnels que les photojournalistes et les Forces de défense et de sécurité veulent concilier. Sans heurts. Ce jeudi, à la Maison de la presse Babacar Touré, l’Union nationale des photojournalistes du Sénégal (Unpjs) a tenu une rencontre d’échanges sur le thème «Prise de vue et diffusion d’images : les limites d’une clause de conscience», en perspective de l’élection présidentielle du 25 février 2024.
La première conférence (9h-13h), animée par le Lieutenant-Colonel Ibrahima Ndiaye, est surtout axée sur la cohabitation entre professionnels de l’image et Forces de défense et de sécurité.
En effet, dans son intervention, le chef de division communication de la Gendarmerie nationale est revenu sur l’attitude ou le comportement à adopter par les photoreporters lors des grands évènements notamment, pour éviter des heurts avec les agents des Forces de sécurité.
Dans ce cadre, le Lieutenant-Colonel Ibrahima Ndiaye a d’emblée rappelé l’importance de la sécurité aussi bien des journalistes de photo que celle de la population de manière générale. «Les agents de la gendarmerie et les photojournalistes ne sont pas des ennemis, pas même des adversaires», renseigne le porte-parole de la Gendarmerie nationale.
Ne pas heurter l’intimité de la personne
Poursuivant son argumentaire, le conférencier a reconnu la place indispensable des professionnels de l’information dans la vie démocratique.
Sur les nombreuses altercations notées entre Forces de défense et de sécurité et professionnels de la photo, M. Ibrahima Ndiaye dira que le comportement de l’agent exécutant dépend des instructions qu’il a reçues de ses supérieurs. Et qu’à cause de la manifestation des intérêts de uns et des autres, des heurts peuvent survenir.
«Il peut y avoir des affrontements à cause des intérêts des uns et des autres (…).
L’agent d’exécution n’est pas toujours dans cette situation de vous parler (les photojournalistes). Il n’y a pas une seule opération sans briefing ou débriefing. Les journalistes ne sachant pas la motivation de ces instructions, peuvent franchir l’infranchissable.»
Le Lieutenant-Colonel Ibrahima Ndiaye exhorte ainsi les photoreporters «à toujours se rapprocher de la personne ressource sur le terrain» pour éviter certains incidents inutiles.
Dans sa brève intervention, le Lieutenant Mbaye Sady Diop de la Police nationale a appelé à un «respect mutuel entre photojournalistes et Fds». «Le problème principal, c’est qu’il y a une incompréhension entre les deux entités. Mais nous pouvons travailler sans heurts», déclare l’ancien du chef du Bureau des relations publiques de la Police nationale.
Sur le présidium se trouvaient, entre autres, Mamadou Thior, président du Cored, et Abdoul Aziz Bathily, photojournaliste et ancien formateur au Cesti. Face aux enjeux de la Présidentielle, M. Bathily mise sur la responsabilité des photojournalistes. «La balle est dans le camp des photojournalistes qui ont aussi bien des libertés que des responsabilités.»
Car toujours d’après M. Bathily, «une image peut faire un pays, mais une image peut aussi détruire un pays».
Dans l’après-midi, les échanges ont tourné sur la clause de conscience du ou de la photojournaliste face à des situations inhabituelles. Des témoignages et partages d’expérience de photoreporters ont alimenté le débat, animé par Mademba Ndiaye. Ce dernier a exhorté les professionnels de la photo à s’inscrire dans la neutralité et l’objectivité. «Le principe de neutralité doit être dans la prise de vue.
Vous n’avez pas à prendre des photos qui mettent en valeur ou qui dévalorisent un ou une candidat(e)».
«Votre rôle est de démonter ce que le ou la candidat(e) a monté, montrer le ou la candidat(e) au naturel. Donc dès le départ, il y a potentiellement conflit de perception» entre la réalité du terrain et les souhaits du ou de la candidat(e), déclare-t-il. Et M. Mademba Ndiaye de conseiller aux photojournalistes de s’abstenir de prendre des images qui peuvent heurter la sensibilité de la personne ou qui violent sa vie privée ou son intimité.
«Même si vous n’avez pas l’intention de la publier», insiste-t-il. Clôturant la journée, Mamadou Cellou Diallo, président de l’Union nationale des photojournalistes du Sénégal, a salué la qualité des débats et promis d’autres initiatives de ce genre pour mieux outiller les professionnels de l’image, venus nombreux répondre à cette rencontre.
lequotidien