Avec un Wade affaibli par l’âge, un Karim Wade éloigné du territoire, le Parti démocratique sénégalais souffre de la léthargie de la plupart de ses instances de décision, avec des structures comme le Comité directeur qui ne se réussit presque jamais, depuis le départ d’Oumar Sarr et Cie. Le malaise enfle au Parti démocratique sénégalais (PDS). Depuis qu’une possible démission de Karim Wade a été agitée en cas de vote du projet de loi d’amnistie par des députés du Parti démocratique sénégalais, la tension est dans l’air. La grogne gagne de plus en plus du terrain. Entre pro et anti-amnistie, l’on ne se fait plus aucun cadeau. Et chaque camp compte défendre avec véhémence sa position.

Pour les pro-amnistie, le PDS n’a aucune gêne à éprouver, du moment que ce n’est pas lui qui a émis une telle demande. Pour les anti-amnisties, accepter l’amnistie, c’est renoncer au seul combat qui vaille à leurs yeux : celle de la réhabilitation complète de leur leader.

Mais au-delà de cette opposition entre les deux camps, le PDS semble plus souffrir de la léthargie de ses instances, si l’on se fie à certains responsables qui regrettent que le Comité directeur ait cessé de se réunir depuis le départ d’Oumar Sarr et Cie. Tout semble, depuis lors, venir directement d’un homme et souvent, la plupart des responsables sont informés au même moment que tous les Sénégalais. ‘’C’est un manque de respect notoire à l’endroit des militants’’, fulmine un dignitaire libéral sous le couvert de l’anonymat. Membre de la Commission en charge de la communication, Ngouda Dionne a essayé de s’expliquer sur le plateau de Walfadjri, hier. ‘’Il faut savoir que depuis l’avènement de la pandémie, le secrétaire général national du parti avait suspendu les activités de toutes les structures. Depuis, seule une commission se réunit régulièrement. Il s’agit de la Commission communication qui se réunit chaque semaine. Et si le secrétaire général du parti a une position à défendre, il le fait à travers la commission en charge de la communication’’. À ceux qui seraient tentés de remettre en cause ce mode de fonctionnement où toutes les décisions semblent reposer sur la commission chargée de la commission,

Ngouda Dionne rétorque : ‘’Les textes de notre parti prévoient que si les instances habilitées ne se réunissent pas, celui qui porte la parole du parti est le secrétaire général national et tout le monde l’accepte. C’est lui qui représente le parti. En tout temps et en toutes circonstances, il peut parler au nom du Parti démocratique sénégalais. Et c’est lui qui parle à travers le secrétaire national adjoint chargé de la communication qui est Nafissatou Diallo.’’ Cette position ne fera que renforcer davantage les mécontents qui estiment qu’on ne peut substituer la Commission communication au Comité directeur. ‘’Il y a un problème véritable de fonctionnement démocratique qui se pose et je pense que les militants et autres responsables ne méritent pas ça. À la limite, on est tenté de se demander si on n’est pas en train de donner raison à ceux qui sont partis, en prétendant que toutes les décisions étaient prises à partir de Doha.

Il urge de remettre sur place les instances régulières du parti. C’est comme ça que le PDS a toujours fonctionné du temps où (Abdoulaye) Wade était aux commandes. Mais depuis que Karim est aux manettes, on n’a plus rien d’un parti démocratique’’, confie un responsable frustré. Mais selon les anti-amnistie, toute cette frustration s’explique par la volonté de Karim d’être conséquent avec lui-même, de ne pas se compromettre avec un projet qu’il a toujours renié. Les militants du PDS, soutient Ngouda Dionne, doivent respecter la décision du principal concerné par l’amnistie. ‘’Il faut que les gens sachent qu’il y a le PDS d’une part, il y a Karim Wade d’autre part. Il faut distinguer les deux. Qu’on le veuille ou non, cette question concerne d’abord et avant tout Karim Wade.

Quand je fais partie d’une association, si l’association doit décider d’une affaire me concernant, elle doit me consulter d’abord. Parce que même si cela peut concerner l’association, cela me concerne encore plus. Pour le cas d’espèce, Karim a toujours estimé qu’il n’a volé aucun centime de ce pays. Donc, il n’a pas causé un tort au Sénégal. Le pays n’a pas, en conséquence, à lui pardonner. Il estime que c’est la justice qui lui a causé un tort qu’elle devrait réparer’’. Pendant ce temps, d’autres responsables fustigent avec amertume cette démarche consistant à toujours les mettre devant le fait accompli. Pour eux, c’est comme ça que beaucoup de responsables préfèrent se retirer dans leur coin et les laisser faire.

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