Lorsque l’on se donne la peine de poser un regard panoramique sur la classe politique sénégalaise, voire africaine, force est de constater que les Pouvoirs postcoloniaux sont en connivence avec des forces extérieures qui les rassurent, les inspirent, les soutiennent.

À leur tour, ces pouvoirs leur garantissent des rentes économiques et financières, bien des fois exorbitantes. Au prix d’une misère grandissante des populations autochtones, et notamment, d’une jeunesse dépossédée des moyens de son avenir.

Tous ces facteurs, additionnés à la mal gouvernance, la corruption et l’impunité, garanties par des parcelles de pouvoirs judiciaires aux ordres, constitue le terreau du désespoir des jeunes qui ne voient, qu’à l’horizon périlleux des océans, un futur…impossible !

II est, tout autant, devenu irresponsable de chercher à fermer les yeux sur cette cruelle réalité ! Il est, de même, devenu indécent de se taire face aux multiples tragédies qui secouent notre Continent. Se boucher le nez et les oreilles ne suffit plus…

Remonter les vitres teintées de carrosses rutilants, roulants sur des routes cabossées, hérissées de nids de poules, pour se soustraire à la réalité n’est plus une option : les réseaux sociaux dégoulinent de colère et diffusent les propos de ceux qui n’ont plus que la haine pour survivre. Le cours du destin tragique de l’Afrique semble ainsi se dérouler de façon inéluctable !

Il nous faut, de toute urgence, une prise de conscience collective pour assumer nos responsabilités face à l’Histoire, écrite pour les africains, par ces forces étrangères et occultes qui ont subjugué les élites du Continent. En effet, la conduite des affaires du monde est impulsée par des hommes et des femmes de chair et de sang ! « Il n’y a pas de destins forclos, il n’y’a que des responsabilités désertées… » aimait à nous rappeler le poète Hamidou DIA.

Prenons donc nos responsabilités !
D’autant plus que, pour ce qui concerne les gens de ma génération et celle de nos aînés, il n’y a plus de marge de manœuvre temporelle et/ou spatiale pour une fuite en avant ! L’horizon biologique se rétrécit. Les ressources physiques s’amenuisent. Il nous faut, impérativement, jeter nos dernières forces dans la résistance pour que l’avenir de nos enfants soit plus radieux que leur présent et bien plus prometteur que notre passé ! L’Afrique en a toutes les potentialités.

Il faut juste une forte dose de pragmatisme éclairé pour mettre en lumière les trahisons, les lâchetés, les mensonges et les perfidies de responsables politiques et économiques coupables, à plusieurs niveaux, d’exercice de mandats : électifs ou… usurpés ( !) C’est le préalable en vue de restaurer l’autorité des pouvoirs publics, législatifs et judiciaires de nos pays.

Parlons du Sénégal en 2023 !
L’inflation des prétentions à l’exercice du mandat de la plus Haute Institution de la République est une tragique comédie. Près de 200 candidats à la candidature pour devenir Chef de l’État du Sénégal… Certains intellocrates vous diront « nous sommes 18 millions de sénégalais et chacun est libre de se présenter… » Que non ! Il y’a des prétentions démesurées, il y’a des vanités à circonscrire, des folies à traiter…

À la lecture de la liste en circulation dans les réseaux sociaux, on se pince pour s’assurer d’être en veille. Des individus qui ne sauraient présider une réunion de famille ont l’outrecuidance de prétendre à diriger notre pays. Et on en rit en attendant d’en pleurer ! C’est que l’on se connaît un peu dans ce petit pays ! Le « masla » (soi-disant compromis mais plus souvent compromission sur un mensonge) a trop duré et devient une gangue dont il nous faut nous séparer au plus vite.

Pour certain(es) une petite enquête dans leur lieu de résidence, sur leur lieu de travail, dans la mosquée ou l’église de leur quartier, aurait suffi à ne pas leur délivrer les fiches de parrainages ! Car oui, il est toujours possible de trouver 50. 000 signatures pour n’importe qui et surtout de les fabriquer : La majorité des analphabètes et ils sont les plus nombreux au Sénégal, signent juste avec une croix (X)…

Les photocopies de cartes d’identités se vendent par lots par des courtiers du parrainage dont les services de renseignements de l’État connaissent l’identité et les états de… sévices… On se connaît au pays de la Teranga, je vous le dis !

Et pourtant on court le risque de voir des gens honorables disqualifiés et certains individus passer l’étape du parrainage hors de toute probabilité raisonnable !

Misère de la politique !
Cela étant, la morale, l’éthique, la probité, le sens de l’Honneur et du Devoir sont non quantifiables. Mais il s’agit d’intrants qui devraient entrer en ligne de compte pour un choix aussi sérieux. Et je médite les propos d’un jeune garçon dont la vidéo fait le tour de la toile et dont je vous partage la substance :

« Nous venons au monde, nu. Sans rien. Nous consacrons notre vie et tous nos efforts à acquérir et posséder des biens. Nous les collectionnons à outrance, puis un jour nous repartons. Sans rien. Vers une tombe humide et sombre… Seul et nu. Sans cri ni murmure. Alors, des comptes nous sont demandés. Sur TOUT ! Tous ces biens accumulés rageusement et abandonnés, par force, derrière soi. Entre les mains d’héritiers que, parfois, nous n’avons pas choisis… »

Ces paroles me font encore frémir !

Réveillons-nous avant le Grand Sommeil et le réveil définitif ! Les aiguilles de la montre tournent, envers et contre chacun de nous.

Comprenne qui voudra !

Amadou Tidiane Wone

Écrivain, éditeur et panafricaniste. Ancien ministre de la Culture et ancien Ambassadeur du Sénégal au Canada.

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