L’écrivain sénégalais, Bou­bacar Boris Diop, a déclaré avoir écrit son roman, Un tombeau pour Kinne Gaajo, par «devoir de mémoire aux victimes du naufrage du bateau Le Joola».

«J’ai écrit ce roman par devoir de mémoire aux victimes du naufrage du bateau Le Joola et pour ranimer la discussion autour de ce naufrage», a-t-il dit lors d’une rencontre littéraire organisée dans une librairie dakaroise.

Le Joola est un ferry, qui faisait la navette entre Dakar et Ziguinchor (Sud), qui a chaviré le 26 septembre 2002 aux larges des côtes gambiennes avec près de 2000 morts et 64 rescapés, selon un bilan officiel.

Avec Un tombeau pour Kinne Gaajo, l’écrivain journaliste Boubacar Boris Diop signe ainsi son deuxième roman écrit «par devoir de mémoire», après Murambi, le livre des ossements en souvenir au génocide des Tutsis au Rwanda, perpétré il y a trente ans, entre le 7 avril et le 17 juillet 1994.

Un tombeau pour Kinne Gaajo retrace la vie d’une femme, écrivaine ratée, devenue prostituée et qui est morte dans le naufrage du Joola, et dont le frère, devenu président de la République, va ordonner la construction d’un monument pour se souvenir des victimes.

Boubacar Boris Diop a expliqué que le changement de personnage dans le titre est lié à la place prépondérante qu’occupe Kinne Gaajo dans le roman. «Kinne Gaajo domine le roman, elle est présentée de la première à la dernière ligne et si on l’enlève du roman, il ne reste rien», dit-il.

L’écrivain a aussi parlé dans son roman de Marie Augustine Diatta, une comédienne du théâtre national Daniel Sorano morte dans le naufrage.

Elle a joué dans le film Faat Kiné de Ousmane Sembène. Il a suggéré que le 26 septembre soit une journée dédiée au recueillement.

Un tombeau pour Kinne Gaajo, paru il y a quelques semaines aux éditions Philippe Rey, est la traduction en français de Bàmmeelu Kocc Barma, un roman écrit en wolof et publié en 2019 à EJO éditions (maison d’édition sénégalaise en langue wolof).

«Des pans importants du roman Doomi golo (2003), mon premier livre en wolof, sont traduits en anglais dans des revues aux Etats-Unis.

Lorsque je lis ces traductions, je ne me retrouve pas, c’est ce qui m’a poussé à traduire moi-même mes livres écrits en wolof», a-t-il expliqué. «Il est plus facile pour moi d’écrire en wolof, cependant la traduction est trop difficile, il y a certains passages dans le roman qu’on laisse comme en l’état», poursuit Boubacar Boris Diop.

Boubacar Boris Diop, lauréat en 2021 du prestigieux Prix Neustadt de l’Université d’Oklahoma, a également reçu en 2000 le Grand prix littéraire d’Afrique noire pour l’ensemble de son œuvre.

Le Temps de Tamango (1981), Les Tambours de la mémoire (1990), Le Cavalier et son ombre (2010), ainsi que Murambi, le livre des ossements (2000) comptent parmi ses livres les plus remarqués.

Boubacar Boris Diop, romancier, essayiste, dramaturge et scénariste, a par ailleurs mené une riche carrière journalistique de la fin des années 1970 au début des années 1990.

Aps

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