Au départ, ils étaient 93 candidats déclarés à avoir déposé leur dossier pour l’élection présidentielle du 25 février 2024, sur la table du Conseil Constitutionnel. Mais à l’arrivée, seuls 21 (9 au premier tour et 12 à l’issue de la séance de rattrapage) ont pu passer le filtre du parrainage.

Au-delà des coups de frissons, des déceptions et des jubilations qu’il a suscitées, l’exercice dessine une nouvelle carte politique.

Le résultat est sans appel ! Même s’il faut le reconnaître, on est loin du scénario catastrophique de 2019 (27 dossiers déposés, 20 recalés au parrainage, deux pour inéligibilité) où on a eu le plus petit nombre de candidats dans les starting-blocks d’une présidentielle au Sénégal (5 candidats) depuis 1988.

Il demeure, néanmoins, que le jeu reste d’une implacable cruauté pour certains candidats, malgré la revue à la baisse du minimum exigé (44 000 contre 53 000) et ‘’l’optionnalisation’’ du parrainage (citoyen, parlementaire ou élus).

En effet, à la fin du contrôle des parrainages par le Conseil Constitutionnel, ce mardi 9 janvier 2024, 9 candidats ont composté leur ticket dès le premier tour.

Il s’agit de : Boubacar Camara (premier dans l’ordre de passage), Cheikh Tidiane Dièye (parrainage citoyen), Déthié Fall (parrainage citoyen), Pr Daouda Ndiaye (parrainage citoyen), Karim Meïssa Wade (parrainage députés), Habib Sy (parrainage députés), Khalifa Sall (parrainage députés), Anta Babacar Ngom (parrainage citoyen) et Amadou Ba (parrainage élus).

Sur les 23 autres admissibles à la séance de rattrapage, 12 ont pu rectifier le tir en régularisant leurs doublons externes et valider ainsi leur parrainage : Rose Wardini, Idrissa Seck, Aliou Mamadou Dia, Malick Gackou, Aly Ngouille Ndiaye, Mamadou Lamine Diallo, Serigne Mboup, Pape Djibril Fall, Mame Boye Diao, Mahammed Boun Abdallah Dionne, Bassirou Diomaye Faye et Thierno Alassane Sall.

Ainsi, au bout d’un long suspense, 72 candidats déclarés sur 93, ont été recalés pour différentes raisons : fichier électronique inexploitable, dossier incomplet, désistement ou encore dépôt d’une fausse liste de parrainage de députés (Thierno Cissé).

1-Le renouvellement de la classe politique acté 

De nombreux facteurs sont entrés en jeu pour déterminer l’issue de ce premier test fatidique pour les aspirants au fauteuil présidentiel (maillage du terrain, tirage au sort, ordre de passage etc.).

Celui-ci, vient d’acter le renouvellement de la classe politique sénégalaise avec de nouvelles têtes de gondoles qui émergent au moment où de nouveaux lampistes tracent, en sourdine, leur destin politique, coiffant au poteau certains géants aux pieds d’argile.  

Il suffit de jeter un coup d’œil sur le rétroviseur pour constater ce renouveau politique qui prend ses quartiers dans l’échiquier, balayant tout ou presque sur son passage.

D’ailleurs, des cinq candidats en lice en 2019 (Macky Sall, Idrissa Seck, Issa Sall, Ousmane Sonko, Madické Niang), un seul disputera les joutes du 25 février prochain, si Badio Camara et Cie n’y mettent pas de bémol.

Il s’agit du patron de Rewmi, Idrissa Seck qui -il faut le rappeler- avec son background et son appareil électoral bien huilé, a dû tirer à deux reprises pour faire mouche, là où des novices s’en sortent sans accroc dès le premier coup.

Il est le dernier mohican de la vieille garde à prendre place sur la ligne de départ, peut-être pour la dernière fois (65 ans au mois d’août 2024, Idy aura 70 ans en 2029, la limite d’âge étant fixée à 75 ans).

Désormais, ce sont les anciens seconds couteaux, jadis abonnés à jouer les seconds rôles, qui mènent le jeu.

Mimi, Abdoul Mbaye, Jules Ndéné…, le Cv ne fait pas forcément le bon candidat

Le parrainage a également brisé l’élan de plusieurs personnalités au riche parcours gouvernemental. Hadjibou Soumaré, Aminata Touré, Souleymane Ndéné Ndiaye, Abdoul Mbaye, tous quatre anciens Premiers Ministres, ne participeront pas à la prochaine présidentielle de Février.

Le premier, l’ancien président de la commission de l’UEMOA, a été écarté, pour la seconde fois (2019 et 2024), de la course dès le premier tour du contrôle des parrainages.

Les trois autres avaient réussi à franchir le second tour, admis à régulariser leurs nombreux doublons externes. Malheureusement, les étoiles ne se sont pas alignées pour leur permettre de rebondir.

Les anciens ministres Birima Mangara et Alioune Sarr également n’ont pas pu franchir le cap des parrainages. Comme quoi, le Cv ne fait pas forcément le bon candidat.

Abdourahmane Diouf, Bougane Guèye Dany : poids lourds médiatique, poids mouche politique

Leur aura médiatique est à l’opposé de leur poids politique.

En effet, ultra médiatisé Abdourahmane Diouf (leader de Awalé et candidat de la coalition Abdourahmane 2024) et Bougane Guèye Dany (candidat du mouvement Guem Sa Bop) peinent toujours à justifier leur place sur l’échiquier politique.

Jusqu’ici ils n’ont aucun poste électif à leur actif.

L’ancien numéro deux du Rewmi qui a décidé de prendre son destin politique en main, loin de la tutelle de son ex-mentor, essuie encore un revers en loupant le tournant décisif des parrainages.

Lors des législatives de 2022, la coalition qu’il avait mis en place avec Thierno Alassane Sall et Thierno Bocoum, attendue pour créer la surprise, a fait pschitt.

Aar Sénégal n’avait réussi à décrocher qu’un seul siège.

Pour le patron D-Média, les revers se suivent les uns aussi cuisants que les autres. Recalé au parrainage à la présidentielle de 2019, aux locales de janvier 2022 de même qu’aux législatives de juillet 2022 ses listes ont été rejetées. Ce mardi 9 janvier 2024, bis repetita ! Le leader de Gueum Sa Bop est encore recalé.

Anta Babacar Ngom, PDF, Pr Daouda Ndiaye, ces novices qui bousculent la hiérarchie

Leur percée a eu l’effet d’un coup de tonnerre sur l’Establishment politique.  Anta Babacar Ngom et Pr Daouda Ndiaye ont bousculé la hiérarchie en créant une grosse surprise lors du parrainage qu’ils ont validé sans coup férir. 

La capitaine d’industrie, «rookie» (bleue) en politique passe haut la main le premier test avec 45 238 parrainages validés, là où plusieurs ténors comme Idrissa Seck, Mimi Touré, Abdoul Mbaye se sont retrouvés en difficulté.

Le jeune journaliste, entré par effraction en politique, Pape Djibril Fall, quant à lui, poursuit son ascension figurante.

Sorti du Cesti il y a à peine 10 ans, Fall monte comme une fusée en politique.

Après avoir bourlingué quelques années dans la communication, avant d’atterrir à 2STV puis à la Tfm, PDF fait sensation aux législatives de juillet 2022 en décrochant un siège ô combien précieux à l’assemblée nationale.

Le revoilà bien parti pour écrire en lettre d’or une nouvelle page de son parcours politique.  

Restent aux trois novices de prouver qu’ils sont bien taillés pour tirer leur épingle du jeu face aux grands appareils politiques.

Diomaye et les autres candidats Sonko-compatibles

La confrontation entre les hommes du système et ceux de l’antisystème aura bel bien lieu.

Même si la candidature du porte-étendard et théoricien de l’antisystème, Ousmane Sonko, a été rejetée, le plan B et les autres candidats ‘’Sonko-compatibles’’ parrainés ou soutenus par le maire de Ziguinchor portent ‘’le projet’’.

Dans ce lot, Boubacar Camara, Cheikh Tidiane Dieye, Déthié Fall et Habib Sy sont les premiers à valider leurs tickets, avant que Bassirou Diomaye Faye les rejoignent au bout du suspense.

Contraint de jouer le rôle de faiseur de roi au bout d’une folle saga politico-judiciaire qui n’en est pas encore à son épilogue, le leader du parti dissous, Le Pastef, tient encore les manettes, du fond de sa cellule.

Tous les observateurs de la scène politique sénégalaise s’accordent à dire que son choix sera plus que décisif pour les prochaines joutes du 25 février.

Il sera à coup sûr le grand électeur qui fera basculer la balance en faveur du futur heureux  élu.

lequotidien

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