«Où est la maison de ma grand-mère». Tel est la question que se pose l’actrice principale Talia dans le film «Le Voyage de Talia».

«Où est la maison de ma grand-mère». Tel est la question que se pose l’actrice principale Talia dans le film «Le Voyage de Talia». Un long métrage réalisé par Christophe Rolin qui a été projeté au Cinéma Pathé de Dakar qui relate l’histoire d’une jeune fille qui est à cheval entre l’Europe et l’Afrique.

La jeune afro-européenne effectue un voyage initiatique et arrive pour la première fois en Afrique, notamment au Sénégal, à la recherche de ses origines, de sa grand-mère.

En suivant le premier voyage en Afrique d’une jeune femme afro-européenne, le film «Le Voyage de Talia» pose la question de la double culture, de la double identité et de la place que chacun doit trouver. Talia, une jeune Afro-Belge, visite pour la première fois son pays d’origine, le Sénégal.

Elle part à destination de Dakar, après les formalités à l’aéroport, très enthousiaste.

En débarquant en Afrique, Talia embarque dans un taxi jaune noire et découvre la beauté de la capitale sénégalaise, avec ses grosses bâtisses. Dans un large sourire, elle prend des photos avec son téléphone portable pour immortaliser ses moments. Soudain, un vieux l’accueille et l’amène dans la luxueuse villa de la famille de son cousin, dans l’espoir de rencontrer sa grand-mère.

Mais celle-ci est introuvable et la villa devient rapidement une «prison dorée».

Un jour, elle rencontre Malika, une mystérieuse marchande ambulante d’oiseaux. En effet, ce film est un portrait vital d’une femme afro européenne qui lutte pour trouver sa place dans le monde et une méditation poétique sur l’identité. Contrairement à sa cousine qui ne se soucie pas de ses origines et qui, pourtant, vit au Sénégal, Binta est une fashion victime, le prototype de la Dakaroise hyper connectée.

Ainsi, elle veut faire découvrir à Talia le «vrai Dakar show», «Dakar by night», la vie mondaine des jeunes filles : piscine, boite de nuit, alcool, cigarette et chicha coulent à flot.

Bouche bée, la Bruxelloise qui s’imaginait que les Dakarois sont tous des paysans arriérés, vivant dans des cases, est sonnée. Binta se targue de lui faire une visite guidée dans les sites historiques, tel que le Monument de la Renaissance, l’Île de Gorée, où Talia écoute religieusement l’histoire de l’esclavage expliquée par le petit Joseph. Pour Talia, la déception est grande.

D’où sa question : «Où est la maison de ma grandmère ?»

Le délicat passage de l’adolescence à l’âge adulte

Seulement, l’actrice qui voulait rencontrer sa grand-mère qui n’habite plus Dakar, mais à Tamba, dans le village de Ouré Madi, imaginait autrement son retour aux sources. La barrière de la langue et des habitudes culinaires, entre autres, l’amènent à se sentir étrangère sur ses propres terres.

Talia erre seule dans les rues de Dakar, jusqu’à ce qu’elle croise sur sa route Malika, une vendeuse ambulante, fière et téméraire, qui se déplace à moto et est intriguée par cette jeune fille noire venue d’Europe…

Au-delà de la thématique de la double culture et de la diaspora afro-européenne, le film aborde le délicat passage de l’adolescence à l’âge adulte où la question de l’identité se pose avec d’autant plus de perspicacité lorsqu’une partie de vos racines familiales sont ancrées ailleurs.

Ce film genre dramatique d’une heure 19 minutes a été présenté en avant-première à Dakar, jeudi soir, au cinéma Pathé de Dakar.

NADEGE BIBO-TANSIA DANS LE ROLE DE TALIA : «CE FILM A RESONNE AVEC MON PROPRE PARCOURS»

«Le Voyage de Talia a résonné avec mon propre parcours. Je n’étais moi-même jamais allé dans mon pays d’origine : le Congo. Ainsi, j’ai partagé 100% de la curiosité et de l’ignorance du pays avec mon personnage Talia. Comme c’était mon premier rôle principal dans un long métrage, le défi était l’interprétation elle-même.

Et plus précisément, concernant mon personnage, d’incarner sa naïveté et son introversion, car je suis plus affirmée et plus ouverte.

J’aurais ouvert la bouche dans de nombreuses situations dans lesquelles Talia se retrouve. Le défi était de se retenir et d’encaisser. Ce qui était intéressant, car je me suis vraiment abandonnée dans le rôle. Cela dit, je trouve son ouverture d’esprit et son sens de l’aventure intéressants…

Christophe a été très ouvert aux retours pour la création du personnage de Talia. Je suis moi-même une fille africaine, élevée en Flandre, parlant les deux langues nationales belges (français et flamand) et pour la première fois en Afrique. Le tournage du ‘’Voyage de Talia’’ au Sénégal est arrivé juste à temps dans ma vie. Cela m’a juste préparé pour mon propre voyage au Congo.

Je me sentais chez moi au Sénégal, mais je ne me sentais pas chez moi. Je me sentais dans la même quête que Talia, mais comme Nadège bien sûr».

AMINATA SARR DANS LA PEAU DE MALIKA «AMINATA EST DANS MALIKA, ET MALIKA AUSSI EST DANS AMINATA»

Elle vit à la Médina, un quartier populaire de Dakar. Elle est danseuse de sabar et comédienne. Elle a précédemment joué dans le court-métrage «La Boxeuse» d’Imane Djionne. Aminata Sarr, dans la peau de Malika : «Je m’identifie à Malika. Elle me ressemble. Dans ma vie, j’ai les mêmes responsabilités qu’elle. A travers mon personnage, j’ai l’impression que c’est mon histoire qu’on a écrite.

Aminata est dans Malika, et Malika aussi est dans Aminata.

L’histoire de mon personnage, Malika, est une histoire très triste que vivent beaucoup de jeunes filles dans les familles. Malika a une forte personnalité, c’est une femme qui a vraiment les pieds sur terre. Elle travaille beaucoup pour le bonheur des autres mais elle finit par comprendre qu’elle doit aussi penser à elle.

Ce que j’aime chez Talia, c’est sa sincérité, son honnêteté et son désir de connaître ses origines. Ce film m’a fait comprendre qu’on ne doit jamais tourner le dos à ses origines. Quand les filles comme Talia viennent en Afrique, elles pensent peutêtre trouver une vie primitive et une pauvreté extrême et quand elles repartent en Europe, elles ont une autre idée de l’Afrique.»

ŒIL CRITIQUE : UN FILM COLLECTIF INDEPENDANT

«Le voyage de Talia» est un parcours initiatique. Au scénario et à la réalisation, il y a Christophe Rolin. A la voix off Penda Diouf. La direction photo Thomas Wilski. Avec Nadège BiboTansia, Aminata Sarr et Oumy. Le voyage est un sujet qui a été évoqué avec tact, filmé avec finesse et retenue, qui laisse la place à l’imaginaire et au symbolisme, à la découverte sensorielle d’un territoire totalement neuf pour Talia.

Son expérimentation passe par le corps et le mouvement, par le fait d’arpenter la ville, d’aller à la rencontre des autres pour tisser de nouvelles expériences.

Les décors naturels, la fluidité du montage et le réalisme des images sont autant d’éléments qui donnent du peps au film. On peut dire que c’est un cinéma de qualité, tourné au Sénégal qui met aussi en exergue notre culture. Le jeu des acteurs était top, un casting de Imane Ndione.

On remarque aussi dans «Le voyage de Talia», un rythme assez doux.

Le réalisateur a utilisé un seul plan qui est au trépied devant la mer, une séquence qui a marqué le public. Seulement, bon nombre de téléspectateurs se demandaient dans la salle quelle est la relation entre Malika et Talia qui a une cousine à Dakar, mais qu’elle ne voit jamais. Mais à y voir dans le fond, ce n’est pas une amitié entre les deux.

Pour le réalisateur, Malika n’existe pas, c’est juste une projection de l’imagination de Talia qui avait peur d’être acceptée ici, au Sénégal.

Elle a aussi une imagination sur ce que peut être une vraie africaine (…). C’est comme un djinn qui plane sur la tête de Talia. C’est un film collectif, indépendant, qui n’a reçu d’aide ni de la Belgique, ni du Sénégal.

L’histoire, la trame du film ne sont pas trop complexes. Christophe Rolin avait déjà réalisé un précédent court métrage au Sénégal «Dem Dem», avec Pape Bouname Lopy et Marc Recchia et des étudiants de Ciné-banlieue, école située dans la banlieue de Dakar.

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