Les travaux entrepris pour redonner de la vie a corniche de Dakar, en feront sans nulle doute un lieu « magnifique ». Mais de l’avis de l’architecte française, Odile Decq, Dakar a sérieusement besoin de réflexion urbanistique par rapport à la structure qu’elle a déjà. Une position que partage le journaliste, écrivain et philosophe, El Hadji Hamidou Kassé.

Odile Decq, est une rockstar de l’architecture. Reconnue pour ses réalisations architecturales telles que le Musée d’Art Contemporain de Rome, le Fangshan Geopark Museum de Chine ou encore le fameux restaurant de l’Opéra Garnier à Paris mais aussi en raison de son discours sur l’architecture, elle est la marraine de la promotion 2021-2022 de l’une des premières écoles privées d’architectures au Sénégal, le Collegue universitaire d’architecture de Dakar (Cuad). Dans le cadre des festivités marquants la sortie de cette promotion, elle a animé ce jeudi au Musée des Civilisations noires une conférence. Même sans avoir encore eu le temps de parcourir complètement la ville de Dakar, l’architecte française trouve quand même que c’est « une ville formidable mais chaotique ».

« La ville de Dakar, une ville chaotique ! Mais c’est une ville formidable. On peut découvrir pleins de choses. La corniche, elle est magnifique et je pense que c’est le grand atout pour Dakar », remarque Odile Decq, avant d’ajouter en souriant : « apparemment, l’urbanisation n’est pas la première préoccupation de la ville alors qu’elle aurait sérieusement besoin de réflexion urbanistique par rapport à la structure qu’elle a déjà ». El Hadji Hamidou Kassé, journaliste, écrivain et philosophe qui a pris part à cette conférence, abonde dans le même sens en indiquant que Dakar est une ville chaotique qui « nous » tue mais paradoxalement que « nous » aimons. Mais ce paradoxe, dit-il, « devrait nous donner l’opportunité de lancer un vaste mouvement de réflexion collective qui nous aide à nous réapproprier Dakar, cette belle ville que nous aimons. Malgré qu’elle tue, qu’elle est chaotique, elle n’en demeure pas moins une belle ville », déclare le philosophe. Selon El Hadji Hamidou Kassé, Dakar est une ville à repenser, à réinventer et à recréer.

Aller plus loin dans le domaine
« Si vous êtes créateur, vous ne pouvez pas être dans le consensus. Il faut penser plus loin, penser un bâtiment pour demain », souligne Odile Decq, pour introduire sa conférence. Marraine de la promotion de Licence 3 et Master du Collège universitaire d’architecture de Dakar (Cuad), l’architecte française Odile Decq se distingue par son style gothique marqué par l’utilisation du verre, qu’elle aime pour sa transparence, et du métal, dont elle apprécie la précision et la rigueur, a-t-elle souligné. Selon elle, l’architecture va complètement changer dans les prochaines années parce que dit-elle, quand on voit l’intelligence artificielle, les robots, les transformations des métiers, l’arrivée d’une manière de vivre, l’architecture va changer.

« Le métier d’architecte va bouger, va se transformer et on a besoin des gens qui pensent et qui ont la culture de l’architecture pour pouvoir faire face à tous les défis. On est tous en train de vivre des choses dont on n’a même pas conscience », dit-elle, avançant que les architectes ont la capacité de mettre leur cerveau en marche mais malheureusement, désole-t-elle, on les utilise simplement pour dessiner des bâtiments. Architecte très engagée et poussée par sa volonté de transmettre, Odile Decq défend ardemment la place des femmes dans l’architecture, un métier un peu dominé par les hommes. Et pourtant, selon elle, il y a beaucoup d’étudiantes dans les écoles d’architecture mais après elles disparaissent et ne sont plus architectes à leur compte. « Il faut une détermination sans failles et une grande dose d’insouciance pour devenir architecte.

Rêver ! Il faut que vous acceptiez de rêver parce que, plus vous rêverez, plus vous inventerez et plus vous pourrez penser le monde de demain », lance Odile Decq. L’architecte croit en la génération future, avec beaucoup d’espoir même et encourage constamment ses étudiants à aller plus loin dans le domaine. « Soyez courageux, osez et faites-le. A la fin du XXe siècle, on a tout cassé, l’économie, la finance, la société… Rêver le XXIe siècle, ensuite l’imaginer, puis le créer. Vous avez un siècle pour vous », promet Madame. Decq diplômée de l’École d’architecture de Paris-La Villette, en s’adressant aux étudiants du Cuad.

Dotée dès son plus jeune âge de la fibre artistique, Odile Decq commence par la peinture. Elle intègre l’Université de Rennes au sein de laquelle elle étudie l’Histoire de l’art et avant de s’orienter vers l’architecture. Cette conférence au Mcn a été suivie, hier, par la cérémonie de remise de diplômes à l’Espace Vema, toujours en présence de la marraine.

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