Au-delà des contacts physiques rapprochés, les aliments peuvent-ils être vecteurs de contamination de la variole du singe ? L’Anses publie des recommandations.

Variole du singe
La contamination d’humain à humain pourrait se faire via l’alimentation.

Avec 577 cas décomptés au 5 juillet 2022 en France, la variole du singe ne cesse de se propager dans le pays ainsi qu’à l’étranger. Cette maladie virale provoque éruptions cutanées, fièvre, douleurs musculaires et maux de tête. Les voies de transmission connues pour le moment sont les contacts corporels rapprochés via les pustules, les gouttelettes respiratoires transmises par la salive, ainsi que les fluides corporels comme lors des relations sexuelles. Par ailleurs, la transmission de la variole du singe « peut également se faire de manière indirecte via l’environnement contaminé par le malade (literie, vêtements, vaisselle, linge de bain…) » explique l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses). Un constat qui l’a poussée à examiner les risques de transmission liés à la consommation d’aliments et publie ses recommandations dans un rapport.

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Plusieurs virus transmis via l’alimentation.

De nombreux virus ont déjà été identifiés comme étant à l’origine de maladies transmises par les aliments en France : « les virus responsables de gastroentérites aiguës, il s’agit de virus non enveloppés à ARN, principalement les Norovirus (mais aussi d’autres virus : Astrovirus humains, Rotavirus humains, Enterovirus) ; le virus de l’hépatite E ; le virus de l’hépatite A ; et de façon plus rare, le virus de l’encéphalite à tique (« tick-borne encephalitis virus ») » explique l’Anses à Sciences et Avenir.

Après analyse des données disponibles, l’Anses a conclu qu’une contamination par l’alimentation n’était pas à exclure et publie plusieurs recommandations afin de limiter les risques. « Un aliment peut être contaminé directement par une personne malade, en particulier si celle-ci le manipule alors qu’elle présente des lésions (…) L’aliment peut aussi être contaminé après contact avec une surface elle-même contaminée. La transmission à l’être humain par l’intermédiaire de l’aliment pourrait ensuite se produire par ingestion ou manipulation de l’aliment contaminé. »

Qui est concerné ?
Les personnes travaillant dans l’agroalimentaire ou dans la restauration par exemple ne doivent manipuler aucun aliment si elles présentent « un symptôme cutané infecté (lésions, maladie de peau) ou des symptômes de gastro-entérite ». En effet, dans le cas contraire, il serait possible « qu’un opérateur infecté et symptomatique impliqué dans la transformation ou la préparation d’aliment contamine des aliments (…). Ces aliments pourraient être mis à la vente et consommés. » Idem pour les personnes présentant des symptômes clairs de la variole du singe, qui ne doivent ni manipuler des aliments, ni cuisiner pour d’autres personnes.

Comment nettoyer les objets et surfaces ?
Bonne nouvelle, les produits ménagers fonctionnement bien sur la variole du singe selon le rapport, qui explique que « les virus enveloppés font partie de ceux qui sont les plus simples à inactiver, les détergents endommageant leur enveloppe lipidique. Les Poxviridae sont sensibles aux désinfectants courants. » De même, le lavage des ustensiles et de la vaisselle au lave-vaisselle et du linge en lave-linge (à des températures supérieures à 60°C) permet d’éliminer le virus. Certaines surfaces ou objets utilisés en commun doivent être désinfectées, voire utilisées avec des gants. Les produits classiques du commerce peuvent tout à fait faire l’affaire pour éliminer la variole du singe. « Les produits de nettoyage/désinfectants ménagers standard (domestiques) peuvent être utilisés, lorsque l’on applique les doses et temps d’action prévus par le fabricant pour obtenir une activité virucide. Les traitements virucides, par exemple ceux qui mentionnent la norme EN 14476 (produits testés sur des virus enveloppés et ceux non-enveloppées) sont donc efficaces aux doses et temps d’action mentionnés », explique l’Anses à Sciences et Avenir.

Comment décontaminer la nourriture et les mains ?
Pour décontaminer la nourriture, « la cuisson (12 minutes à 70°C) pourrait être considérée comme efficace pour inactiver le MPXV [monkeypoxvirus, virus de la variole du singe] ». Ainsi, un aliment contaminé qui n’aurait pas eu de traitement thermique suffisant (température et durée) ou cuit mais non protégé contre les recontaminations après cuisson peut être source d’exposition. » Enfin pour le lavage des mains, « les mesures habituelles de nettoyage et de désinfection avec de l’eau et du savon ou une solution hydro-alcoolique sont suffisantes », explique l’Anses à Sciences et avenir.

Par ailleurs, si une personne présente des symptômes qui pourraient ressembler à ceux de la variole du singe (éruptions cutanées, fièvre, maux de tête, fatigue, douleurs musculaires), il faut impérativement consulter. En cas de contamination avérée, le malade doit s’isoler et la vaccination des cas contacts est recommandée.

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