Les ex détenus dits politiques sont dans leurs états. Pour cause, en toute discrétion, quelque 108 millions ont été alloués à 99 militants. Tout est parti, d’après le quotidien « SourceA » d’une vidéo de Diop Taïf devenue virale. Dans la séquence de 10 minutes, le militant de Pastef et ex détenu révèle l’existence d’un groupe WhatsApp ayant enregistré 500 ex détenus dits politiques.

D’un commun accord, ils ont décidé de se rapprocher des députés du parti Pastef, après avoir eu écho d’une rumeur selon laquelle le Premier ministre aurait dégagé une enveloppe d’argent depuis juillet.

Logée au Ministère de la famille et des solidarité, elle est destinée à assister les blessés et autres victimes en convalescence.

Tout est partie de la vidéo de Diop Taïf, dénonçant le partage de l’argent destiné à indemniser les victimes des dernières manifestations violentes, mais qui profiterait seulement « à une bande de copains »

« Une commission a été installée depuis le mois de juillet et les fonds disponibles à cette période mais ils profitent seulement à une bande de copains, au détriment des parents des détenus qui n’en avaient jamais auparavant entendu parler », dénonce Diop Taïf, jurant qu’il va balancer des noms au moment opportun.

Mais en attendant, certains membres de ce groupe WhatsApp, qui étaient dans tous leurs états, ont été reçus, à leur demande, à l’Assemblée nationale par les députés Cheikh Thioro Mbacké et Ismaïla Diallo en vue de déposer un mémorandum sur la table de Cheikh Diba qui devait défendre, le 24 décembre dernier, le projet de loi de finances rectificative (LFR).

A en croire Diop Taïf, Cheikh Thioro Mbacké leur avait rétorqué n’avoir jamais eu connaissance de ce fonds, et que par conséquent, il allait interpeller à ce sujet le ministre des Finances et du budget. Ce qu’il a fait.

Les ex-détenus, membres d’un groupe Whatsapp auquel appartient Diop Taïf, dénoncent un « paaco » en cours, dans leur dos, depuis juillet dernier

Dans ses réponses, le ministre Cheikh Diba a confirmé l’existence de ce fonds logé au ministère de la famille et des solidarités, indiquant dans la même veine qu’un comité a été institué par arrêté No 17. 450 du 30 juillet 2024 sous la coordination de ce département ministériel.

Il a pour mission, selon Cheikh Diba, de prendre en charge les victimes des événements politiques que notre pays a connus entre 2021 et 2024.

Il a également fait noter que ce comité a commencé ses travaux, tandis que l’identification des victimes se poursuit.

« 112 dossiers ont déjà été approuvés et 99 déjà pris en charge pour un montant de 108 millions de F CFA. Les travaux se poursuivent pour l’identification de 268 cas les plus urgents et le rassemblement des documents y afférents, c’est-à-dire tout document authentique pouvant justifier que le concerné a bel et bien été victime », a précisé le ministre des Finances, face à la représentation nationale.

Cheikh Diba n’a pas manqué de préciser dans la foulée qu’une enveloppe de 250 millions a été prévue sous forme de transfert monétaire à toutes les personnes figurant dans la base de données établis par l’ANSD en relation avec le Ministère de la justice et les représentants des victimes, même si, ajoutera-t-il, « 1 875 victimes sont pour le moment identifiées. »

Au nom de la transparence si chère au nouveau régime, ils exigent la publication de la liste de tous les bénéficiaires des 108 milliards dont Cheikh Diba a fait état

N’ayant jamais été informé de cette procédure d’indemnisation, au même titre que ses camarades dans ce groupe WhatsApp, Diop Taïf, qui semble douter du principe de ‘‘Jub jubal Jubanti’’, si cher au Président Faye, demande la publication de la liste des 99 bénéficiaires des 108 millions, au nom de la transparence, également si chère au nouveau régime.

Diop Taif : « A ce titre, nous exigeons à Maïmouna Dièye, Jean Baptiste Tine et Cheikh Diba, la liste de tous les bénéficiaires. Ce, après que certains d’entre nous ont dit qu’il leur a été demandé de garder secrète cette information après avoir encaissé cet argent »

Nous sommes tous malades. Nous ne pouvons pas tout dire. Mais nous avons dit urbi et orbi que les biens communs doivent profiter à tous.

A ce titre, nous demandons à Maïmouna Dièye, Jean Baptiste Tine et Cheikh Diba, la liste de tous les bénéficiaires. Ce, après que certains d’entre nous ont dit qu’il leur a été demandé de garder secrète cette information après avoir encaissé cet argent », révèle Diop Taïf.

Les audio de la députée Amy Dia, qui confirment le ‘‘paaco’’ en cours depuis la fête de Tabaski, publiés par l’activiste Mollah Morgun : l’autre tempête qui s’abat sur les adeptes de la « rupture »

Comme si cela ne suffisait pas, l’ancien rappeur et activiste Mamadou Niass alias Mollah Morgun a publié hier les audio de la députée Amy Dia.

Il ressort de ses dires, la distribution d’un montant de 35 000 F Cfa aux militants de Pastef pendant la Tabaski. « Les femmes s’étaient certes inscrites sur la liste, mais elles ont finalement renoncé à cet argent au profit des hommes. J’ai finalement rappelé Maïmouna Dièye pour l’en informer.

Aucune femme n’a bénéficié de cette aide », dira celle qu’on appelle Mère Amy Dia.

Elle ajoute : « quand ils donnent de l’argent, ils ont une manière de le faire. Ce n’est pas à moi qu’ils remettent l’argent. De même que les bourses familiales, ils ont un système de distribution. Il faut au préalable donner sa carte d’identité. Même quand on m’a donné 10 moutons, j’ai dans la foulée remis ces béliers à 10 vieux qui en avaient le plus besoin. Que veulent les militants maintenant ? Que voulez-vous ? »

« Quand ils donnent de l’argent, ils ont une manière de le faire »

C’est vous dire que la sortie de Diop Taïf a installé le parti Pastef dans un malaise sans précédent. Beaucoup s’interrogent sur ce ‘‘Paaco’’ supposé, bénéficiant seulement à un groupe de personnes, alors que d’autres victimes sont laissées à elles-mêmes. D’ailleurs, un certain Mor Niang a décidé de renoncer à cette indemnisation annoncée.

Après la polémique, une victime du nom de Mor Niang renonce finalement à cette indemnisation : « j‘aurais juste bien aimé que l’Etat me compte parmi ceux qui ont participé à la révolution… »

Dans un texte publié sur Facebook, nous pouvons lire : « mon nom, c’est Mor NIANG, je fais partie des victimes des manifestations de juin 2023. J’avais reçu une balle qui m’a causé une fracture ouverte de l’avant-bras. Marié sans enfant, je suis resté des mois en convalescence.

Sérieusement, quand on se battait, on ne s’attendait ni à un poste nominatif, ni à une quelconque rémunération ou indemnisation de la part de qui que ce soit, mais juste du don de soi pour la patrie comme toutes les victimes et martyrs. J’aurais juste bien aimé que l’Etat me compte parmi ceux qui ont participé à la révolution. Cette révolution dont nous avons espoir qu’elle sera la voie du changement de paradigme pour notre cher pays, le Sénégal.

Seule cette reconnaissance m’honore et je ne le serai jamais plus pour toutes ces centaines de personnes qui ont perdu la vie dans ce combat.

Sur ce, je prends la responsabilité de renoncer à toute forme d’indemnisation venant de l’Etat. Ceux qui en ont besoin peuvent réclamer la leur ; mais quand même faisons-le avec grandeur et honneur et surtout pensons à nos martyrs. »

Bali Bou Sonko sur Facebook : « Ana gni niak sene bakane ? (Et ceux qui y ont laissé leur vie ? NDLR) Nite warna diome yène yi ! (Vous devez avoir de la hauteur : NDLR). On s’est tous sacrifiés pour libérer ce pays. Il est temps que l’on se reprenne ! »

Pour couronner le tout, une autre militante (Bali Bou Sonko) publie ce texte pour s’en désoler.

« Jamais, je n’aurai cru que des patriotes dignes de ce nom se boufferaient pour des miettes d’argent ! Ana gni niak sene bakane ? (Et ceux qui y ont laissé leur vie ? NDLR) Nioniou aye milliards takhoul niou déloussi ! (L’argent ne leur fera jamais revenir : NDLR) Et c’est eux les HÉROS de cette révolution !!! Ayez un peu de décence ! De Ngor !

De Dignité !!! Nite warna diome yène yi !

(Vous devez avoir de la hauteur : NDLR). On s’est tous sacrifiés pour libérer ce pays. Ter lolou alale douko dieunde ! (Ce n’est pas avec de l’argent qu’on peut nous payer pour le sacrifice consenti (NDLR) Que dire du don de soi pour la patrie ? Il est temps que l’on se reprenne !

D’arrêter des guerres à deux balles et de redevenir les frères et sœurs patriotes que nous étions », plaide-t-elle.

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