L’Histoire ne ment pas. Quelquefois, il est indiqué de s’en inspirer, surtout si l’on sait que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

En 2007, Me Wade avait remporté au premier tour l’élection présidentielle, devant un parterre d’opposants historiques tellement surpris par l’étendue de leur défaite que cela leur prit plusieurs jours, pour s’en remettre et retrouver un peu de leurs esprits.

Quand ce fut le cas, tous les leaders de l’opposition, Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse etc… se retrouvèrent avec les acteurs de la société civile préoccupés par la situation politique nationale à cause des dérives d’un régime wadien en roue libre, sous la houlette d’un Pape du Sopi qui s’était senti pousser des ailes avec sa triomphale réélection.

C’est ainsi que furent lancées les assises nationales, sur toute l’étendue du territoire national, avec une détermination renforcée par l’humilité de tous les acteurs politiques qui turent momentanément leurs ambitions hégémoniques et rangèrent leur égo au fond de leurs cœurs assoiffés de revanche.

Le premier résultat de ce travail remarquable fut la razzia opérée par l’opposition aux élections locales de 2009, à l’issue desquelles le pouvoir de Me Wade subit sa première et déterminante défaite qui en ébranla les fondations, à tel enseigne qu’avant 2012, il sombra dans ‘l’impopularité totale.

ciLes événements du 23 juin 2011 pilotés par l’ensemble des acteurs du jeu politique sénégalais consacrèrent le début de sa chute. Si aucun des deux principaux ténors de l’opposition qui portèrent ce combat ne fut élu, c’est que l’ambition présidentielle finit par réveiller leurs sombres inimitiés politiques exacerbées par la certitude de leurs victoires s’ils étaient le porte-étendard du mouvement à l’élection présidentielle de 2012.

Leurs divisions leur coutèrent cher, car survient un troisième larron, Macky Sall en l’occurrence qui rafla sous leur nez la mise.

Aujourd’hui, nous sortons d’élections locales qui ont consacré une très grande percée de l’opposition représentative, incarnée par le Yewwi Askan Wi. Nous nous acheminons inéluctablement vers des élections législatives sur fond de décisions du Conseil constitutionnel tout aussi saugrenues qu’illégales, de l’avis de la majorité des praticiens du droit constitutionnel.

Yewwi Askan Wi a dénoncé le caractère illégal de l’élimination de sa liste proportionnelle, et avait même menacé d’empêcher la tenue du scrutin. Pourtant, il a fini par opérer un revirement spectaculaire, en annonçant sa participation au scrutin, avec sa liste de suppléants, alors que le bon sens aurait voulu que ses leaders renoncent à cette élection controversée, dont sa présence légitimerait forcément la tenue, et le résultat…

De plus, cette décision renforcera en conséquence le pouvoir politique de Macky Sall qui sort victorieux de leur rapport de forces, et il pourra valablement leur opposer la jurisprudence de leur validation des décisions du Conseil constitutionnel concernant les législatives consacrée par leur participation au scrutin, quand il officialisera sa candidature controversée à un troisième mandat, après l’avis qui sera forcément positif de ce même conseil constitutionnel.

Pour en revenir à notre histoire politique récente, quant au sortir de l’élection présidentielle de 2007 l’opposition représentative avait résolu de combattre le régime de Me Wade en se dressant contre ses abus, elle avait crânement refusé de participer aux élections législatives de la même année, laissant à Me Wade et à ses faire-valoir de circonstance, la latitude d’occuper une assemblée nationale mono couleur vidée de sa quintessence, ce qui avait grandement fragilisé le leadership politique de Me Wade et écorné durablement son image de démocrate exemplaire à l’Etranger.

Cet acte politique avait valu à l’opposition représentative l’estime du peuple sénégalais, et ce fut déterminant dans le renversement du leadership politique en sa faveur.

ciPareille posture était celle attendue de Yewwi Askan Wi, au vu des circonstances dans lesquelles le processus électoral menant à ces législatives du 31 juillet 2022 a été piloté. Elle aurait décrédibilisé le scrutin, et jeté l’anathème sur le Conseil constitutionnel, qui aurait été mis sous pression en perspective de 2024.

Le régime de Macky Sall en serait sorti fortement affaibli, et son leadership confiné à sa fonction institutionnelle, ce qui aurait consacré sa chute avant l’heure, car le peuple aurait définitivement pris fait et cause pour l’opposition !

De source autorisée, il faut bien comprendre que si cette décision n’a été à aucun moment envisagée, c’est bien parce qu’il y a des ambitions divergentes qui engendrent une méfiance entre les leaders de Yewwi Askan Wi, et c’est cela qui explique leur choix unanime d’aller aux législatives avec leur liste de suppléants au lieu d’imposer un rapport de forces politique à Macky Sall, malgré le soutien du peuple.

C’est que l’enjeu de ces élections législatives dépasse l’entrée ou non à l’Assemblée nationale. Tous les leaders se ménagent une porte de sortie ou une fenêtre de dialogue avec Macky Sall, en vue de négocier quelque chose sans rapport avec l’intérêt de leur groupe, mais de première importance pour leurs carrières politiques respectives, en perspective de 2024.

Chacun de ses leaders pose des actes de nature à démontrer à Macky Sall qu’il a des atouts à faire valoir dans ce cadre, et d’aucuns font d’ailleurs dans la surenchère verbale, à dessein.

Il suffit pour s’en convaincre d’étudier les prises de parole des leaders de Yewwi Askan Wi lors de leur visite à Ziguinchor, en particulier celui d’Ousmane Sonko dont la violence des propos n’a d’égale que la précarité de sa posture, au vu de son contentieux judiciaire qu’il veut bloquer par tous les moyens, à cause des conséquences préjudiciables à son honneur et donc à sa carrière politique, auxquelles il veut échapper quoiqu’il puisse lui en coûter.

Le compagnonnage politique des leaders de YAW est donc circonstanciel, et Macky Sall qui le comprend très bien ne déviera pas d’un iota de son agenda.

Son opposition aura-t-elle sa baraka, en 2024 ?

Rien n’est moins sûr ! Surtout qu’il continue de contrôler de main de maitre le jeu politique, et il est donc maitre de son destin, du moins jusqu’à cette échéance vitalement stratégique.

 xibaaru

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