Oubliées dans la construction de bien de salles de classe qui servent de bureaux de vote lors des élections, certaines personnes vivant avec un handicap vivent l’enfer pour accomplir leur droit de vote en tant que citoyens.

C’est dur, dur, de vivre avec un handicap. Souvent laissées à elles-mêmes, les personnes à mobilité réduite éprouvent d’énormes difficultés, même pour exercer leur droit de vote. À l’occasion du séminaire de formation des formateurs sur la méthodologie d’observation fixe des élections organisées hier par le Collectif des organisations de la société civile pour les élections (COSCE), des participants ont mis sur la table le calvaire de certains électeurs en raison de leur situation de handicap. Accroché en marge de la cérémonie, l’observateur de long terme du département de Tambacounda, Madou Cissé, a plaidé en faveur de ces couches vulnérables. ‘’Il est temps que l’on résolve ce problème ; que l’on permette à ces personnes d’exercer elles aussi leur droit en tant que citoyen. On en parle à chaque fois dans les évaluations, mais on n’a pas l’impression que les choses bougent comme il se doit. Je pense qu’on a trop épilogué sur cette question, mais il y a un manque de volonté réelle des acteurs de prendre en compte cette problématique’’.

Quelques instants plus tôt, l’un des responsables de la formation n’avait pas manqué de rappeler certaines dispositions du Code électoral dont l’objet est de faciliter le vote aux personnes en situation de handicap. La dernière en date, selon la formatrice, est la possibilité offerte aux personnes vivant avec un handicap de voter hors de leur bureau de vote. ‘’Le code leur permet, en effet, de voter dans le bureau de vote qui leur est le plus accessible. L’essentiel est qu’ils soient inscrits au niveau du centre. C’est certes une grande avancée qu’il faut saluer, mais ça ne règle pas tout le problème. Le vote ayant lieu dans des salles de classe construites la plupart du temps sans les aménagements qu’il faut’’.

De l’avis de Madou Cissé, cette réforme est un coup d’épée dans l’eau. A l’en croire, il faut aller bien plus en profondeur pour soulager davantage ces couches de la population. ‘’Le problème, fulmine M. Cissé, c’est comment la personne va faire pour accéder au bureau de vote. C’est une chose de permettre à la personne de voter dans le bureau le plus accessible du centre. Si elle devait prendre les escaliers et qu’on arrive à ce qu’elle ne le fasse pas, ce serait une bonne chose. Mais dans la plupart des cas, le problème reste entier, parce que l’électeur a un problème pour accéder aux bureaux de vote et à tous les bureaux de vote ; ce qui n’est pas normal’’.

Présidente des personnes vivant avec un handicap dans le département de Vélingara, Oumou Baldé ne manque pas d’exemples pour illustrer ce calvaire auquel les autorités devraient, selon elle, mettre fin, afin de favoriser le vote de ces couches de la population. ‘’Lors des élections territoriales, dans le département de Vélingara, plus précisément dans la commune de Kouncandé, j’ai vu un handicapé moteur qui avait d’énormes difficultés pour accéder à son bureau, parce qu’il devait prendre les escaliers. Tout le monde avait de la compassion, tellement c’était difficile pour lui. Et certains membres des bureaux de vote sont malheureusement insensibles à cette situation. Par exemple, il arrivait qu’on leur refuse l’assistance, alors que la loi le prévoyait. Ce sont des problèmes qu’il urge de régler’’, rapporte l’OLT de Vélingara.

Pour les participants, le problème ce n’est pas seulement le bureau de vote. C’est également dans certains cas l’accès même au centre. Mme Baldé : ‘’Il faut savoir qu’il y a des gens qui sont de mobilité très, très réduite… S’il n’y a pas de rampe, c’est très compliqué. Et ce n’est pas de nature à encourager leur participation au scrutin. Même accéder aux centres de vote est problématique dans certaines situations. Maintenant, quand ils doivent prendre des escaliers, c’est autre chose. Peut-être c’est pour ce cas de figure précis que les derniers changements ont été pris. Tout ça pose un problème d’égalité des citoyens qu’il faut revoir’’, informe la présidente des personnes en situation de handicap dans le département de Vélingara, non sans préciser que ceux qui en souffrent le plus, ce sont les handicapés moteurs et, dans une moindre mesure, les handicapés visuels.

Il faut noter que ces personnes font partie du groupe d’électeurs autorisés à voter hors de leur bureau de vote, mais ils ne sauraient voter dans un centre autre que celui dans lequel ils sont inscrits, selon les prescriptions de la loi électorale.

NOUVEAU DISPOSITIF D’OBSERVATION DES ÉLECTIONS

Le COSCE veut des informations fiables en temps réel !

Le Collectif des organisations de la société civile pour les élections (COSCE) réunit, depuis hier et pour deux jours, ses 46 observateurs de long terme répartis dans les 46 départements du pays, pour les former sur la méthodologie de l’observation fixe qu’il expérimente pour les Législatives prochaines. Lead Manager du programme Nietti Elecion, Cheikh Tidiane Cissé déclare : ‘’Nous allons déployer plus de 500 observateurs sur l’étendue du territoire national, dans le but de scruter le scrutin du début jusqu’à la fin, avec la possibilité d’avoir des informations fiables et en temps réel. Pour réussir cette mission, nous avons jugé nécessaire de former ceux qui seront chargés de le mettre sur le terrain, à savoir les 46 observateurs de long terme (OLT) qui seront chargés de démultiplier cette formation pour les 391 OCT (observateurs de court terme)…’’ L’objectif, selon le coordinateur du programme, c’est d’avoir toutes les informations, du début du scrutin jusqu’à la proclamation des résultats.

‘’À travers la grille d’informations que nous avons mise en place et le dispositif de remontée et de traitement des données, nous avons la possibilité d’avoir le taux de participation à la mi-journée… C’est un dispositif qui permet d’avoir les informations sur les bureaux de vote à temps’’, a-t-il expliqué.

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