La plupart des traitements de chimiothérapie sont administrés par la voie intraveineuse. Un dispositif complexe, et non sans risque pour les malades. En liant une molécule de chimiothérapie à un polymère hydrophile et biocompatible, une équipe française de l’Institut Galien-Paris Saclay a réussi à pratiquer une chimiothérapie, sur un modèle animal, en sous-cutané. Ces travaux ouvrent la voie à de nouveaux protocoles en cancérologie.

Face aux cancers, mettre au point de nouvelles molécules n’est pas la seule piste de recherche : faciliter l’administration des médicaments pour augmenter le confort du patient, réduire les effets secondaires et cibler les tumeurs est également une voie d’étude importante. C’est dans ce domaine que s’inscrivent les récents travaux de l’équipe de Julien Nicolas, publiés dans le Journal of the American Chemical Society, à l’Institut Galien-Paris Saclay (CNRS, Université Paris Saclay), en collaboration avec le CEA et LabOniris : grâce à une innovation technique et chimique, elle ouvre la possibilité d’administrer des chimiothérapies par voie sous-cutanée (1).

Vers la possibilité d’une chimiothérapie auto-injectée à domicile ?
Aujourd’hui, la majorité des traitements de chimiothérapie anticancéreux sont administrés par voie intra-veineuse. Que ce soit au moyen d’un cathéter ou d’une chambre implantable (un tube implanté dans une veine du malade), le médicament est lentement administré sous forme liquide par perfusion dans la circulation sanguine. Cependant, ce protocole présente des inconvénients majeurs qui sont directement responsables de l’inconfort des patients, d’une logistique complexe et du coût élevé des traitements anticancéreux. « Les formulations injectables doivent être préparées dans des unités de reconstitution de chimiothérapie, et leur administration doit être effectuée par du personnel qualifié à l’hôpital, souvent via une voie intra-veineuse centrale qui nécessite une chambre implantable, décrit Julien Nicolas. Le malade doit rester à l’hôpital pendant le traitement pour être surveillé en vue d’une détection précoce des toxicités liées à la chimiothérapie. Il peut également se produire des défaillances du cathéter et des infections potentiellement dangereuses ».

Pour réduire ces difficultés et ces dangers, une alternative serait est de proposer une administration en sous-cutané. L’injection est alors aisée à réaliser par l’intermédiaire d’une seringue, exécutée simplement dans la peau en pratiquant un simple pli cutané avec les doigts. Cela ouvre donc la possibilité au malade de se faire administrer son traitement à domicile, voire de se l’administrer lui-même, comme dans le traitement du diabète (après une éducation thérapeutique, les personnes peuvent s’auto-injecter de l’insuline).

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