Ne pouvant aliéner facilement les propriétés de l’Etat, le Président Wade avait établi un bail de 50 ans pour une mensualité fixée à l’époque à 104 mille F Cfa pour des occupants de la Cité Fayçal que la Sogepa veut récupérer.

Lancée dans une opération de récupération du patrimoine bâti de l’Etat, la Société de gestion du patrimoine se retrouve dans une situation où elle risque de dessaisir de nombreux bénéficiaires dans d’autres endroits de la capitale.

La Sogepa a décidé de reprendre des villas de la Cité Fayçal, située au croisement de Cambérène, occupées par d’ex-hauts fonctionnaires depuis plus de trente ans.

Cette mesure provoque la grogne des occupants, qui se retrouvent dans une situation précaire après avoir pris leurs quartiers dans ce joli cadre verdoyant depuis plus 30 ans. Ils ont saisi le chef de l’Etat pour espérer la résolution de cet épineux problème qui rattrape certains qui sont à la retraite depuis plusieurs années.

La fin du régime de Abdoulaye Wade avait sonné le glas des espérances de beaucoup de gens, notamment certains caciques qui comptaient sur leur proximité avec le pouvoir pour acquérir un patrimoine bâti.

Cet ensemble de villas de grand standing a été érigé par le défunt milliardaire El Hadj Djily Mbaye au début des années 1990, peu de temps avant le premier Sommet de l’Oci que le Sénégal a abrité. Les logements étaient d’abord destinés à la location, mais à l’époque, les prix proposés semblaient prohibitifs à la majorité des Sénégalais, et n’avaient pas trouvé preneur.

C’est ainsi que, pour plusieurs raisons dont certaines liées à l’organisation du Sommet de l’Organisation de la conférence islamique, l’Etat en est venu à prendre possession de la majorité de ces villas, et Djily Mbaye a pu vendre le reste à des particuliers.

La partie payée par l’Etat a fini par servir à loger des ministres et des hauts fonctionnaires, comme dit plus haut.

Mais, avec les années, il se trouve que certains parmi les occupants, qui ont quitté leurs fonctions, ont voulu malgré tout conserver leur logement.

Dans les derniers mois précédant l’élection présidentielle de 2012, une délégation de ces occupants des maisons de l’Etat dont un grand nombre réside à la Cité Fayçal, avait introduit une demande auprès de l’ancien président de la République, M. Abdoulaye Wade, pour que ce dernier appuie leur volonté d’acquérir des titres de propriété de leur domicile.

Et si le Président Wade y était favorable et a initié la procédure, la Direction des Impôts et domaines avait fait comprendre au chef de l’Etat de l’époque que l’on ne pouvait aliéner les biens de l’Etat en un simple claquement de doigts, et qu’il y avait une procédure à respecter. Et surtout, que la procédure devait reposer sur des motifs bien solides, dans lesquels les intérêts de l’Etat étaient bien sauvegardés.

Bail de 50 ans
De guerre lasse, les dirigeants politiques ont trouvé le moyen de satisfaire ces gens sans qu’il soit pour autant nécessaire de leur accorder un titre de propriété, difficile à obtenir. A chacun de ces occupants, l’Etat a trouvé le moyen de faire un bail de 50 ans. Pour ces baux, chacun des bénéficiaires ne payait, selon les informations obtenues par Le Quotidien, que 104 mille francs Cfa par mois.

Pratique courante
A la Direction du patrimoine bâti de l’Etat, qui est maintenant rattachée au Secrétariat général de la présidence de la République, ce genre de pratique ne devrait surprendre, même si cela choque toujours.

Des fonctionnaires font remarquer que les logements de la Cité Fayçal ne sont pas les seuls concernés par des comportements de ce type, et que d’autres, même plus stratégiques encore, ont fait l’objet du même traitement de faveur de la part des dirigeants politiques.

Des exemples sont donnés de certains gros pontes de l’époque de Abdou Diouf dont certains avaient une résidence presque contiguë au palais de la République, et qui ont pu obtenir des faveurs de ce type. Le changement de régime leur avait permis de continuer d’occuper quasi impunément les logements de fonction qui leur avaient été octroyés en leur temps.

Le Président Abdoulaye Wade avait suivi la même voie avec certains de ses proches, et cette affaire de la Cité Fayçal n’est que la partie visible de l’iceberg.

lequotidien

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