Le respect des engagements pris par l’Etat. C’est ce que le Cusems attend du régime de Diomaye. Dans cet entretien, Aly Diouf, trésorier du Cusems, est revenu sur les attentes des syndicalistes, la réforme du système éducatif et la relation entre autorités et syndicats.

Une rencontre des centrales syndicales avec le président de la République sans le Cusems. On peut dire que le signal de début de mandat n’est pas bon pour vous ?
Le Cusems est un syndicat de branche qui n’est affilié à aucune centrale et qui regroupe uniquement des travailleurs du secteur public. En rencontrant les centrales, le Président a voulu ratisser large, car les centrales représentent tous les secteurs d’activités.

Il faut aussi souligner que les syndicats représentatifs du secteur de l’éducation ont été reçus par le ministre Moustapha Guirassy.

Le nouveau régime fraîchement installé aura forcément besoin de temps pour s’imprégner des dossiers. Qu’attendez-vous de lui ?
Effectivement, ce que nous attendons de ce régime, c’est d’abord le respect des promesses contenues dans le livre-programme sur la base duquel ils ont été élus.

Dans ce document, des engagements importants ont été pris, parmi lesquels l’introduction de l’anglais dès l’élémentaire, l’éradication des abris provisoires, le recrutement d’un nombre suffisant d’enseignants pour résorber le gap actuel, l’équipement des écoles en laboratoires et supports didactiques, la relance des blocs scientifiques, la dématérialisation des procédures pour mettre un terme aux lenteurs administratives et l’application des conclusions de l’étude sur le système de rémunération.

Ce que nous attendons aussi, c’est un changement d’attitude par rapport à nos revendications.

La rupture, c’est aussi ne plus attendre que les syndicats en soient à leur 10e ou 11e plan d’actions pour les inviter à des négociations. Il faut désormais faire dans la prévention. Ils ont trouvé un passif très lourd qu’ils vont devoir apurer.

Justement, quel est ce passif ? Qu’est-ce que vous voulez que le gouvernement fasse ? Et sur quelle durée ?
Au fil des années, les gouvernements précédents ont signé des accords qui, jusque-là, ne sont pas respectés. Il s’agit notamment de la fin des lenteurs administratives, de la correction du système de rémunération, de l’extinction du corps des décisionnaires, de la formation de tous les professeurs contractuels, des chargés de cours et des enseignants issus du recrutement spécial, du paiement de tous les rappels dus aux enseignants et des indemnités de sujétion aux chefs d’établissements, de la création du corps des administrateurs scolaires et de l’augmentation des budgets des établissements scolaires.

Sur tous ces points, le gouvernement doit trouver des réponses le plus vite possible.

On doit retourner au format du monitoring, ces rencontres dirigées par le Premier ministre auxquelles assistent tous les ministres concernés. Il s’agira ensemble, avec les syndicats, de travailler sur un échéancier clair pour la mise en œuvre de ces points.

Parmi les points cités, quels sont les plus urgents ?
Tous ces points sont urgents, car ayant fait l’objet d’accords consignés dans les différents protocoles, même si on comprend que ce nouveau régime a besoin de s’installer et de s’imprégner de tous les dossiers.

Il faut d’abord et avant tout faire preuve de bonne volonté et montrer qu’ils sont dans les dispositions pour trouver des solutions à ces problèmes, et le reste pourra se discuter autour de la table.

Bien que l’Etat soit une continuité, si le régime vous dit qu’il veut revenir sur certains points, êtes-vous prêts à les suivre ?
Ça m’étonnerait que l’Etat veuille revenir sur des points d’accord, car le Président et son Premier ministre ont eu à diriger le Syndicat des Impôts et domaines, ils savent donc qu’en matière syndicale, les acquis ne se renégocient pas, ils doivent être appliqués.

Parlons de l’école :
l’actuel ministre de l’Education nationale a toujours nourri le souhait de réformer le Bac.
Quelle est la position du Cusems ?
Nous pensons qu’au-delà du Bac, il faut une refondation du système éducatif sénégalais. Nous avons un système hérité de la colonisation. Puisqu’on parle de souveraineté, commençons d’abord par l’école qui forme les citoyens.

Quelles seront les bases du nouveau système éducatif que vous proposez ?
Il faut un système qui enseigne nos valeurs, notre histoire écrite par nous-mêmes, nos langues nationales, un système adapté à nos besoins, un système qui ne va plus produire 70% de bacheliers littéraires.

N’y avait-il pas un projet similaire avec l’ancien régime ?
Avec les Assises de l’éducation, des propositions similaires ont déjà été faites, mais elles n’ont pas été mises en œuvre. Nous attendons de ce régime le courage d’aller au-delà des slogans et des effets d’annonce, mais de faire du pragmatisme leur doctrine. Il faut de l’audace pour faire de telles réformes.

Que retenir de cette année scolaire qui tire à sa fin ?
On peut dire que dans l’ensemble, nous avons eu une année scolaire sans beaucoup de perturbations.

Globalement, elle a été apaisée, et ça, on le doit aux enseignants qui, malgré toutes les difficultés auxquelles ils font face, ont préféré mettre l’intérêt de la Nation au-dessus de tout.

C’est le lieu de les féliciter et de les encourager.

Nous sommes à la veille des examens, nous souhaitons bonne chance à tous les candidats. Depuis 2022, nous avons connu des années relativement calmes.

Il appartiendra aux nouvelles autorités de tout faire pour que cette accalmie soit pérenne. Et pour ce faire, il faudra prendre des mesures fortes en faveur du monde de l’éducation qui a longtemps été laissé en rade.

lequotidien

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