Une image vaut mille mots. Et Matteo Garonne a le don d’expliquer par l’image. Le phénomène de l’émigration clandestine a fait l’objet d’interminables campagnes de sensibilisation. Pour le réalisateur, 3 mois de tournage et un film de 2h ont suffi pour mettre toute la population devant ses responsabilités.

«Moi, capitaine», un film à regarder et à faire regarder. Un geste patriotique.

Il en faut peu pour être heureux. Alors que certains parcourent le monde à la recherche de gain, d’autres peuvent se contenter de vivre dans une famille plethorique, avoir juste un café pour commencer la journée et mettre leur avenir entre les mains de Dieu.

C’est ce que Moussa et Seydou, deux jeunes Dakarois, vaccinés à la pauvreté, ont magnifiquement interprété dans le film Moi, capitaine. Réalisé par Matteo Garonne, ce film, sorti en salle depuis le 3 janvier dernier, est un impératif à faire regarder à la frange de la population qui pense que l’expression «traversée du désert» est une succession de mots pour ne rien dire.

La caméra de l’Italien adopte une pédagogie qui allie humour et discours réel.

Les 2 heures que dure le film passent inaperçues. Entre l’insouciance juvénile à outrance et la dure réalité de l’homme, il retrace le chemin de l’émigration clandestine du Sénégal en Italie, sans oublier le passage dans le désert du Sahara.

Des causes profondes de l’émigration clandestine à la dure réalité de la traversée du désert, Matteo Garrone explique par l’image ce phénomène.

Sa caméra a traduit fidèlement l’histoire que Mamadou a vécue. Mieux, l’Italien traduit les sentiments et entraîne le spectateur dans un tourbillon d’émotions. Le silence, par moments, de la salle Pathé contraste avec les éclats de rires scientifiquement provoqués pour permettre au public, venu nombreux samedi passé, de respirer. C’est l’histoire de Seydou et Moussa.

Les deux jeunes sénégalais de 16 ans, décident de quitter leur terre natale pour rejoindre l’Europe.

Mais sur leur chemin, les rêves et espoirs d’une vie meilleure sont très vite anéantis par les dangers de ce périple. Leur seule arme dans cette odyssée restera leur humanité. Marcher à côté des cadavres, continuer et ne pas se soucier d’un candidat blessé et abandonné par le groupe, c’est trop demander à un adolescent. Et pourtant, il faudra s’y faire.

Le plus choquant, ce n’est pas la pire des situations que les migrants sont appelés à vivre pour gagner l’Europe.

De ses propres frères de race qui vendent à des négriers à l’affront de devoir prendre le risque de sa vie pour traverser l’océan tout en le payant, c’est, entre autres, ce que Seydou a vécu.

A 16 ans et sans formation, il se voit confié des vies. Il doit payer pour conduire une vieille cabine flottante qui n’est même plus bonne pour la casse, avec à bord plus de personnes qu’il ne devrait y avoir dans un bateau normal. Même la salle est remplie d’êtres humains. «Montrer la peine que les candidats rencontrent, c’est pour cela que j’ai fait ce film.

Le cinéma a besoin de grands acteurs et des interprètes qui savent traduire les émotions. J’ai eu la chance de travailler avec de grands acteurs à travers ce film.

Ce ne sont pas que Seydou et Moussa. Ils ont tous donné une touche particulière à ce film», a expliqué le réalisateur italien Matteo Garrone. Pour Mamadou dont l’histoire a inspiré le film, l’objectif est atteint. «On ne doit pas voyager en prenant le désert. Il faut revoir les conditions d’obtention de visa.

C’est une injustice.

Ce n’est pas normal de ne pas avoir un visa alors que les Européens viennent comme ils veulent. Tout le monde doit être libre de voyager», a-t-il plaidé. En attendant les décisions, ce film doit être vu par toute la population. Car seule la réalité peut se conter elle-même.

Elle met chacun face à ses responsabilités. Des parents, en passant par la société, aux conditions de vie qui doivent nécessairement être améliorées, ce film nous met devant nos obligations.

lequotidien

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