Un peu partout en France, des lieux d’exception braquent leurs projecteurs sur les artistes du continent. Suivez le mouvement.

Le Musée des arts d’Afri­que et d’Asie de Vichy fête ses 100 ans. A cette occasion, une grande rétrospective de ce siècle d’Histoire est proposée au public. Un retour sur la création du musée et l’origine des collections parmi lesquelles figurent près de 5000 objets d’art rapportés par des missionnaires mais aussi issus de donations. Statuettes, mas­ques, photographies, venus du Maghreb, d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, témoignent de la richesse et de la diversité des expressions artistiques du continent. «Aujourd’­hui, avec toutes les études en histoire de l’art et en anthropologie, on a une meilleure connaissance de ces objets.

Et puis surtout, les populations concernées participent à la connaissance de leurs arts», explique la directrice du musée, Marie-Line Therre. En effet, chaque œuvre d’art donnée à découvrir est illustrée de la photo du missionnaire à l’origine de l’apport de l’objet, de sa signification et de sa provenance. Pour compléter cette célébration, le musée propose deux expositions temporaires autour de deux thèmes à l’honneur : «Voyages» et «Touaregs». Un parcours dans l’immensité du Sahara à travers les œuvres de trois pays, Algérie, Mali, Niger, c’est ce que propose l’exposition «Touaregs. Objets nomades». Le musée conserve depuis sa création, une riche collection d’art touareg dont des cuirs anciens et une donation récente de bijoux en provenance du Niger. Une plongée au cœur de cette culture et de ses valeurs dont la sobriété des formes, l’art épuré et raffiné ainsi que l’équilibre des décors correspondent à un idéal de retenue et de noblesse en société de ce peuple nomade.

Abbaye de Daoulas, «Afrique : les religions de l’extase» dans le Finistère
Quand un patrimoine tel que l’Abbaye de Daoulas et une exposition sur les richesses des religions africaines viennent à se rencontrer, l’expérience est tout simplement inédite et inoubliable. Situé sur les chemins du Patrimoine du Fi­nistère, cet ancien monastère au charme et patrimoine exceptionnels, avec ses jardins botaniques et son architecture qui a su conserver sa splendeur initiale, accueille cette année le Musée d’ethnographie de Genève (Meg) pour une plongée dans le mysticisme et la ferveur religieuse africaine autour de l’angle central de l’extase. Une exposition qui invite au voyage des sens et de l’esprit et qui vise, pour Boris Wasttiau, le commissaire de l’exposition, à «faire réfléchir aux aspects subjectifs de l’expérience religieuse dans ce qu’elle a d’incarné individuellement ou collectivement, les sentiments et les émotions qu’elle procure».

La scénographie, qui a été confiée à Franck Houn­dégla, propose ainsi un parcours visuel sur fond sonore, autour de quatre thématiques centrales : les religions monothéistes, les religions autochtones (divination, sacrifice, culte des ancêtres), les cultes de possession et, enfin, les cultes magico-religieux. Au total, ce sont près de 200 pièces venues de tout le continent, des portraits, des vidéos, des objets de culte de toutes sortes, d’artistes et d’ethnologues tels que Théo Eshehu, Jacques Faublée, Jean-Pierre Grand­jean, Chris­tina Lutz, Mahau Modisakeng. Plus qu’une exposition, «Afrique : les religions de l’extase» est une invitation à comprendre la puissance de l’élan religieux. Le public est amené à vivre et à ressentir au fur et à mesure de son parcours, la richesse des émotions que suscite l’extase religieuse : la contemplation, le ravissement, la béatitude, l’enivrement, l’exaltation et l’ivresse. Une immersion exceptionnelle au cœur des richesses et pratiques religieuses africaines.

La Grande Orangerie, «Congo Paintings, une autre vision du monde» à Dijon
La fine fleur de la scène artistique de Kinshasa est à l’honneur cet été à Dijon. A l’occasion de la 7e Biennale d’art singulier qui se déroule du 28 juin au 28 août 2022, l’exposition «Congo Paintings, une autre vision du monde», après Namur et Vichy, s’installe cette année à la Grande Orangerie à Dijon. Cette exposition, haute en couleur et en images, rassemble, grâce aux prêts de trois collectionneurs passionnés français, Philippe Pellering, Boris Vanhoutte et Bernard Sexe, les œuvres de plusieurs générations d’artistes majeurs qui témoignent de la vie bouillonnante de la scène artistique kinoise. En tout, ce sont 80 toiles exposées, des peintures qui osent tout : satire politique, érotisme, parodie sociale et religieuse, sous le regard corrosif d’artistes peintres talentueux et de renommée mondiale qui partagent leur regard sur Kinshasa, leur vision de l’art et leur rôle en tant qu’artiste. Parmi les artistes exposés : Mwenze Kibwanga, Cheri Cherin, Chéri Samba, Pierre Bodo…

Mudaac, Musée départemental d’art ancien et contemporain, Epinal
Quand on lui pose la question : «pourquoi l’Afrique ?», William Ropp raconte l’histoire de celui qui a construit son imaginaire, celle de son trisaïeul, Louis Jacolliot, et de ses voyages en Afrique, une légende dans sa famille. Voilà donc d’où lui vient cette envie irrépressible d’Afrique. Connu pour ses séries de portraits, ses photographies en noir et blanc et ses récits de voyage en Afrique consignés dans son livre Mémoires rêvées d’Afri­que, il revient quelques années plus tard avec une série de portraits saisis cette fois-ci, dans la corne de l’Afrique, en Ethiopie. C’est là qu’il choisit de camper son appareil photo, sur cette terre qu’il considère comme le «berceau de l’humanité». Il y capture une terre faite de gris, un ciel rose, des forêts denses, des eaux profondes, des enfants, des vieillards, des autochtones. Des images hors du temps, autochromes réinventées, pensées, rêvées, imaginées par le portraitiste et accompagnées des poèmes de l’écrivain Philippe Claudel, pour une traversée onirique en «Uthiopie». Une exposition à découvrir au Musée départemental d’art ancien et contemporain d’Epinal, qui s’inscrit dans le cadre de l’édition 2022 du Festival des mondes imaginaires, Les Imaginales, organisé chaque année par la ville.

Luma «Stories. Le portfolio 1947-1987», à Arles
C’est la première grande rétrospective en France de James Barnor. Présentée à Luma dans le cadre des Rencontres d’Arles, l’exposition, consacrée au photographe ghanéen, retrace 40 ans de l’œuvre de l’artiste à travers une sélection inédite de 100 ima­ges choisies par l’artiste lui-même. «Un portfolio stories» délicieusement «barnorien» exceptionnel et unique que l’on découvre suivant un déroulé chronologique et sur fond de photographies de James Barnor, de tirages originaux, de documents d’époque, de revues et de magazines pour lesquels il a collaboré. D’Accra à Londres, de son studio Ever Young à sa collaboration avec le magazine sud-africain et anti-apartheid, Drum, en passant par les célèbres photographies d’un Swinging London joyeusement multiculturel, l’exposition offre un regard kaléidoscopique sur l’œuvre du photographe, sur sa vie, son histoire et tout simplement sur le témoignage d’une époque. Une exposition-hommage à cet artiste transcontinental qui continue à inspirer de nouvelles générations d’artistes.

Luberon : «Kaléidoscope», Apt
Une exposition sur l’art africain contemporain résolument urbaine, c’est ce que propose la Fondation Blachère à Apt, dans le Luberon. Et sous l’objectif, deux villes bouillonnantes : Dakar et Kinshasa. Thématique fortement appréciée de la création contemporaine, la ville est le lieu de tous les possibles, de tous les rêves éveillés. Elle se transforme, s’étend, se distend, elle est en perpétuel mouvement. Chaque artiste, au total 27 dont beaucoup de Séné­galais et de Congolais, interprète à sa manière sa ville, tour à tour joyeuse, inquiétante, colorée et bruyante. Sculptures, maquettes, street art, peintures, photographies, mais aussi bande sonore et musique plongent le visiteur dans l’ambiance de ces deux capitales reflétant l’expérience kaléidoscopique et multisensorielle des villes par les artistes. Parmi les artistes présentés : Daouda Ba (Séné­gal), Adama Bamba (Mali), Mamadou Cissé (Sénégal), Docta (Sénégal), Cheikh Ndiaye (Sénégal), Dawit Abebe (Ethiopie)…
Le Point

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