L’APR ne compte pas rester les bras croisés face aux accusations portées par Pastef contre elle. Pour marquer leur indignation face aux « manipulations » et autres « diabolisations », Pape Malick Ndour, accompagné par ses camarades de parti ainsi que certains de leurs alliés, s’est livré à une séance d’explication de leur ligne de défense concernant les conclusions du rapport de la Cour des comptes.
Sans en avoir l’air, Macky Sall organise sa défense contre toutes les allégations portées à son encontre et contre son parti. Sur le plan politique, il a demandé à ses responsables de parti de former un groupe de travail pour démonter un à un les arguments de la Cour des comptes. Ils étaient face à la presse hier pour revenir sur leurs travaux.
« Depuis son accession au pouvoir, le Pastef semble animé par une seule obsession : noircir le bilan élogieux du régime précédent et discréditer le Président Macky Sall et son parti », a déclaré Pape Malick Ndour, selon qui les accusations de maquillage de chiffres soulevées ces derniers temps s’inscrivent dans ce sillage de diabolisation systématique.
Un contre-rapport, en réponse au rapport de la Cour des comptes, a été produit en versions française et anglaise.
« Il sera ainsi transmis aux partenaires bilatéraux et multilatéraux, mis à la disposition du public et publié sur un site dédié », renseigne Pape Malick Ndour.
À en croire M. Ndour, la Cour des comptes établit son rapport sur la base de celui présenté par le gouvernement.
« En réalité, comme l’a d’ailleurs rappelé le président de la Cour des comptes, et contrairement à ce qu’on a voulu faire croire aux Sénégalais et à l’opinion internationale, la Cour n’audite pas en l’espèce les comptes publics, mais établit un rapport sur celui présenté par le gouvernement », dit-il avant d’enchaîner : « Dans le cas présent, la Chambre des affaires budgétaires et financières (CABF) n’a pas établi de rapport, mais a validé un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), organe interne au ministère des Finances et du Budget. »
« Au sein même de la cour des comptes, un malaise s’est installé sur les conditions d’élaboration du rapport »
Le prétendu rapport, explique-t-il, a été élaboré et adopté par la seule CABF, et non dans le cadre de l’Assemblée de toutes les Chambres réunies, conformément à l’article 19 de la loi organique sur la Cour des comptes qui dispose que la Cour siège en Assemblée des Chambres réunies pour adopter le texte du rapport public général annuel, le rapport sur le projet de loi de règlement et la déclaration générale de conformité, entre autres.
De même, selon Pape Malick Ndour, des informations crédibles confirment « une procédure d’audit viciée, tendancieuse, non seulement au niveau de l’Inspection générale des finances mais aussi de la Cour des comptes, dans le seul but de jeter le discrédit sur la gestion 2019-2024.
Au sein même de la Cour des comptes, un malaise s’est installé sur les conditions d’élaboration du prétendu rapport, qui violent les dispositions légales et vont dans le sens d’une grossière manipulation.
Ainsi, des manquements graves qui ont accompagné la production de ce rapport remettent fondamentalement en cause son authenticité et sa crédibilité, et montrent l’étendue de la supercherie », déclare M. Ndour.
Parmi les éléments qui montrent le caractère tendancieux du rapport, l’APR cite le non-respect du principe du contradictoire.
« Depuis quand un rapport d’audit est établi exclusivement à charge, comme un procès en inquisition ? », se demande-t-il. Mieux, quand le président de la Cour des comptes a été interpellé à ce sujet, il a informé que le respect du contradictoire par le ministère des Finances ne relevait pas de ses attributions et incombait au responsable du ministère.
« Deux versions du même prétendu rapport circulent »
À en croire Pape Malick Ndour, deux versions du même prétendu rapport circulent dans le pays, avec des différences notoires entre les deux exemplaires, sans qu’aucun éclaircissement n’ait été officiellement apporté par les auteurs afin de défendre l’intégrité supposée de leur travail.
« Dans la version dite provisoire ne figurent pas les données relatives à la dette bancaire, car la Cour des comptes avouait n’avoir pas les moyens de tracer les opérations de remboursement. Dans la version dite définitive, les montants subitement apparaissent avec comme désignation “dette bancaire hors cadrage” ou “dette cachée”.
Compte tenu des montants en question et des interrogations et commentaires soulevés, la Cour des comptes devrait communiquer pour expliquer comment elle a remplacé le terme “opération de trésorerie” par “dette bancaire hors cadrage ou cachée”. »
Sur un ton taquin, Pape Malick Ndour fait savoir que, face à « l’échec de sa tentative de discréditer notre régime, Ousmane Sonko s’attaque désormais au FMI, qu’il rend responsable de tous les torts. Pourtant, la coopération entre le Sénégal et le Fonds monétaire international a toujours été exemplaire. Les pressions exercées actuellement contre le Fonds afin qu’il renonce à nous rencontrer renseignent à suffisance sur l’état d’esprit de nos gouvernants ».
L’ancien ministre de la Jeunesse souligne par ailleurs que le régime de Pastef a perdu la bataille de l’opinion, mais aussi celle de l’instrumentalisation de la justice. « Pastef a tenté de mobiliser l’opinion publique autour du prétendu rapport, allant jusqu’à lancer un appel à une “marche nationale” pour exiger la mise en accusation du Président Macky Sall (…)
Ce stratagème politicien, fondé sur une exploitation abusive d’un document encore sujet à caution, n’a suscité aucun écho auprès des citoyens. » Et face à l’absence d’adhésion populaire aux conclusions du rapport controversé, dit-il, le pouvoir semble désormais s’orienter vers une instrumentalisation de la justice.
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