Doyen parmi les favoris ! A 68 ans depuis le 1er janvier dernier, Khalifa Ababacar Sall joue sa dernière carte pour se faire élire président de la République le 24 mars prochain. Après avoir raté la Présidentielle de 2019 dont il était donné ultra-favori, à côté de Macky Sall, l’ancien maire de Dakar va donc livrer son premier et dernier ( ?) combat en tant que candidat pour la magistrature suprême.

Un énorme paradoxe au vu de la longévité politique de ce poulain de Abdou Diouf, puis de Ousmane Tanor Dieng.

Socialiste dans l’âme, homme d’Etat convaincu, Khalifa Ababacar Sall a toutes les prédispositions pour la station présidentielle.

Son parcours force le respect. Responsable des Jeunesses socialistes, Secrétaire général chargé des élections et de la vie politique du Parti socialiste (PS), il a été élu député en 1983 alors que Bassirou Diomaye Faye n’avait que… 3 ans.

Ministre chargé des relations avec les institutions, puis ministre du Commerce, son expérience et son sens élevé de l’Etat et du respect des principes et valeurs de la République, lui créditent un bon score.

Cette confiance s’est d’abord installée lors de son passage à la mairie de Dakar lors des élections municipales du 22 mars 2009.

«Khaf», alors leader de la coalition Benno Siggil Senegaal (s’unir pour un Sénégal debout, en langue wolof) adresse à Me Abdoulaye Wade (président de la République) un coup de Jarnac et se fait élire maire avec 81 des 100 voix exprimées.

Inédit ! Pour la première fois, le parti au pouvoir perd la capitale. Khalifa Sall commence alors à tisser sa toile vers les sommets.

Alors que son parti, le PS, rejoint avec armes et bagages la coalition Benno Bokk Yaakar ; pis, décide même de renoncer à sa raison d’être, c’est à dire la conquête du pouvoir, celui qui se dit «Boy Grand Yoff», par opposition à «Boy Dakar» pour ne pas dire un «dandy», décide de naviguer à contre-courant.

Ce, après avoir remporté haut la main les Locales du 29 juin 2014.

Tel un tsunami, sa coalition Taxawu Dakar balaie tout sur son passage et s’adjuge quinze (15) des dix-neuf (19) communes d’arrondissement de la ville de Dakar.

Un véritable camouflet pour Macky Sall et surtout son Premier ministre, Aminata Touré «Mimi», qui va mordre la poussière jusque dans son fief de Grand-Yoff.

Avec le projet du pavage, le déguerpissement des marchands ambulants à Dakar, l’éclairage, la distribution gratuite du lait à l’école, Khalifa Sall commence à entrevoir un destin présidentiel.

Il est adulé, adopté, cité en exemple.

Malheureusement pour lui, il va déclarer très tôt son ambition de briguer la magistrature suprême. Un péché de lèse-majesté que le Chef de l’Etat ne pouvait accepter. La machine judiciaire s’emballe et broie le maire de Dakar.

Accusé d’avoir profité de ses fonctions pour détourner 1,8 milliard de francs CFA (2,7 millions d’euros) de la régie d’avance de la mairie de Dakar, «Khaf» sera incarcéré le 7 mars 2017.

Le tribunal va par la suite le condamner à une peine de 5 ans de prison ferme, assortie d’une amende pénale de 5 millions francs CFA, sans dommages et intérêts.

Un procès en mode fask-track qui va battre tous les records de célérité dans le seul et unique but de lui rendre inéligible.

Réélu, après l’élimination de Khalifa Sall et de Karim Wade, Macky Sall accorde la grâce à l’ancien maire de Dakar le 29 septembre 2019 avec une «remise totale des peines principales».

La grâce n’effaçant pas les faits, Khalifa Sall se lance dans la conquête de ses droits civiques et politiques qu’il obtiendra au détour d’un dialogue politique en prélude duquel il va pêcher par égard de langage.

«L’essentiel, c’est que je puisse faire partie» de la course présidentielle, soutenait-il.

Ce, après une «brouille» au sein de Yewwi particulièrement entre Ousmane Sonko et lui. Ce dimanche, Khalifa Sall saura si sa popularité entre 2009 et 2021 est restée intacte ou pas pour son dernier baroud d’honneur.

Sud quotidien

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