« Une récente étude a montré qu’entre 2019 et 2030, le gisement des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) au Sénégal sera multiplié par 2,5. Il va croitre de 17 000 à 43 000 tonnes toutes catégories confondues. Les petits équipements représentent près de la moitié du gisement.
Vous conviendrez avec moi que face à ces chiffres alarmants mais également et surtout avec le nombre limité d’infrastructures de recyclage et l’absence d’un cadre juridique spécifique à la gestion des DEEE, notre pays risque d’être un dépotoir (des déchets) si rien n’est fait », a alerté la directrice générale adjointe de la Direction de l’environnement et des établissements classés (DEEC).
Madame Badiane s’exprimait ce vendredi 17 novembre 2023 à Dakar lors de l’atelier de clôture de la première phase du projet « Gestion des déchets plastiques, des eaux usées, des déchets d’équipements électriques et électroniques dans les villes secondaires, à travers des modèles d’affaires innovants pour le recyclage et la valorisation au Sénégal ».
Ce projet pilote de gestion durable des déchets dans les villes secondaires est financé par le Grand-Duché de Luxembourg à hauteur de 3 millions d’euros et mis en œuvre par le Global Green Growth Institute (GGGI), en français : Institut mondial pour la croissance verte, en partenariat avec le gouvernement sénégalais.
Signalons que ce projet qui est exécuté à travers trois composantes à savoir la gestion durable des déchets plastiques à Touba ; la gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques à Dakar et la gestion des eaux usées à Tivaouane, a fortement contribué à la mise en œuvre de la politique définie par l’Etat du Sénégal en matière de lutte contre les pollutions et nuisances.
Il a pour objectif principal est l’instauration d’un système intégré de gestion des déchets pour accélérer le progrès des villes secondaires vers la croissance verte et la réduction de la pauvreté en passant par la mise en place de services durables autour du recyclage et de la valorisation des déchets.
A en croire la représentante du directeur de la DEEC, Baba Dramé, « le recyclage des DEEE est une alternative pour réduire les déchets produits, mais également une option économiquement viable ».
L’un des défis majeurs à relever reste « le changement de paradigme de nos manières de faire et d’être pour lutter contre la dégradation de l’environnement. Cela nécessite une forte implication des services de l’administration, des communautés, du secteur privé, du secteur informel pour ne citer que ceux-là », a ajouté Mme Badiane.
Pour la représentante résidente de GGGI au Sénégal, Assana Magagi Alio, qui a conduit la mise en œuvre du projet lancé officiellement en mai 2019, « l’initiative vise principalement à développer des modèles d’affaires innovants dans le recyclage et la valorisation pour une gestion écologiquement responsable des déchets urbains ».
A l’en croire, le projet a permis des avancées majeures dans la mise en place d’un cadre règlementaire relatif à la gestion durable des e-déchets, avec comme innovation majeure l’instauration d’une éco-contribution pour financer les activités de traitement.
Assana Magagi Alio qui a dressé un bilan élogieux de la première phase du projet a relevé que, « bien qu’une évaluation de l’impact soit prématurée, les données collectées à date ont montré des avancées significatives par rapport aux indicateurs assignés au projet.
Pour une cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 979 100 tCO2eq sur une période de 25 ans, les dernières estimations tablent sur une réduction plus importante, atteignant près de 1 250 000 tCO2eq, soit 127 % de la cible ».
Poursuivant son allocution, elle a renchéri que : « sur une cible de 500 000 bénéficiaires, les investissements permettrons de toucher 367 000 personnes dans les trois villes, soit 73% de la cible.
Quant aux emplois créés, 52 emplois directs (dont 25% femmes) et de 260 emplois indirects ont été réalisés, soit un total de 312 emplois sur un objectif de 700, soit près de 45% de la cible ».
Convaincu de la pertinence du projet, les partenaires ont porter le plaidoyer pour une mise à l’échelle avec des pistes claires à explorer, a conclu la représentante résidente de GGGI au Sénégal.
La cheffe de coopération à l’Ambassade du Luxembourg qui a reconnu les efforts consentis par GGGI dans la mise en œuvre du projet a vivement « remercié GGGI, non seulement pour la mise en œuvre satisfaisante de ce projet, confirmé par le rapport d’évaluation fait sur le projet, mais aussi pour avoir cru et porté cette initiative innovante en mettant en avant l’expérimentation d’une approche orientée vers l’économie circulaire ».
Pour Tania Martins, « GGGI a prouvé être un partenaire stratégique capable de transformer des idées en actions concrètes, contribuant ainsi à la structuration nécessaire d’un secteur porteur mais très complexe ».
Mme Martins qui est cependant consciente que le chemin vers la durabilité est long et nécessite une consolidation continue annonce la deuxième phase du projet mais fait quelques précisions.
« Les retards accumulés dans l’exécution du projet ont fourni une occasion de prendre le temps de la réflexion et d’évaluer la solidité des modèles d’affaires développés.
Ce temps de réflexion durant une phase de consolidation de 12 mois qui permettra de revoir la stratégie, les cibles effectivement atteintes et de se concerter avec tous les acteurs. Cette période de consolidation coïncide avec la formulation du 5e programme de coopération entre le Sénégal et le Luxembourg, et le démarrage de notre nouveau programme en 2024.
La question. de la gestion des déchets fait partie d’une des priorités inscrites dans notre nouveau programme pour les 7 prochaines années. Le projet GGGI offre un cadre propice pour la prise en compte d’interventions dans ce sous-secteur avec la considération d’une d’une seconde phase pour le projet », a-t-elle conclu.
VivAfrik