Le développement rapide du Sénégal ainsi que la démographie galopante que connait le pays font de la conservation du patrimoine naturel une gageure. Alors qu’il y a encore 10 ou 15 ans des centaines de milliers d’hectares étaient pour ainsi dire vierges de toute activité humaine, ces espaces sont devenus aujourd’hui rarissimes.

Pour définir les 5 endroits les plus sauvages du Sénégal nous avons évidemment pris en considération la préservation naturelle (faune et flore) de la localité concernée mais également l’absence de tourisme et d’activités humaines à proximité. Ainsi un parc relativement préservé comme le Djoudj mis en péril par les activités humaines et les visites touristiques ne peut prétendre à entrer dans ce « Top 5 ».

Les espaces naturels sélectionnés sont le Niokolo Koba et les vallées du Dialé et du Sandouridou au sud-est, la forêt de Blaze en Casamance, la réserve des six forages dans le nord du Sénégal et le delta du Saloum à l’ouest.

 VALLÉES DU DIALÉ ET DU SANDOURIDOU

Aux confins du Sénégal, à l’est du département de Kédougou, un triangle isocèle formé par Madina-Toubakota, Madina et Barabéri constitue un des derniers espaces de vie sauvage du pays.

Ces 130km² de forêts et de savanes ne sont traversés par aucune route et sont totalement inhabités. La particularité de cette zone et ce qui en fait sa richesse faunistique et végétale, est d’être délimitée, sur deux des 3 arêtes du triangle qu’elle forme, par deux vallées longées par de denses galeries forestières : la vallée du Dialé à l’ouest, allant de Madina-Toubakota à Madina, et la vallée du Sandouridou à l’est, entre Madina et Barabéri.

Ces deux cours d’eau empêchent les feux de brousse autant que les troupeaux de bétail de pénétrer à l’intérieur de cet écosystème. Le tourisme y est inexistant et la faune y est riche et variée : hyènes, divers cervidés, phacochères, reptiles, hippopotames, crocodiles, sans doute des lions, singes, etc…

L’avenir de ce triangle de vie sauvage est cependant menacé à brève échéance par les compagnies minières et les orpailleurs de fortune. Une localité comme Sambarabougou à l’ouest a vu sa population multipliée par 100 en 5 ans (c’est aujourd’hui la deuxième ville du département, juste après Kédougou) et les compagnies minières, se sachant totalement isolées du reste du monde, font plus ou moins ce qu’elle veulent en terme de pollution et de déprédation.

 FORÊT DE BLAZE

Jadis la Casamance comptait de nombreuses forêts totalement épargnées de la déforestation grâce à leur statut de bois sacré.

Pour se débarrasser des indépendantistes qui s’y replaient, l’Etat sénégalais a autorisé ou encouragé le massacre de la plupart de ces espaces sauvages qui abritaient des espèces rares de mammifères et un écosystème aussi riche que fragile. Les forêts de Bissine, des Bayottes, de Diégoune, de Tendouck, de Bafata ont ainsi été progressivement grignotées par des espaces défrichés destinés à de catastrophiques cultures d’arachides.

La forêt de Blaze est donc l’un des derniers sanctuaires de forêt dense totalement préservés au Sénégal. Ce sont au total 165km² (au 1er janvier 2015) de forêt tropicale qui s’étendent à la frontière de la Guinée-Bissau sans être traversés par aucune route ni être entamés par aucun champs d’arachide, aucun îlot de déforestation sauvage ou zone de construction.

L’aire est exceptionnelle, totalement préservée du tourisme. Les forêts contiguës de Bissine et de Bafata assurent un tampon entre les déprédations humaines et la vie sauvage de la forêt de Blaze. Cinq à six espèces de singes, des reptiles, des oiseaux, divers cervidés et autres mammifères évoluent dans ce dernier espace vierge de Casamance.

 RÉSERVE SYLVO-PASTORALE DES SIX FORAGES

La réserve sylvo-pastorale des six forages est un gigantesque espace de brousse de 15.000km² (la moitié de la superficie de la Belgique) dans la zone la plus aride du nord du Sénégal.

La réserve est délimitée au nord et à l’est par le fleuve Sénégal, à l’ouest par le Lac de Guiers et au sud par la route nationale n°3. Seuls quelques petits villages constitués de concessions familiales entourées de haies d’épineux telles des camps retranchés pour se protéger des animaux sauvages (chacals et hyènes principalement).

Chacun de ces villages est séparé des autres par plusieurs dizaines de kilomètres de brousse, de désert et de bosquets d’épineux. Les seules cultures qui daignent y pousser durant la courte saison des pluies que connait la région, sont les légumes issus du maraîchage, de petites parcelles de céréales et quelques arbres fruitiers. L’impact de l’homme sur l’environnement de la réserve est donc minime même si les éleveurs mettent la pression sur le faible couvert végétal.

Le climat semi-désertique du nord du Sénégal fait que la faune est plus rare que dans les forêts tropicales du sud. Mais elle est épargnée par toutes les activités humaines, par la chasse et par la déforestation.

 DELTA DU SINE-SALOUM

Le delta du Sine-Saloum, malgré sa renommée, demeure l’un des espaces de vie sauvage les mieux préservés du pays.

Ceci est principalement dû à sa taille (2000km²) et au fait qu’il soit constitué de centaines d’îles et d’îlots qui ne sont accessibles parfois qu’au bout de plusieurs heures de pirogue. Son écosystème de mangrove est l’un des plus beaux et des plus riches de la planète. Primates, carnivores, reptiles, poissons, insectes et oiseaux en font un trésor de vie sauvage.

Une partie (négligeable) du delta est classée en parc national (76.000 hectares dont la plus grosse partie constitue une réserve maritime) mais c’est finalement à l’extérieur du parc que la vie sauvage et les paysages sont les plus variés. Le manque d’eau douce et la salinité des terres rendent celles-ci impropres aux activités agricoles (autres que la culture saisonnière de cannabis > voir la page sur les lieux les plus bizarres du Sénégal).

La principale activité des habitants des îles du Saloum réside donc dans la pêche. Le tourisme vient rajouter de manière saisonnière du beurre dans les épinards mais la désaffection des touristes pour le Sénégal ces 10 dernières années fait qu’il est rare d’en croiser entre mai et octobre dans le dédale de mangrove du delta, et que le reste de l’année ils n’affluent que rarement par paquets de 20.

 PARC NATIONAL DU NIOKOLO KOBA

Le Niokolo Koba est évidemment le joyau de la vie sauvage sénégalaise.

Protégé à divers titres depuis 1926, il est devenu officiellement un parc national en 1954.

C’est le plus vaste espace sauvage protégé du pays et c’est également celui qui abrite le plus grand nombre d’espèces animales. Un véritable trésor qui, grâce à son éloignement des hordes de touristes qui ne peuvent s’empêcher de générer toutes sortes de nuisances, a su demeurer un hâvre de paix pour les animaux.

Lions, panthères, lycaons, éléphants, hyènes, singes et autres mammifères, reptiles, oiseaux et insectes évoluent sur plus de 900.000 hectares (l’équivalent du plus grand département français) de forêts, de savanes et de galeries forestières traversées par des cours d’eau permanents ou saisonniers.

Si quelques chasseurs braconnent dans le parc, ils sont cependant assez rares. L’exploitation illégale du bois demeure elle aussi anecdotique et n’est pratiquée qu’en périphérie du parc par les villageois pour leur usage personnel (construction et combustion).

Aucune activité industrielle ne met pour l’instant le parc en péril. Enfin, le tourisme de masse n’a pas touché ce joyau naturel : l’année 2014 a compté 1841 entrées dans le parc, soit une moyenne de 5 touristes par jour (qu’il faut cependant corriger puisque le parc est fermé ou non visité durant la saison humide…).

planete-senegal

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Un commentaire

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