À Pikine, dans la banlieue dakaroise, certaines personnes cherchent leur pain quotidien dans les ordures. C’est le cas de Modou Kassé, un ancien émigré qui s’est reconverti en éboueur pour entretenir sa famille et faire des économies pour se relancer dans son métier de bijoutier.
Le trésor peut parfois se cacher au fond d’une poubelle aussi puante soit elle. Modou Kassé en sait quelque chose. Il gagne sa vie en fouillant dans les dépotoirs pour espérer y dénicher une « richesse » abandonnée. C’est avec cela qu’il a construit sa vie.
L’histoire Modou Kassé, c’est aussi celle d’un émigré qui a parcouru 8 pays africains.
Agé de 50 ans, ce natif du quartier Aïnoumane 3, dans la commune de Djidah Thiaroye Kao, a fait, entre autres pays africain, le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau avant de décider de rentrer définitivement au Sénégal. « Quand le Président Bassirou Diomaye Faye prenait le pouvoir, j’étais encore à Bissau.
J’avais une Mercedes 190 avec laquelle je faisais le taxi », confie-t-il fièrement.
Mais Modou n’a pas été que taximan. Il s’est essayé à « tous les métiers » pour, dit-il, gagner sa vie dignement. Il a aussi été bijoutier. « Je ne veux ni voler, ni agresser, car je veux préserver ma dignité.
C’est pourquoi je parcours le quartier pour fouiner dans les poubelles afin de garder ma dignité », indique-t-il.
Mais il n’échappe pas aux jugements des gens. « Dans mon quartier, certains me traitent de voleur parce que, non seulement, je travaille la nuit, mais surtout, je ramène beaucoup de belles choses à la maison », soutient-il d’un ton railleur.
Des Hlm Las Palmas à la police de Thiaroye, en passant par les marchés et autres points de débarquement de matériels dit « venants », Modou ne néglige rien sur son passage. Car le trésor peut être enfoui dans n’importe quel dépotoir. Trouvé devant l’énorme décharge de Pikine « Saf bar », il amasse des baluchons, des valises jetées et des sacs abandonnés à même le sol. Enthousiaste, il se met toute de suite à explorer « la mine d’or».
« Dale nathi dé » (la chasse est bonne, en français) », soutient-il.
Interrogé sur son butin, le bonhomme dit avoir trouvé des habits recyclables, une valise en bon état et un grand sac qu’il peut facilement vendre au marché « Dubaï » de Thiaroye.
« Je descends tous les jours vers 5h du soir, mais aujourd’hui je vais quitter tôt, car la chasse est bonne », déclare Modou.
Selon lui, après chaque bonne affaire, il se retrouve, au pire des cas, avec la somme de 8000 FCfa « sans investissement ». Aujourd’hui, Modou ambitionne de rassembler suffisamment d’argent pour se relancer dans sa profession de bijoutier.
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