Ils sont 11 artistes, venus de 7 pays africains, à s’être donné rendez-vous à Dakar en vue d’un concert «pour la limitation des mandats présidentiels». Le Sénégal, choisi pour abriter l’évènement, risque de voir son vernis démocratique s’effriter. Les organisateurs, qui attendaient encore l’autorisation du Préfet de Dakar, ont fait face à la presse dans la matinée d’hier.

Ce concert devait être l’évènement phare de cette campagne citoyenne initiée par des organisations de la Société civile africaine et des artistes. Prévu ce 17 septembre, il devait réunir sur scène 11 artistes de 7 pays africains, tous unis pour réclamer la limitation des mandats présidentiels en Afrique. Mais voilà, à 24h de l’évènement, l’on ne sait toujours pas si concert il y aura. Selon certaines informations, les autorités ne veulent pas de l’évènement et auraient même mis la pression sur l’hôtel qui doit accueillir la manifestation, payante, il faut le dire.

En conférence de presse hier, les organisateurs et les musiciens, qui avaient déjà fait le déplacement à Dakar, ont tout de même informé qu’au-delà du concert, l’ensemble des artistes avaient travaillé sur une chanson célébrant la démocratie et la bonne gouvernance. Meiway de la Côte d’Ivoire, Didier Awadi du Sénégal, Elom 20ce du Togo, Nourrath la Debboslam du Niger, Nanda du Gabon, Amen Jah Cissé du Togo, Léman du Bénin, Don Stash du Togo, Lyne des mots de la Côte d’Ivoire, Papy Kerro de la Rdc et Momo Kankua du Togo, tous ces artistes s’étaient donné rendez-vous en terre sénégalaise pour poser un acte fort face à une classe politique africaine qui, très souvent, foule aux pieds les règles démocratiques.

«Il ne s’agit donc pas d’organiser un concert contre quelqu’un ou contre quelques-uns, mais de mobiliser tout un chacun pour construire notre continent qui a besoin d’une meilleure organisation dans ces moments de grandes mutations politiques, sociales, économiques, scientifiques, culturelles etc.», indique l’un des organisateurs, David Dosseh de Tournons la page, Togo. Pour Didier Awadi, si le concert et son slogan ne ciblent pas expressément le Sénégal, il est difficile d’exclure le pays. «Cette question est là et nous invitons le Président à apaiser les nerfs et dire clairement qu’il ne saurait y avoir de troisième mandat parce que lui-même a mis dans la Constitution, les arguments pour qu’il n’y ait plus de 3e mandat», souligne Awadi, tout en invitant le président de la République à prendre la parole et trancher le débat une bonne fois. Chanteur ivoirien de renom, Meiway s’est également engagé dans ce combat. Une façon, selon lui, de mettre à profit la notoriété des artistes pour sensibiliser l’opinion. «Cette question nous tient à cœur et il faut que chacun d’entre nous prenne ses responsabilité», appuie Awadi. Le choix de Dakar pour «lancer ce cri d’espoir», s’explique, selon M. Dosseh, par le fait que la présidence de l’Union Africaine est actuellement assurée par le Président Macky Sall.

«Dans l’imaginaire collectif, organiser ce grand concert panafricain au Sénégal est tout naturel et permet de lancer ce cri d’espoir pour tous les Africains et Africaines», indique-t-il. «En donnant à l’événement, qui nous rassemble ici à Dakar, le nom de Grand concert panafricain pour la limitation des mandats, il s’agit pour nous de mettre en exergue la force d’innovation que comporte toute vraie alternance politique et dans ce sens, la limitation des mandats n’est dirigée contre personne mais elle est une force collective pour construire une Afrique nouvelle», poursuit M. Dosseh dont l’organisation s’est alliée à Africa Jom Center de Alioune Tine, Africans Rising, Terre solidaire, entre autres dans cette campagne. «Ne pas autoriser ce concert, c’est la meilleure chose que le Préfet pouvait faire. Il va nous donner le buzz qu’on voulait pour la promotion de ce clip qui est déjà presque terminé», souligne Awadi.

Sans autorisation Le concert annulé par les organisateurs
Le concert annoncé n’aura finalement pas lieu. C’est après 19h que les organisateurs ont pris acte du silence du Préfet de Dakar. «Malheureusement, après des heures d’attente où nous avons gardé espoir, nous n’avons toujours pas reçu l’autorisation de la Préfecture de Dakar. Nous sommes donc contraints de confirmer l’annulation du concert, puisque nous ne pouvons plus garantir l’aménagement de la salle prévue à cet effet», annonce Marc Ona Essangui, président de Tournons La Page. Selon M. Essangui, des initiatives similaires ont déjà été menées au Bénin, en présence du Président Patrice Talon, et au Botswana, avec l’appui du Président Mokgweetsi Masisi. «Nous sommes donc surpris par le silence de la Préfecture de Dakar, ce qui constitue une atteinte grave aux libertés d’expression et d’association», assure-t-il.
lequotidien

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